Les bonnes décisions

 

On a tou.te.s pris quelques décisions désastreuses dans nos vies. Généralement, même après en avoir tiré la leçon qui s’imposait, on continue à les ressasser jusqu’à la fin de nos jours. Et si, au lieu de se flageller mentalement pour nos inévitables erreurs, on se focalisait sur toutes les fois où on a eu le nez creux et choisi – peut-être sans s’en douter sur le coup – l’option qui allait significativement améliorer notre existence? Par exemple…

Je me félicite d’avoir tourné le dos à mes longues et coûteuses études afin d’opter pour une carrière qui tient compte de mes difficultés relationnelles et qui, en contrepartie, exploite à fond ma capacité à me gérer seule.

Je ne me félicite pas de m’être mariée beaucoup trop vite avec quelqu’un de pas du tout fait pour moi, mais je me félicite d’avoir su jeter l’éponge au bout de quelques années même si ça a été un déchirement sur le coup.

Je ne me félicite pas de m’être pacsée avec quelqu’un de pas davantage fait pour moi – bien que dans un registre très différent -, mais je me félicite d’avoir eu le courage de le quitter quand lui était trop lâche pour s’y résoudre alors même qu’il voyait une autre femme dans mon dos.

Je me félicite d’avoir fait le pari un peu fou de me mettre en couple avec un Belge qui habitait à perpète et ne cochait a priori aucune des cases de ma liste. Surtout, je me félicite d’avoir tenu bon à chaque crise cataclysmique et travaillé à résoudre nos problèmes pour construire une relation où je me sens réellement vue et comprise. 

Je me félicite d’avoir tenu bon contre la pression sociale et de n’avoir jamais eu d’enfants. Le stress de la maternité m’aurait rendue suicidaire ou maltraitante. 

Je me félicite d’avoir recueilli le dernier souffle de Copernique et de Scarlett dans le cabinet du vétérinaire. C’était des moments douloureux, mais auxquels je n’envisageais même pas de me dérober. Je les ai aimées jusqu’au bout (et je continue dix ans plus tard).

Je me félicite d’avoir tout lâché pour me précipiter au chevet de mon père quand son cancer a été diagnostiqué, et d’avoir jonglé entre trois lieux de vie pendant deux ans pour passer un maximum de temps avec lui avant sa mort. 

Je ne suis pas certaine que je rachèterais un appartement si c’était à refaire, mais puisque c’est fait, je me félicite d’avoir opté pour de grosses mensualités sur une courte période et d’en avoir désormais fini avec mon crédit immobilier. (En revanche, pas bravo de ne jamais avoir surmonté mon anxiété sociale pour renégocier ledit crédit en cours de route alors que j’avais acheté à une période où les taux d’intérêt étaient élevés).

Je me félicite chaque été un peu plus d’avoir installé une climatisation – même si je limite son usage autant que possible. Et changé l’escalier beaucoup trop raide de ma mezzanine avant de faire une mauvaise chute en pleine nuit. 

Je me félicite de m’être cogné la paperasse administrative et l’année de double cotisation pour basculer du régime déclaratif BNC aux Traitements & Salaires: être prélevée à la source de mes charges sociales au lieu de les payer à N+1 m’a apporté une grande tranquillité d’esprit sans me pénaliser financièrement.

Je me félicite d’avoir récemment pris position dans la lutte contre les violences sexistes dans mon secteur professionnel: ça n’a pas eu les conséquences négatives que je redoutais, ça m’a fait beaucoup de bien de me rendre compte que j’étais capable de vaincre mon anxiété avec une motivation adéquate, et ça m’a permis de tisser de nouvelles relations enrichissantes – ou d’élever des relations déjà existantes au niveau supérieur.

Et vous, quelles sont les décisions que, rétrospectivement, vous pouvez vous féliciter d’avoir prises?


5 réflexions sur “Les bonnes décisions”

  1. Je me félicite d'avoir complètement changé de filière pendant mes études (bac scientifique vers prépa littéraire) : ça a tellement ouvert ma perception du monde.

    Je me félicite d'avoir réussi à aller voir un médecin les plusieurs fois de ma vie où j'ai eu besoin d'aide psychologique. Ce que j'ai appris me sert encore, pour moi même et pour mon entourage.

    Je me félicite d'avoir expérimenté des choses que j'aimais alors qu'extérieurement je n'y semblais pas à ma place : j'ai été réserviste dans l'armée, j'ai été auto-entrepreneuse en papeterie de mariage, j'ai appris à fabriquer des meubles…

    Je me félicite de réussir à être de plus en plus souple, avec moi-même et avec les autres. Et te lire Armalite m'encourage à ça : aujourd'hui tant pis pour ma to-do-list, je vais profiter de ma journée, le reste attendra demain !

  2. Oh c'est top comme exercice!
    Je me félicite d'avoir suivi mon intuition et d'avoir persisté (contre l'avis de presque tout mon entourage) dans ma relation avec cet homme à l'époque marié, mais séparé, qui était tout perdu, avec lequel la relation était désespérément platonique. Il a finalement quitté sa femme et m'a embrassée le lendemain. C'était il y a plus de 10 ans.

    Je me félicite d'avoir eu le courage de dire à ma cheffe de l'époque que je passais plus de temps à surfer le net qu'à travailler et que je n'en pouvais plus de cette situation. Résultat, j'ai changé de poste dans la même boîte et je m'éclate!

    Je me félicite d'avoir appelé ce cabinet de psy un jour sombre de 2018. Je suis tombée sur une psy formidable qui m'a tout de suite comprise et qui m'a aidée à avancer.

    Je me félicite d'avoir choisi de m'installer loin de chez mes parents. Je pensais que c'était un non-choix, mais en fait non et c'est précieux pour ma santé mentale:-)

  3. Je me félicite d'avoir choisi un métier qui n'avait rien avoir avec mes études et d'avoir eu le courage, 20 ans plus tard, de changer à nouveau d'orientation professionnelle.
    Je me félicite d'avoir quitté le père biologique de ma fille en plein milieu de ma grossesse : sans ça, je n'aurais peut-être pas rencontré l'homme merveilleux qui est à mes côtés depuis 11 ans et qui a adopté ma fille.
    Merci pour cet exercice que je compte bien approfondir

  4. Audrey de Toulouse

    Tout ce texte me fait ressentir encore plus d’affection pour toi. Je me félicite donc d’être ton amie et d’avoir toujours cru en notre amitié. Et je me félicite de savoir le dire ????

  5. Le n°7 de ta liste résonne très fort. Je me félicite de lire tes articles. Bons baisers de Toulouse!

Les commentaires sont fermés.

Retour en haut