Parmi les croyances profondément enracinées que je traînais depuis un demi-siècle, il y avait ceci: on est toujours responsable de ses actions; en revanche, on ne peut absolument rien à ses pensées. Il y avait aussi cela: à de rares exceptions près, mes émotions doivent à tout prix être éradiquées. Cette conviction ne sortait pas de nulle part, mais sa source, on s’en fout un peu. Tout le monde traîne des casseroles qu’iel gère comme iel peut. Dans mon cas, j’avais réduit ma palette d’émotions à presque rien. De la plus positive à la plus négative, j’avais: joie, contentement, ennui, colère, anxiété. Tout ce qui était de l’ordre de la tristesse, en particulier, m’apparaissait comme une faiblesse emmerdante que j’étouffais impitoyablement dans l’oeuf.
Chouchou me répétait depuis des années que ça n’était pas très sain, et lors de notre dernière séance, mon ex-thérapeute a émis le même verdict. Déposer ma carapace de homard après tout ce temps me semblait difficile. Mais je commençais à admettre en mon for intérieur que ma colère et mon anxiété seraient sans doute moins écrasantes si j’autorisais mes sentiments négatifs à s’exprimer sous une forme moins destructrice et plus nuancée. Cela dit, c’est bien beau d’identifier un problème – si on n’en connaît pas la solution, on n’est guère plus avancé. Or les stratégies suggérées par ma thérapeute tombaient complètement à plat. J’avais l’impression qu’elle conseillait quelqu’un d’autre, quelqu’un dont le cerveau ne fonctionnait pas du tout comme le mien – c’est ce qui a fini par m’inciter à entreprendre un diagnostic d’autisme.
J’ai déjà expliqué ici comment ce diagnostic fut une véritable libération, à un point que je n’imaginais même pas et qui aujourd’hui encore me donne un peu le vertige. Je craignais qu’il ferme des portes devant moi, et c’est exactement l’inverse qui s’est produit. J’aurais pu me contenter du bel élan qu’il me donnait, sans garantie que celui-ci résisterait aux épreuves futures. Et puis début mai, je suis tombée sur une story Instagram d’Anne-Solange Tardy qui demandait si on avait des podcasts à lui conseiller et publiait une courte liste de ses préférés. Dans le tas, il y avait « Change ma vie » de la coach Clotilde Dusoulier.
Comme j’aime beaucoup écouter des podcasts en faisant des puzzles, en cuisinant ou en éclatant des bonbons, j’ai jeté par curiosité un coup d’oeil à la liste des épisodes. Surprise: il y en avait près de 200. Et les premiers titres que j’ai parcourus m’ont beaucoup parlé. J’ai lancé un des plus récents. Tout de suite, j’ai été conquise par la voix fraîche à la diction impeccable qui, avec beaucoup d’empathie et d’humour, décortiquait des situations de la vie courante d’une manière limpide et proposait des solutions concrètes faciles à appliquer – tout en précisant bien que pour changer vraiment, il fallait les pratiquer, pratiquer et pratiquer encore jusqu’à ce qu’elles deviennent un réflexe. Du coup, comme chaque épisode faisait référence à d’autres plus anciens et dessinait l’ébauche d’une méthode globale, je me suis décidée à reprendre les archives depuis le début et à écouter tout ce qui pouvait avoir un rapport avec ma problématique personnelle.
C’était il y a deux mois et demi, et j’ai plus progressé dans ce laps de temps que pendant les 50 années qui ont précédé. Première révélation: dans la vie, tout ce qu’on fait, on le fait pour ressentir certaines émotions. Or nos émotions sont le produit de nos pensées. Donc, pour changer notre vie dans un sens qui nous convient mieux, on doit modifier nos pensées de la façon qui nous est la plus utile. Peut-être y a-t-il des gens parmi vous pour qui c’est une évidence. Pour moi, ça a été une énorme révélation. Sérieusement? Je pouvais rééduquer mon cerveau afin qu’il cesse de me torturer sous prétexte d’assurer ma survie? Arrêter d’avoir peur de tout et de stresser à mort pour des catastrophes imaginaires? Réagir à l’imprévu sans avoir immédiatement la tension qui monte à 47 et envie de découper les responsables à la tronçonneuse? Apprendre à lâcher prise et à devenir vaguement sereine face aux aléas du quotidien? Pour le coup, voilà qui changerait réellement ma vie…
(A suivre…)
J'écoute également les podcasts "Change ma vie" et je les trouve moi aussi extrêmement pertinents et d'une grande aide. Ils sont courts, clairs, concis et pratiques. Je les trouve de nécessité publique, leur écoute devrait être obligatoire, prescrite par la Sécurité sociale !
J'écoute religieusement le podcast chaque semaine depuis ses débuts, et je me suis inscrite au coaching il y a six mois. Et ça change vraiment la vie, je n'en reviens pas à quel point !! 🙂
Il va falloir que je me mette à cette écoute (moi les podcast c'est pendant le rangement histoire d'occuper mon cerveau et ne pas rester paralysée à me demander beaucoup trop de choses)
Fraise des bois