Une nuit dans la chambre des morses, au Full Moon Lodge de Pairi Daiza #1

 

Depuis que je m’y suis rendue pour la première fois en 2016 avec ma famille, Pairi Daiza est l’un de mes endroits préférés en Belgique. Non seulement cet immense parc animalier, élu Meilleur Zoo d’Europe en 2019 et 2020, propose des décors d’une beauté et d’un réalisme ahurissants, mais il prend une part active à la préservation des espèces qu’il abrite. Son programme de reproduction des pandas a vu la naissance d’un petit mâle à l’été 2016 et de jumeaux à l’été 2019; à travers la Fondation Pairi Daiza, il oeuvre également pour la reconstruction de l’habitat naturel dévasté des orangs-outans à Bornéo. Et ce ne sont que deux exemples parmi beaucoup d’autres. 

Quand Pairi Daiza a annoncé l’ouverture d’hébergements à l’intérieur du parc avec vue directe sur les enclos ou les bassins des animaux, je me suis aussitôt précipitée pour réserver. J’ai un peu hésité entre tigres et morses avant d’opter finalement pour ces derniers et de bloquer le premier week-end possible, à la mi-juin. Puis la COVID est passée par là. En juin, j’étais bloquée en France et dans l’impossibilité de revenir sur le territoire belge. Heureusement, le service client a accepté que l’on repousse notre séjour à septembre, et j’ai attendu en croisant les doigts très fort pour ne pas qu’un nouvel imprévu nous mette des bâtons dans les roues. 

Mardi matin, après une heure de train et un  quart d’heure de marche depuis la gare de Cambron-Casteau, nous nous présentons donc aux tipis de la réception. Nous y recevons les bracelets magnétiques qui nous serviront à ouvrir la porte de notre chambre et activer l’électricité à l’intérieur, ainsi que tous les documents et consignes relatifs à notre séjour. Par exemple, nous devons choisir tout de suite à quelle heure nous voulons prendre le repas du soir inclus dans notre forfait. Nous déposons également nos petits bagages, qui seront apportés dans notre chambre accessible à partir de 15 heures. Les mains libres, nous voilà partis explorer le parc. Comme nous l’avons déjà fait ensemble et à fond il y a deux ans, nous avons une idée assez précise de ce que nous voulons revoir ou pas. En tête de ma liste: les méduses, les pandas, les hippopotames et les chauves-souris.

A cause du virus, le port du masque est obligatoire en intérieur, dans les files d’attente et partout où il est impossible de respecter une distance d’1m50 avec les autres visiteurs. Les démonstrations ont été annulées afin d’éviter les attroupements, et les horaires des nourrissages ne sont pas annoncés pour la même raison. Certains restaurants sont fermés, tout comme le salon de thé chinois où je me faisais une joie de retourner. La passerelle de singe part désormais à l’extérieur de la serre des oiseaux tropicaux, et le panda shop a été déplacé hors de la caverne. Mais même dans cette version limitée, le parc ne manque ni de charme ni d’occupations. Et ayant découvert récemment que ses frais quotidiens se montaient à 100 000€, je mesure l’importance de le soutenir après les deux mois de fermeture imposés par la COVID. 

Les animaux n’étant pas des artistes payés pour effectuer des numéros sur commande, parfois, on a le plaisir de les voir en activité; et puis parfois, on doit se contenter d’apercevoir leur postérieur à travers le feuillage de leur enclos. Parfaite illustration de ce principe: aujourd’hui, nous avons la chance de tomber sur les pandas à un moment où ils sont dehors plutôt que dans leur caverne vitrée, et nous avons même droit à une descente très laborieuse de Bao Di ou Bao Mei (les jumeaux d’un an) depuis une plateforme en bois perchée jusqu’au ruisseau qui passe en contrebas. Jamais je n’en avais vus d’aussi près et aussi actifs. En revanche, nous ne ferons qu’apercevoir sous l’eau les hippopotames que nous avions pu admirer et photographier en plein nourrissage, la gueule grande ouverte, il y a deux ans. Même chose pour les chauve-souris: des dizaines d’entre elles pendaient des cordes de la crypte lors de notre précédente visite; là, nous n’en repérons que quelques-unes agglutinés dans une cheminée, hors de notre vue, et la nursery est totalement vide. Au moins, aucune d’entre elles ne fait pipi dans la bouche de Chouchou cette fois! 

Nous déjeunons le midi au Temple des Saveurs – repas asiatique plutôt quelconque mais pas mauvais, servi rapidement dans un cadre agréable et pour un prix correct. Vers 15h30, nous nous rendons dans la Terre du Froid pour faire notre check-in et découvrir enfin la chambre des morses. Honnêtement, je pensais que son seul intérêt serait la baie vitrée donnant dans le bassin des animaux, et j’étais tout à fait disposée à payer juste pour ça. Mais en plus, la salle de bains est ultra-moderne et bien équipée; le lit king size composé de deux lits jumeaux réunis possède des matelas confortables, une couette moelleuse et une couverture en fausse fourrure toute douce. Le coin salon est meublé de deux canapés disposés à angle droit et d’un grand écran plat dont je me demande bien qui l’utilise au lieu d’admirer les animaux. De petits cadeaux de bienvenue nous attendent sur la table basse, et un message nous informe que les softs contenus dans le minibar sont gratuits. Seuls bémols de mon point de vue: il manque des tablettes de nuit pour y poser lunettes, appareils mobiles et bouquin – et l’électricité a un fonctionnement assez difficile à comprendre, avec certaines lumières activées par des capteurs et d’autres par des interrupteurs. 

Mais tout cela, je ne m’en rendrai compte que plus tard. Car à peine ai-je mis les pieds dans la chambre que je fonce vers le bassin des morses, attrape une des peaux de mouton posées sur les canapés pour l’étendre par terre et m’y assois afin d’observer le ballet aquatique des morses. Je repère deux spécimens: l’un, relativement mince, a deux rangées de petits trous sur le ventre et nous snobe totalement. L’autre, majestueusement volumineux, arbore des plis de peau et comme deux nombrils l’un au-dessus de l’autre. C’est le plus curieux et le plus intéressé par ce qui se passe de l’autre côté de la vitre. Aucun des deux n’a de défenses (pourquoi?). Je les regarde se mouvoir lentement, battant des nageoires et ondulant de leur ample postérieur, et je me dis qu’ils feraient de parfaites icônes body positive. Fascinée par la grâce tranquille avec laquelle ils évoluent dans l’eau, je vire très vite gâteuse, et l’iPhone de Chouchou n’en perd pas une miette. Heureusement que je n’ai aucun sens du ridicule.

(A suivre…)

5 réflexions sur “Une nuit dans la chambre des morses, au Full Moon Lodge de Pairi Daiza #1”

  1. J'ai aimé les photos de toi collé à la vitre, qui pourrait résister à tant de beauté ?
    Merci pour l'article même si je reste septique quand à mettre de telles animaux en captivité, je parle de tous les animaux d'ailleurs et en même temps je sais que des espèces se reproduise grâce à ça.
    Suite à ta question sur les défenses des morses qui sont absentes, il semblerait qu'on leur enlève quand ils sont en captivité pour éviter les accidents notamment sur les parois, bétons etc.
    Dans la nature, leurs défenses leur servent à grimper sur la glace.

    Sophie qui attend impatiemment la suite ????

  2. J'avoue que c'est superbe !
    Mais, euh, question idiote : la vitre au-dessus du lavabo, elle peut faire miroir ? ^^

  3. @Sophie: ce n'est pas juste que la captivité permet de les faire se reproduire. C'est juste que dans la nature, la plupart d'entre eux seraient morts très jeunes, à cause du braconnage ou de la destruction de leur habitat. Après, vaut-il mieux vivre plusieurs décennies enfermé ou mourir prématurément mais libre? Impossible de savoir ce que les animaux répondraient si on leur posait la question.
    @Elmaya: ce que tu vois sur la photo n'est pas le lavabo mais la baignoire, et un store permet de l'isoler de la chambre en cas de besoin.

  4. J'ai été trompée par l'effet de perspective ! Ou je n'étais pas bien réveillée, va savoir…
    En tous cas, je suis ravie pour toi que tu aies apprécié ton séjour !

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