Ce billet n’aura d’intérêt que pour mes lecteur.ice.s artistes-auteurs – ou éventuellement free lance dans un autre secteur. Il s’agit d’une anecdote personnelle illustrant à merveille un principe que je ne me lasserai jamais de répéter.
Fin juin, je reçois un relevé de droits d’auteur d’un éditeur pour lequel je ne bosse plus depuis quelques années, et qui dans le meilleur des cas ne me doit que des clopinettes au titre de mes publications passées. A tel point que n’ayant pas reçu de relevé en 2019, je n’ai même pas jugé opportun de le lui réclamer.
Or mon relevé le plus récent fait apparaître un ENORME solde en ma faveur. Genre, plusieurs mois de mes revenus moyens. Plus étrange encore, ce solde était déjà dû en 2019, et rien ne permet de dire pourquoi il ne m’a pas été versé à ce moment-là – où il m’aurait bien arrangée, car j’ai fait une mauvaise année en raison d’un « trou » de deux mois de chômage technique. A moitié convaincue qu’il s’agit d’une erreur, je me fends donc d’un aimable mail à l’adresse indiquée en en-tête du courrier pour demander de quoi il retourne.
Un mois plus tard, n’ayant reçu ni réponse ni virement, je me décide à appeler le comptable de cet éditeur. Qui me confirme sereinement que oui, il me doit bien une somme énorme. Qu’il a tenté de me la verser l’an dernier et que ma banque a rejeté son virement. Qu’il a de nouveau tenté de me la verser cette année et qu’il s’est passé la même chose.
Je n’ai pas mis longtemps à comprendre le pourquoi du comment: suite à ma bascule du BNC en T&S, j’ai clôturé mon compte bancaire pro en 2018, et comme je suis une fille organisée, j’ai bien évidemment aussitôt communiqué mon nouveau RIB à tous mes clients.
Que celui-ci ait négligé de le prendre en compte, soit: l’erreur est humaine, et c’est vite fait de supprimer un mail par erreur sans l’avoir traité. Mais qu’il n’ait pas jugé bon de me prévenir du rejet du virement (deux années d’affilée!), pour une somme aussi importante, alors qu’il a mon adresse mail et mon numéro de téléphone… « Coucou Mme Armalite, y’a un souci avec votre banque, vous pouvez jeter un coup d’oeil? », ça lui aurait pris royalement 30 secondes.
Que celui-ci ait négligé de le prendre en compte, soit: l’erreur est humaine, et c’est vite fait de supprimer un mail par erreur sans l’avoir traité. Mais qu’il n’ait pas jugé bon de me prévenir du rejet du virement (deux années d’affilée!), pour une somme aussi importante, alors qu’il a mon adresse mail et mon numéro de téléphone… « Coucou Mme Armalite, y’a un souci avec votre banque, vous pouvez jeter un coup d’oeil? », ça lui aurait pris royalement 30 secondes.
Je suis d’autant plus abasourdie qu’il ne s’agit absolument pas d’un petit ou moyen éditeur qui aurait des problèmes de trésorerie et que ce répit aurait pu arranger. Non. Le jemenfoutisme pur et simple semble la seule explication envisageable.
Tout ça pour me soulager de mon énervement en arriver à la conclusion suivante: je sais que l’administratif, c’est de très loin la partie la plus chiante de nos métiers, qu’on déteste tous s’en occuper. MAIS IL FAUT LE FAIRE. Vraiment. On n’est pas payés assez cher pour se permettre de ne pas récupérer chaque centime qu’on nous doit. Réclamez les documents officiels qu’on ne vous envoie pas spontanément: dans le cas des artistes-auteurs, relevé de droits annuels, double de la déclaration fiscale mais aussi certificat de précompte de charges sociales le cas échéant, et ce pour chacun de vos diffuseurs. Assurez le suivi de vos obligations auprès des différents organismes d’Etat tels que Trésor Public, Urssaf et IRCEC; n’ayez pas peur de poser des questions si quelque chose vous semble anormal. Sachez comment les choses sont censées fonctionner et ne laissez pas faire sans rien dire si elles ne fonctionnent pas.
(Dans le même genre, si vous êtes artiste-auteur français et pas encore inscrit à la Sofia, je me ferai un plaisir de vous expliquer en commentaire pourquoi vous devez vous en occuper immédiatement.)
Amen à ces bonnes paroles ! De mon côté, un client a été mis en liquidation judiciaire l'été passé (aurait-il jugé bon de nous en informer, nous, ses prestataires ? Question rhétorique) et c'est depuis un véritable roman-feuilleton avec le tribunal de commerce : allons-nous toucher le maigre pécule qui nous est dû à titre chirographaire ?
Par ailleurs, je me suis rendu compte récemment que plusieurs confrères et consoeurs repoussaient le moment fatidique de s'inscrire à l'URSSAF (enfin l'AGESSA à l'époque), l'IRCEC, les sociétés de gestion type SCAM et SACEM… depuis qu'ils avaient commencé à travailler, soit plusieurs années tout de même. Moi qui galère dans l'administratif depuis le début, mais qui crains encore plus de ne pas m'en occuper, j'ai trouvé encore plus phobique que moi.
@Pimprenelle: l'administratif, c'est un peu comme la prévention santé. Plus tu appréhendes et tu repousses, plus la sévérité du pépin qui va finir par te tomber dessus augmente. Autant stresser un petit peu maintenant que se taper une méga crise qui aurait pu être évitée dans X années.