[VIENNE] Un célèbre architecte, une poignée de faussaires, un mauvais apfelstrüdel et des boucles d’oreille délirantes

Fidèles à nos habitudes, nous passons une grande partie de cette première matinée viennoise à travailler (pour Chouchou) ou préparer la journée à venir (pour moi). Vers 11h, nous nous mettons en route vers la station de métro la plus proche de notre appart’ Airbnb. Nous avons acheté hier une carte 72h pour faciliter nos déplacements, et 3 stations de métro devraient nous amener en direct jusqu’à Landstrasse… sauf que dès le premier arrêt, on nous fait descendre du train avec une explication que nous sommes incapables de comprendre. Du coup, il nous faudra pas moins de 8 stations avec 2 changements pour atteindre notre objectif.

Dix minutes de marche nous amènent ensuite jusqu’à la Kunsthaus, un des deux meilleurs souvenirs que je garde de mon premier séjour ici en 2004. A l’époque, j’étais en couple avec quelqu’un qui n’appréciait ni les musées ni l’architecture un peu originale, et je me réjouis de revoir avec Chouchou cette merveille signée Hundertwasser qui abrite aujourd’hui un musée dédié à son oeuvre. Tout est éblouissant: la façade noire et blanche si difficile à photographier avec le peu de recul qu’offre la rue, le restaurant au sol bosselé et au plafond dégoulinant de verdure, la cour intérieure décorée de tables multicolores et de guirlandes lumineuses, la fontaine gazouillante du hall d’entrée, l’escalier joliment tarabiscoté, les fenêtres qui donnent sur des petits recoins planqués comme cette terrasse plantée d’un arbre au premier étage… 
Profitant qu’il est encore tôt alors que nos estomacs crient déjà famine, nous commençons par nous sustenter de wiener schnitzels très honorables, accompagnés de frites forcément médiocres car non-belges. Puis nous montons dans les étages. Les deux premiers sont consacrés aux dessins d’Hundertwasser, ainsi qu’à de très belles maquettes de ses projets (dont certains fortement utopiques n’ont hélas jamais vu le jour). Bien avant qu’on parle de développement durable, ce visionnaire souhaitait bâtir des ensembles urbains qui réconcilieraient l’homme avec la nature. A sa demande, il a été enterré enveloppé d’un simple linceul, afin qu’on plante un arbre au-dessus de son corps et que celui-ci donne naissance à une nouvelle vie. Le troisième et le quatrième étages abritent actuellement une expo consacrée à la photographie de rue, avec des clichés très connus signés Diane Arbus, Martin Parr ou William Klein, mais aussi des oeuvres de jeunes artistes contemporains. Nous aimons beaucoup tous les deux. Notre visite se conclut par l’incontournable passage à la boutique du musée, où je souhaite racheter un magnet en émail identique à celui dont l’aimant a lâché il y a 6 mois. Il coûte 12,90€, un prix extravagant qui me fait bien regretter de ne pas avoir simplement investi dans un tube de colle à métal.

Nous descendons ensuite à pied jusqu’à la Hundertwasserhaus, un spectaculaire ensemble de logements sociaux pour lequel j’imagine qu’il existe une liste d’attente de 137 ans. Bien entendu, il n’est pas possible de les visiter, mais nous prenons très consciencieusement les mêmes photos extérieures qu’environ 1,7 million d’autres touristes avant nous. Nous nous rendons ensuite au musée de la contrefaçon voisin, lieu insolite où nous apprenons tout un tas d’anecdotes fascinantes. Par exemple, qu’un Michel-Ange encore adolescent s’est fait repérer pour ses copies de grands peintres meilleures que les originaux, qu’Eric Hebburn, l’auteur de ce qui est encore aujourd’hui considéré comme la Bible des faussaires, a été mystérieusement assassiné dans une ruelle sombre trois jours après la parution de l’ouvrage. En retournant vers le métro, nous marquons une brève halte dans la ruelle de Sünnhof actuellement coiffée de parapluies, mais ceux-ci sont assez peu nombreux et il est difficile d’en tirer de bons clichés même en écrasant la perspective.

Nous ressortons du métro à Stephensplatz, le coeur du centre de Vienne où une cathédrale actuellement en rénovation voisine avec des bâtiments plus modernes. Je me rappelle en avoir pris une photo très spectaculaire autrefois, mais mes vaines tentatives d’aujourd’hui me conduisent à penser que la photo en question était sans doute l’oeuvre de mon ex (l’Homme-ce-chacal-jaune, pour ceux qui me suivaient déjà à l’époque). Mon véritable objectif est mon second meilleur souvenir du séjour de 2004, à savoir le salon de thé-pâtisserie Demel, fournisseur de la cour autrichienne. Aujourd’hui, hélas, la déception est au rendez-vous. Nous sommes placés au rez-de-chaussée, dans une petite pièce obscure et sans charme alors que les salons du premier étage sont baignés de lumière. Mon chocolat chaud est dix fois trop sucré, mon apfelstrudel, le plus mauvais que j’aie jamais mangé avec sa pâte rassise et ses pommes trop cuites. En plus, il fait 70° là-dedans. « Non, ça, c’est toi et tes bouffées de chaleur de ménopausante, » me souffle mon cerveau. Grmbl. Je me dis que je me rattraperai dans la boutique, mais 23,50€ la petite boîte de langues de chat, c’est un délire complet que je refuse énergiquement de cautionner malgré la jolie boîte rétro (même pas en métal, pour le prix, mais en simple carton).

Nos jambes sont sur la réserve, mais je tente une mini-tournée de shopping avant de reprendre le chemin de l’appart’. Chez The Vienna Store, je déniche un superbe aimant homard articulé. « Euh, c’est quoi le rapport avec Vienne? » m’enquis-je, curieuse, auprès de la vendeuse. Elle est italienne, parle mieux le français que l’allemand ou l’anglais et me répond « A priori, aucun ». Un peu plus loin, dans la très jolie papeterie Herzilein, je me désole que tous les jolis carnets aient du papier ligné alors que je l’aime blanc. Devant la vitrine de Kaufhaus Schiepek, je marque un temps d’arrêt: ces bijoux fantaisie ne sont, euh, pas du tout mon style. Mais je rentre quand même par curiosité, et je tombe en pâmoison devant le mur de boucles d’oreille rangées par couleur et toutes plus dingos les unes que les autres.  Surtout celles qui intègrent des figurines d’animaux. J’essaie des lémuriens, des pélicans, des pandas, et des vaches sous le regard de plus en plus perplexe de Chouchou. « Oh, des rhinocéros! Essaie de contacter Funambuline sur Messenger et demande-lui si elle a les oreilles percées. » J’ai à peine le temps de recommencer à examiner une paire de flamants roses que la réponse tombe: « Oui ». Je suis sur le point de me décider pour les pélicans délirants quand j’ai l’idée d’interroger le vendeur: « Vous n’auriez pas des homards, par hasard? » Il se met à fouiller sous son comptoir. « Pas montés, mais il doit m’en rester une paire quelque part… » Et pendant que j’explore le fond de sa boutique, il me crée une paire de clips rigolos bien qu’un peu plus sages que les pélicans.

Nous ressortons de la boutique beaucoup plus tard que prévu et devons nous dépêcher de rentrer en métro à l’appartement pour poser nos affaires, embarquer des sacs de courses et filer vers le supermarché Spar le plus proche. Nous y achetons de quoi préparer des petits déjeuners solides, ainsi que deux ou trois repas du soir équilibrés et pas trop lourds. Bilan de la journée: beaucoup de belles photos, 10 ou 11 kilomètres de marche et des pattes arrière qui tirent beaucoup plus qu’elles ne l’auraient fait il y a 5 ans pour la même distance.

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2 réflexions sur “[VIENNE] Un célèbre architecte, une poignée de faussaires, un mauvais apfelstrüdel et des boucles d’oreille délirantes”

  1. Je vais suivre attentivement je rêve d'aller à Vienne. Prochaine étape pour moi c'est Zagreb �� Bon séjour im Wien

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