« Stand still, stay silent » (Minna Sundberg)

90 ans se sont écoulés depuis qu’une maladie mystérieuse appelée la rouille a éradiqué presque toute l’humanité. Seule l’Islande, qui s’est immédiatement coupée du reste du monde, a pu se préserver pour l’essentiel. Le reste de la Scandinavie est ravagé. En Finlande ne subsistent que quelques bastions isolés et presque aucune technologie. Les Suédois jouissent de meilleures conditions de vie et se prennent pour les maîtres du monde connu, mais ne sont plus qu’une vingtaine de milliers. La Norvège a basculé dans le mysticisme. Les Danois, eux, sont résolument athées mais obsédés par la récupération de documents de l’ancien monde.

Epargnés par la contamination à l’inverse de nombreuses espèces animales, les chats sont devenus de féroces guerriers et les meilleurs protecteurs des hommes. Partout sévissent des trolls et des géants redoutables, dont la lumière est la seule faiblesse. Et au sein de l’humanité, de nombreux individus naissent désormais avec des pouvoirs magiques. Lalli l’éclaireur en fait partie. Avec sa cousine Tuuri, une érudite qui rêve d’explorer le monde, il est engagé pour participer à une expédition dans les territoires silencieux…

Malgré des critiques hyper élogieuses, j’ai longtemps hésité à me lancer dans cette saga sur un thème vis-à-vis duquel j’éprouve beaucoup de méfiance. Le groupe de héros façon jeux de rôles qui part à l’aventure dans des contrées hostiles peuplées de monstres féroces, j’ai beaucoup donné, et j’ai plus souvent été déçue qu’enthousiasmée. Mais l’oeuvre foisonnante de Minna Sundberg a su me happer dès les premières pages, durant lesquelles l’autrice s’attache à montrer ce que les ancêtres de ses héros faisaient au moment de la catastrophe – une manière habile de forcer le lecteur à se projeter dans l’histoire et à s’investir tout de suite sur le plan émotionnel.

Tout m’a séduite dans le tome 1 de « Stand still, stay silent« : les petits cartouches de présentation souvent très amusants (« Goran Andersen: fan de sa propre barbe »; « Saku Hotakainen: toujours en train de mourir de quelque chose ») ; les explications sur l’univers présentées à la façon d’un livre d’histoire; l’atmosphère qui oscille brillamment entre comédie et horreur; les dialogues naturels et percutants; le rendu réaliste des barrières linguistiques ou encore l’imperfection absolue des héros (j’avoue un gros faible pour Emil le fanfaron). Narrativement, il parvient à intriguer sur une trame plutôt classique. Graphiquement, il est tout à fait somptueux – malgré des personnages qu’on a parfois du mal à distinguer les uns des autres. C’est bien l’unique reproche que je lui ferai.

Sitôt tournée la dernière de ses 330 pages, je me suis empressée de commander le tome 2. Le 3 devrait paraître en février prochain. Je ne sais pas à quoi carbure Minna Sundberg pour être aussi productive, mais c’est de la bonne. Bravo également à Akiléos qui propose une édition française de toute beauté. 


Traduction de Diane Ranville

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1 réflexion sur “« Stand still, stay silent » (Minna Sundberg)”

  1. Je me souviens de ce jour où Minna a annoncé qu’elle ne ferait plus que 4 pages par semaines au lieu de 5 parce qu’ellé avait décidé de créer un petit jeu vidéo, domaine où elle était parfaitement novice…

    Accessoirement : la communauté autour de ce webcomic il y a quelques années a changé ma vie ♥️ Entamer sa lecture fut une de mes meilleures décisions.

    Mélusine

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