« Laura Dean keeps breaking up with me » (Mariko Tamaki/ Rosemary Valero-O’Connell)

Entre sa jolie couverture et son titre intrigant, il était inévitable que ce roman graphique attire mon attention. J’avoue avoir un peu hésité à la vue du nom de Mariko Tamaki: en 2014, je crois avoir été la seule à ne pas apprécier du tout « Cet été-là« , encensé par la presse comme par le public. Mais j’étais terriblement attirée par le graphisme noir et rose de Rosemary Valero-O’Connell, son trait épuré et pourtant expressif, la composition dynamique de ses planches – alors, je me suis laissée tenter. 
Frederica Riley a 17 ans. Elle aime l’odeur des fraises mais pas leur goût. A ses heures perdues, elle récupère de vieilles peluches pour fabriquer des hybrides délirants dont elle imagine les conversations. Lors du bal de la Saint-Valentin, elle se fait plaquer pour la troisième fois par sa petite amie Laura Dean. Obnubilée par cette fille ultra-populaire et chroniquement infidèle, Freddy délaisse sa bande d’amis et cherche les conseils d’Anna Vice qui tient une rubrique « Courrier du coeur ». Il lui faudra près de 300 pages pour réussir à échapper à cette relation toxique. 300 pages dont j’ai savouré la moindre case avec ravissement.

Comme dans « Cet été-là », Mariko Tamaki s’intéresse aux émois adolescents. Mais cette fois, j’ai trouvé son propos beaucoup plus développé et substantiel. D’autant que la souffrance de Freddy pourrait aussi bien être celle de n’importe quelle femme adulte, voire de n’importe quel adulte tout court. Les relations à sens unique ne sont réservées ni aux lycéens inexpérimentés, ni aux gays des deux sexes. C’est d’ailleurs là une des grandes forces de ce roman graphique: si Freddy est lesbienne, de façon très assumée et intégrée au sein d’une communauté, son homosexualité n’est pas la problématique du livre. L’histoire aurait aussi bien fonctionné avec un petit coq de cour de récréation. Mais Laura Dean est une jeune femme, et en termes de représentativité, ça change tout. Même chose pour le métissage de Freddy: sa mère est asiatique, et ce n’est pas non plus le sujet. Je suis toujours ravie de tomber sur une fiction au casting divers, où les minorités sont présentes sans que leurs caractéristiques soient indispensables à l’intrigue. Juste parce que, hey, les gens de couleur et les LGBTQ+ existent, donc c’est normal d’en peupler aussi les romans, les films et les séries télé.
Bref, « Laura Dean Keeps Breaking Up With Me » est une tranche de vie touchante, étonnamment universelle, pleine de justesse et d’émotions,  rehaussée d’une pointe de fantaisie et superbement illustrée de surcroît. Disponible uniquement en anglais pour l’instant, mais je serais très étonnée qu’un éditeur n’en propose pas bientôt une traduction française.

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