
« Les histoires que je vais vous raconter se déroulent entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle. Il vaut mieux, en ce temps-là, être un homme, blanc, cultivé et bourgeois.*
Les femmes et les enfants n’ont aucun droit. Les paysans n’ont plus de terre; ils deviennent pauvres et ouvriers. Les vieux et les malades gênent; on les préfère isolés et enfermés. Ils sont donc toute une population d’exclus: négligeables, corvéables, insignifiants.
Pourtant, certains d’entre eux, du fond de leur gouffre, ont été touchés par la grâce. Un jour le déclic s’est produit, ils s’en souviennent comme si c’était hier.
Ils ont entendu une voix, celle d’un esprit, d’un fantôme ou d’un ancêtre. Ils ont su alors qu’il y avait un ailleurs pour eux, et qu’il était intérieur. »
Entre leurs biographies respectives, ces six figures de l’art brut se rencontrent dans un espace imaginaire hors du temps et discutent de l’évasion que l’art a constitué pour elles. Le tout est remarquablement documenté et mis en images d’une façon tout à fait saisissante: témoin la couverture de l’ouvrage, qui illustre la manière dont les femmes d’autrefois échappaient mentalement à la prison du foyer et de la maternité grâce à la broderie. Les histoires contées sont passionnantes et donnent envie d’en apprendre davantage sur leur sujet. En tant que personne profondément rationnelle, j’ai surtout été fascinée par les artistes qui affirmaient créer sous une inexplicable influence extérieure. S’agissait-il d’une supercherie volontaire? Possédaient-ils simplement une sensibilité et une imagination plus vivaces que la moyenne? Les auteurs esquissent des possibilités sans prétendre apporter de réponses à ces questions. Et leur album est un très beau pavé lancé dans la mare de l’élitisme culturel qui perdure encore de nos jours.
Si tu n’es pas encore allée au musée de l’Art brut à Lausanne,….ils sont tous là ! Incroyables et « secouants ».
Catherine
@Catherine: Non, je n'y suis pas allée, mais je me le note pour ma prochaine visite dans le coin!
J'ai visité le palais du facteur Cheval et j'ai vraiment été très émue de le voir et de comprendre comment il a été construit.
@Gasparde: J'avais déjà envie de le voir avant, mais là je crois qu'il va rejoindre ma bucket list. En plus, c'est pas franchement à l'autre bout du monde, contrairement à certains de mes autres centres d'intérêt!
Oh je suis très tentée.
L'histoire de Judith Scott a inspiré un spectacle créé en octobre dernier à Bruxelles, "Cocon", par le Corridor (Dominique Roodthooft)
http://bit.ly/Cocon_Rideau