
Nous arrivons à l’aéroport de Changi samedi en début de soirée. Du terminal 2 où nous a laissés le métro, nous prenons un bus jusqu’au 4 d’où partira notre vol. Dans l’ascenseur puis au comptoir d’embarquement, nous discutons avec le couple le plus chargé du monde (je leur demande s’ils déménagent, l’homme me répond « Presque! ») qui prend le même vol que nous. Apprenant où nous vivons, ils nous disent qu’ils connaissent la Belgique car ils sont allés plusieurs fois à Francorchamps pour des courses de Formule 1. Un pilote et sa compagne? Ils en ont le look… et les bagages griffés. Après avoir récupéré nos cartes d’embarquement, passé la sécurité très vite sans même sortir nos appareils électroniques de nos sacs et franchi le portillon automatique de l’immigration en quelques secondes, nous décidons de profiter du temps qui nous reste (plus de 3h30 avant le début de notre embarquement) pour retourner aux terminaux 1 et 3 où nous avons repéré plusieurs attractions intrigantes. En effet, Changi est présenté comme un quasi parc d’amusement, plein de divertissements fabuleux et gratuits pour occuper les voyageurs en transit.
Ce que nous n’avons pas calculé, c’est que le terminal 4, le plus récent de l’aéroport, se situe fort loin des autres qui forment un bloc communiquant. Nous devons présenter nos papiers pour en sortir, attendre un bus un quart d’heure, faire un trajet d’une dizaine de minutes avant de nous retrouver au terminal 2, traverser entièrement celui-ci à pied avec nos bagages à main qui semblent tout à coup bien lourds (et que je n’ose pas mettre dans une des consignes prévues à cet effet), puis prendre le Skytrain jusqu’au terminal 1. Là, nous découvrons que la pluie kinétique tombait à l’extérieur de la zone de transit, et que le jardin de cactus se trouvant à l’extérieur est actuellement plongé dans le noir. Du coup, je n’ai pas le courage de me traîner jusqu’au terminal 3 pour tester les fauteuils de massage soi-disant divins, admirer le jardin aux papillons ou descendre le plus grand toboggan du monde qui va fermer dans 20 minutes.
C’est fatiguée, déshydratée et de très mauvaise humeur que je refais tout le trajet en sens inverse. Retour au terminal 4 une bonne heure et demie après en être partie, sans avoir rien fait entre-temps sinon fouler des kilomètres de moquette moche chargée comme un mulet. Grmbl. Les magasins sont en train de fermer, et je ne parviens pas à dépenser les $35 qui me restent. Je tente d’acheter deux jus pressés hors de prix, mais la vendeuse est partie en laissant une pancarte « Je reviens bientôt ». Son absence s’éternisant, je pars en emportant les jus de fruits et en laissant la somme correspondante planquée derrière la pancarte. Arrivée à notre porte d’embarquement, je réalise que j’ai oublié d’ajouter les 7% de taxes locales au prix affiché. Je suis désormais une criminelle en fuite.
Notre vol décolle à 1h20 du matin. Une fois de plus, il n’est plein qu’à moitié et nous avons trois sièges pour nous deux, ce qui me permet de m’allonger en chien de fusil dès que le signal lumineux « Attachez vos ceintures » s’éteint. C’est alors que les lumières se rallument et qu’une voix joyeuse annonce que les hôtesses vont maintenant distribuer une collation. Mais non, enfin! C’est l’heure de dormir, pas de bouffer! Sans me redresser, j’agite une main agacée pour refuser la boîte qu’on me propose. Je me colle mes bouchons dans les oreilles et tente de dormir. En fait, j’ai à peine le temps de somnoler 2h30 avant que l’avion n’entame sa descente et que tous les passagers doivent se rasseoir correctement. Ca fait très court comme nuit. Nous atterrissons à Hong Kong à 5h15 et ratons à quinze secondes près le premier bus A21 de la journée. Nous sommes les premiers à monter dans le suivant, ce qui nous permet de nous installer tout devant à l’étage, à la place préférée de Chouchou. Le trajet dure environ trois quarts d’heure, mais il n’est que 7h quand nous arrivons à notre hôtel situé près de l’arrêt de métro Jordan.
Et là, je prends un peu peur. La façade est sinistre, l’entrée minuscule, la cage d’escalier décrépite… Pourtant c’était à peine moins cher que l’Ibis très correct de notre première moitié de séjour. La réceptionniste est à peine polie; son appareil refuse ma Visa deux fois (« Prière de contacter votre banque »: super, il est samedi soir en France et mon banquier ne retournera pas au bureau avant mardi matin; heureusement que la carte de Chouchou, elle, fonctionne!); notre chambre ne sera pas prête avant plusieurs heures et il n’y a même pas de toilettes accessibles alors que j’ai super mal au ventre depuis le départ de l’aéroport. Nous abandonnons nos bagages et nous mettons en quête d’un endroit où poser nos carcasses épuisées pour la matinée. Pas facile un dimanche matin aux aurores: même à Hong Kong, la seule chose ouverte, ce sont les MacDo 24/24. Les toilettes du premier où nous entrons sont juste ignobles; quelqu’un a même vomi sur la cuvette. Heureusement, les toilettes du second sont à peu près propres, mais la salle pleine de vagabonds en train de dormir incite peu à s’attarder. Je ne suis pas au top de mon moral ni de mon humeur, là.
La chance finit par nous sourire quand nous tombons sur le café du YMCA local. Non seulement il est ouvert, mais il sert des petits-déjeuners chinois ou américain pour un prix hyper raisonnable; les serveurs sont tous adorables et le wifi fonctionne très bien. Nous glandons là environ 2h30, même si la clim est glaciale et que j’ai laissé mon gilet dans mon sac à dos à l’hôtel. J’espère ne pas choper froid une seconde fois!
A 11h, nous pouvons prendre possession de notre chambre. Fenêtre minuscule qui donne sur rien, lits jumeaux avec matelas à ressorts pas hyper confortable, douche avec rideau en plastique qui colle au corps, eau qui déborde de partout et ne s’écoule pas correctement, mais l’ensemble paraît propre et nous ne voyons aucune trace de punaises de lit sur les matelas ou les sommiers, donc ça ira. Nous nous douchons avec délectation (même si nous avons décrété dans le bus que l’amour, c’était puer ensemble) et traînons sur internet un moment, puis Chouchou sombre vers midi et moi vers 13h30. Il me réveille un peu après 16h. Nous examinons nos options pour la fin de journée. Le temps que nous quittions l’hôtel, la température est tombée sous 25°, et nous faisons une promenade très agréable à travers Kowloon Park puis China Hong Kong City où sont actuellement installés les lapins lumineux rigolos de The moon rabbit lumiere.


Réputé pour servir les meilleurs dim sum de la ville, Din Tai Fung est une véritable ruche avec des dizaines de tables toutes occupées, un essaim de serveurs et de serveuses qui circulent rapidement dans la salle et un bataillon de cuisiniers au bas du visage dissimulé par un masque qui s’affairent au milieu d’un nuage de vapeur derrière une grande baie vitrée. Tous les plats que nous commandons – selon le principe très pratique de la petite liste à cocher – sont délicieux, mais une fois de plus, c’est Chouchou qui a trouvé les meilleurs de notre sélection: des pousses d’épinards cuisinées dans du bouillon de poule à l’ail et des raviolis vapeur porc-crevette à la soupe, d’une subtilité divine. Ma carte Visa passe très bien cette fois avec son code PIN; me voilà un peu rassurée. (Par contre, je peine à comprendre pourquoi je suis la seule personne de la salle vers qui un serveur s’est précipité pour enfiler un cache-dossier sur sa chaise. Certes, je suis en débardeur, et on peut craindre que mon dos ne transpire sur le mobilier, mais le garçon chinois à la table voisine est en maillot de corps et il n’a pas droit au même traitement. Cela dit, pour être honnête, j’ai l’impression de transpirer à peu près dix fois plus que n’importe quel Asiatique, donc admettons.)


Nous remontons à pied jusqu’à l’hôtel, repassons dans la chambre juste le temps d’attraper notre sac de linge sale et partons à la laverie Sunshine 24 la plus proche. Elle n’accepte que les paiements en carte Octopus; heureusement, la mienne est bien garnie. Mais le couple de touristes anglophones qui débarque alors que nous venons d’enfourner notre linge propre dans le séchoir et me demande comment fonctionnent les machines se retrouve bien désemparé. Ils me donnent $25 en liquide, je débite ma carte pour eux et tout le monde est content. Je pensais que faire la lessive pendant ce voyage serait une corvée; en fait, ce sont toujours des pauses très sympas, à l’écart des rues touristiques, où on côtoie aussi bien des gens du quartier que d’autres voyageurs amateurs de bagages légers.




Nous avions décidé de rentrer à Hong Kong aujourd’hui pour pouvoir aller voir le dernier round du concours annuel de feux d’artifice à Macao demain. Mais le dernier ferry pour Hong Kong repart à 22h35, et le quai se trouve assez loin de la tour devant laquelle sont tirés les feux. Je sens bien le gros coup de stress et la cata potentielle. Du coup, je renonce à mon projet: nous irons quand même à Macao, mais une journée « normale », en prévoyant de rentrer en début de soirée pour plus de sûreté.
La vidéo du jour sera linkée ici une fois disponible (merci pour votre patience; c’est beaucoup de boulot de tout chroniquer en live et le wifi des hôtels péclote souvent…)
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super récit.