Les enseignements du voyage

Déjà plus d’une semaine que nous sommes rentrés d’Asie. S’il n’a pas toujours été facile, et si j’ai plusieurs fois maudit mon choix de Hong Kong comme destination principale, ce voyage fut riche en enseignements aussi bien pour Chouchou que pour moi. 
★ J’ai surmonté ma peur des vols long courrier. Je m’étais bien organisée contre les risques de phlébite, et le choix d’une compagnie un peu plus chère mais réputée pour la qualité de ses services s’est révélé très payant. J’ai découvert que dans de bonnes conditions, j’arrivais désormais à dormir en avion. Par ailleurs, notre périple a renforcé ma conviction que choisir un vol direct dans la mesure du possible et n’emporter qu’un bagage cabine était la formule idéale pour moi. Je retiens aussi que pour un voyage organisé longtemps à l’avance, une assurance tous risques aide beaucoup à moins flipper avant le départ et constitue donc un excellent investissement. 

★ Comme Air B’n’B est illégal à Singapour, j’avais dû pour une fois réserver plutôt un hôtel à cette destination, et sur ma lancée, j’ai fait de même pour les deux parties de notre séjour à Hong Kong. Argument clé: avec Booking.com, je pouvais choisir des établissements qui acceptaient l’annulation gratuite jusqu’à 24h avant le départ. Mais une fois sur place, j’ai regretté ce choix. Dans un appart Air B’n’B, même très petit, je me serais sentie bien plus à l’aise; on aurait pu petit-déjeuner le matin « à la maison », commencer nos journées plus tard et ainsi être moins fatigués, éventuellement dîner de trucs à emporter tranquillou le soir. J’aurais également moins flippé à l’idée de rapporter des punaises de lit (à tort ou à raison, il me semble que quelqu’un qui loue son propre logement va faire davantage attention à ce genre de chose que la direction d’un hôtel dont les clients sont juste de passage). Je n’aurais pas eu de problème pour régler sur place avec ma Visa à cause d’un terminal de paiement défaillant. Et même s’ils sont peu nombreux, il existe des hôtes Air B’n’B dont les conditions d’annulation ne sont pas trop strictes. 
★ Nous avons pour la première fois tenté d’intégrer de la vidéo à notre récit de voyage. Par manque de temps, d’habitude et d’un wifi d’hôtel vraiment fiable, le résultat fut assez bancal et frustrant, mais il constituera une bonne base de réflexion pour les prochaines fois. 
★ Nous avons eu une grosse dispute, mais dans une situation où nous avons pu nous éloigner l’un de l’autre le temps de nous calmer. Et pour le reste, je trouve qu’on a très bien géré les tensions du voyage entre nous, que chacun a su prendre soin de l’autre dans les domaines où il était le plus fort/le mieux armé (Chouchou: les fluctuations de moral; moi: l’organisation pratique). Au retour, on s’est fait la réflexion que si nos premières années ensemble avaient été très houleuses, notre relation s’améliorait avec le temps. Il continue à y avoir des frictions, mais chacun connaît les mauvais boutons de l’autre et fait attention à ne pas appuyer dessus – à la maison comme en voyage. On sait sur quels écueils on achoppe régulièrement, et on a développé des stratégies pour les contourner. Chouchou respecte mon besoin maladif d’arriver hyper en avance à l’aéroport; je ne m’énerve plus contre sa distraction et j’encourage ses vérifications multiples. 
★ Comme je le disais dans un billet précédent, la déconvenue hong-kongaise (que Chouchou a mieux supporté que moi, mais qui était bien réelle pour lui aussi) nous a poussés à revoir notre conception du voyage. Je me suis rendu compte que je ne supportais plus ni la foule, ni la pollution, et que j’avais de plus en plus de mal avec la chaleur – alors que, curieusement, ni le froid ni la pluie de l’Ecosse ne m’ont empêchée d’apprécier mes deux séjours dans ce pays. Nous irons encore dans des grandes villes, mais pas n’importe lesquelles et pour 3 ou 4 jours, pas davantage. Le reste de nos longues vacances sera plutôt consacré à des road trips histoire d’éviter les gens de faire le plein de beaux paysages, d’air pur et de calme ressourçant.

★ Le double effet Kiss Cool, c’est ce voyage a ravivé mon affection pour Bruxelles. Juste avant notre départ, le déménagement à Munich d’un couple d’amies m’avait rappelé qu’on n’était pas censés rester ici aussi longtemps et que je m’ennuyais en Belgique depuis plusieurs années déjà. Là, c’est comme si j’étais rentrée avec des lunettes roses et que je ne voyais plus que les bons aspects de la ville, ceux qui m’avaient séduite au départ. Sa taille humaine. Ses prix vaguement raisonnables. Son excellente situation géographique pour des gens qui aiment bouger. Son climat certes pas idéal mais encore vivable. Ses nombreux espaces verts, dont je ne profite sans doute pas assez. Sa vie culturelle riche et variée. Un regain d’affection extrêmement bienvenu, même si j’ignore combien de temps il durera.

10 réflexions sur “Les enseignements du voyage”

  1. retour d'expérience : si tu fais l'impasse sur les macareux déjà repartis (mai il y a plein d'autres oiseaux), un road trip en Islande à l'équinoxe d'automne répond à tes critères,paysages grandioses, isolement possible mais contact toujours possible avec les Islandais (qui maitrisent tous l'anglais) et les quelques touristes qui restent,
    si tu sais faire du cheval tu peux même participer au rassemblement des moutons, couleurs d'automne et comme la nuit est revenue on peut voir des aurores boréales et ça…
    j'oubliais : bains chauds garantis tous les jours, partout dans l'île.
    Reykjavik et le cercle d'Or ne laisse pas deviner l'atmosphère du reste de l'île.

  2. Ca ne me tente pas beaucoup. L'Islande est devenue vraiment très chère, la bouffe n'est pas terrible et pour le coup c'est trop désertique pour moi. Sans parler des risques d'accident routier qui me font flipper.

  3. The Everyday French Girl

    Ton post fait écho en moi : je te comprends vraiment.
    Lors de nos deux derniers "grands voyages" en date (3 semaines au Japon pour visiter plein de villes en mode marathon ; 13 jours à Akumal en all inclusive dans un hôtel de luxe -merci Voyage Privé !- à glander sur la plage et à admirer les tortues marines), j'ai appris beaucoup et de nombreux enseignements semblables aux tiens :
    – au retour du Japon, notre anarchie spontanée indisciplinée française m'a paru d'une incroyable liberté : on traverse quand le passage est libre, que le bonhomme soit vert ou non. Le fait que les Françaises parlent aussi fort que les hommes et revendiquent plus ouvertement que les Japonaises leur place dans l'espace public (place physique et visuelle), surtout récemment, m'a fait beaucoup de bien (je bouillais en permanence devant le machisme réactionnaire des Japonais, même notre guide, une jeune femme de 31 ans, me disait que les Japonaises ne le supportaient plus mais ne savaient pas comment le gérer). D'ailleurs, quand un guide masculin anglophone m'a fait remarquer que je parlais plus que mon mari, et que je buvais plus de saké que lui (il n'aimait pas son saké coupé à l'eau et il n'est PAS DU TOUT à l'aise en anglais ni dissert), j'ai rétorqué en le regardant droit dans les yeux (ce qu'évitent de faire les Japonaises, mais je parie que tu le sais déjà !) "French women know how to speak, how to drink, how to fuck. Got it ?" Il est resté vert, et a fini son verre en disant sur un ton faussement français "ouhlàlà"… mais il était hyper gêné. Me retrouver en France, avec 10° de moins et une humidité moins insupportable, plus du tout d'obséquiosité -même si certaines aspects "disciplinés" des Japonais me manquent (se ranger sur le côté de l’ascenseur et en laisser les gens descendre, maintenir son bouton appuyé pour en garder les portes ouvertes, faire la queue comme à Londres pour les transports en commun…) – m'a rendue super heureuse. C'était libérateur.
    – je préfère les vacances "all inclusive luxe-chouchoutage-glandouille-plage" que l'exploration-marathon. Surtout par 33° et 80% d'humidité (vive le Japon en plein été).
    – je ne supporte pas les pays où les gens travaillant dans le tourisme (employés d'hôtel, d'aéroport, de grands restaurants réputés à l'international, boutiques très touristiques) ne maîtrisent pas des rudiments d'anglais.
    – je préfère -contrairement à toi- embarquer une grosse valise en soute (remplie de trucs auxquels je ne tiens pas trop) et blinder mon bagage cabine de médocs et d'affaires qui me sont précieuses (souliers chics, belles robes, jolies pochettes, bijoux auxquels je tiens), le tout avec des cadenas partout.
    – les vacances -vu qu'on fait plein de photos- c'est pour moi l'occasion d'être au top de mon look : on a ni Facebook, ni instagram, donc on ne prend pratiquement pas de photos du quotidien, alors les vacances sont une débauche de photos (plus de 3000 pour le Japon, de la folie). Du coup, je planifie mes tenues en avance en regardant les prévisions météo, les moyennes des températures pour les années précédentes sur ces dates… et je prévois des sacs et des pochettes interchangeables pour accessoiriser sans trop prendre de place.
    – je sais que ne dors jamais, même pendant un long courrier et que le décalage horaire, sur le lieu de tourisme, ne me fait rien : je sais que je suis le moteur et que c'est à moi de trouver la solution (aussi car je parle plus de langues étrangères que mon mari).
    – "There's no place like home".

  4. La Grèce ? J'ai détesté les quelques jours que nous avons passés à Athènes (bruit, circulation, saleté). Par contre, le paysage des Météores valait le détour, ainsi que Nauplie (adorable petite ville portuaire), tous deux accessibles en moins d'une demi-journée en transports publics. C'était hors saison touristique, très calme et parfait pour se relaxer, mais avec la possibilité de faire de jolies balades et photos.

    En Andalousie, hors grandes villes touristiques (magnifiques, mais blindées de monde), il y a aussi les pueblos blancos qui ont l'air très photogéniques. Ne conduisant pas, je n'ai pas pu y aller :/

    Je trouve que le choix du logement pèse énormément sur la réussite d'un voyage, et je préfère aussi un Airbnb quand je peux. Les appartements sont en général mieux isolés phoniquement qu'une chambre d'hôtel, et surtout, il n'y a pas d'employé qui va venir tripatouiller mes vêtements, refaire le lit ou changer les serviettes. Surtout pour quelques nuits, qui peut bien avoir besoin d'avoir une nouvelle serviette chaque jour ? En plus, les photos correspondent à la chambre/l'appartement loué, donc pas de mauvaise surprise lors du check-in.

    Méghane

  5. Je pars à Pékin avec mes trois enfants dans deux semaines. Je n'avais plus utilisé de passeport depuis 30 ans. 30 ans !!!!
    J'ai donc suivi ton voyage en Asie de très près. Je suis excitée comme un coucou. Comme tu l'as fait, j'ai envie de trouver une façon de garder une trace de ce voyage sans non plus me priver de vivre le moment présent. Cela dit, je n'ai encore rien préparé de précis, donc je suppose qu'on vivra l'instant.

  6. @The Everyday French Girl : je trouve ça assez déplacé de vouloir faire la morale aux habitants d'un pays ou d'une région où l'on n'est que de passage… Surtout, c'est facile d'être provocante face à quelqu'un qu'on emploie, et qui ne peut pas répondre, que ce soit par politesse ou par professionalisme.
    En tant que touriste, je m'efforce au maximum de respecter les coutumes et sensibilités locales, ou bien je m'abstiens d'y aller (je ne me vois pas franchement visiter les émirats arabes ou la Russie par exemple).
    Après, je suis d'accord sur le fait que la société japonaise est très rétrograde. C'est l'une des raisons pour lesquelles je n'ai absolument pas envie d'y vivre ou travailler, même si j'aime beaucoup y aller en voyage.
    Tu as bien de la chance en tout cas de bien supporter les transports et le jet-lag !

    Méghane

  7. The Everyday French Girl

    @ Méghane : je n'ai pas fait la morale à un Japonais que j'"employais" (il accompagnait un groupe anglo-saxon à une table à côté de la nôtre, et je discutais avec ma guide anglophone, celle de 31 ans) : il a eu la grossièreté de s'immiscer dans notre conversation alors qu'on ne le connaissait pas, de m'interrompre, et de me juger, et de juger aussi mon mari (puisqu'il a estimait qu'apparemment, il n'était pas normal qu'il parle moins et boive moins de saké que moi), certainement sur sa conviction que la femme doit s'effacer au profit du mari, et que n'importe quel homme peut lui en faire la remarque. Ma guide japonaise n'a rien dit, ce qui m'a confortée dans mon impression. Donc je ne me suis pas laissée faire. Ma guide, Satomi, à qui j'avais fait part de mon exaspération concernant ce machisme rétrograde, m'avait déjà dit que les femmes japonaises ne le supportaient plus, donc j'ai expliqué à ce monsieur que les Françaises, elles, ne se laissent pas faire et pas juger -surtout si elles n'ont rien demandé.
    Quant au respect des coutumes locales, je les suis à la lettre (j'achète toujours des livres sur les coutumes locales et je les apprends) : j'ai acheté des vêtements exprès pour respecter les règles de pudeur que les Japonais attendent des femmes (épaules et décolleté couverts) même en plein été suffocant, mots de politesse, cadeaux typiquement de notre région pour les guides et les propriétaires des ryokans, façon de tenir le bol de thé, façon de poser ses baguettes, se déchausser à chaque fois que c'était attendu, laisser son parapluie dans les espèces de consignes à l'entrée des boutiques, ne pas parler fort, traverser uniquement quand c'est à nous même si la rue est absurdement déserte, faire la queue, manière de saluer et de remercier, manière de se "purifier" pour les temples et leurs usages, pas de pourboire, façon de recevoir une enveloppe et une carte de visite, se tenir à gauche dans la plupart des escalators sauf dans certaines villes où on se tient à droite, ne pas embêter les daims en liberté… Pareil à Akumal : respect du pourcentage du pourboire (où il en faut un, contrairement au Japon), ne parler qu'en espagnol avec les habitants et employés de l'hôtel (alors que je n'avais plus prononcé un mot d'espagnol depuis 16 ans et que je craignais vraiment d'être nulle) ce qui leur fait très plaisir (car c'est un coin où beaucoup d'Américains du nord viennent et ne leur parlent qu'en anglais), et ça leur faisait plaisir, saluer les employés mayas (ceux qui m'avaient dit qu'ils l'étaient et étaient fiers de leur culture) avec des mots qu'ils m'avaient appris etc. J'ai même appris exprès du vocabulaire typiquement vénitien et la grammaire italienne pour trois jours à Venise, par respect pour les habitants (en plus des usages locaux). Je respecte toujours les coutumes locales, mais j'attends des locaux qu'ils respectent aussi les touristes.

  8. @The Everyday French Girl : je m'excuse, j'avais compris qu'il s'agissait d'une discussion que tu avais eue avec ton guide. Le mythe de la retenue et de la politesse japonaise pulvérisé en une seconde ^^'

  9. The Everyday French Girl

    @ Méghane : ne t'excuse pas, il n'y a pas de problème. Les hommes japonais ne sont pas toujours dans la retenue et la politesse, surtout avec les femmes plus jeunes qu'eux…

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