
Je pensais que nous nous écroulerions très tôt hier soir et que nous serions levés à 4h ce matin; du coup, j’avais proposé à Chouchou de faire l’ouverture du tram qui monte au pic Victoria, à 7h pétantes. Et puis finalement, je me suis endormie à minuit passé, et il est 8h30 quand j’émerge ce matin. Comme à la maison, quoi. Et comme à la maison, nous mettons deux bonnes heures à nous préparer avant de mettre enfin le nez dehors. Le temps de prendre le métro jusqu’à Admiralty, de faire un arrêt inopiné dans la sublime boutique de thé TWG et de traverser Hong Kong Park, il est déjà 11h lorsque nous nous plaçons dans la très longue file d’attente pour prendre le tram. Nous mangeons les sandwichs achetés chez Prêt-à-Manger (il y en a partout ici) et bavardons avec une dame allemande et son grand fils. Arrivés au guichet, nous prenons un aller-retour que nous payons avec notre carte Octopus, et nous attendons encore un peu.
Il est plus de midi lorsque nous prenons enfin place à bord du fameux tram qui escalade le pic Victoria selon un angle assez vertigineux. La montée en soi est déjà une attraction – et un sacré exercice physique pour les gens qui, comme nous, font le trajet debout et doivent déployer des efforts musculaires titanesques pour le rester. En haut, nous découvrons le panorama le plus iconique de Hong Kong, et nous ne regrettons pas une minute de notre longue attente tant la vue est à couper le souffle. Un couple d’Européens nous demande de les prendre en photo et nous renvoie ensuite l’ascenseur. (Plus tard, je mailerai cette photo à ma mère sur sa demande, et elle commentera: « Pour une fois que tu es souriante et que tu as une attitude normale! ». Je.)

Nous comptions visiter le Trick Eye Museum (musée des illusions d’optique) voisin, mais apparemment, le bâtiment qui l’abrite est en travaux jusqu’à nouvel ordre. A la place, nous explorons la Peak Tower. Dans les boutiques de souvenirs, j’achète des cartes postales et les magnets traditionnels. Au Rock Shop, je me laisserais bien tenter par un T-shirt Hard Rock Café Hong Kong, mais tous les modèles classes avec des dragons sont pour hommes. Quand on est une femme, niveau motifs, on a le choix entre un papillon, une couronne de princesse ou un coeucoeur avec des pierres rouges qui se barreront au premier lavage en machine. Je commence à comprendre: pour m’habiller comme je veux, c’est pas la peine de perdre 15 kilos, faut juste que je me laisse pousser un pénis. Chez Kala, nous commandons des boissons bizarres (soda au kiwi pour moi, slushie de patate douce violette pour Chouchou) et partageons un cheese toast arc-en-ciel. Puis nous nous dirigeons vers le tram – et dans ce sens, nous faisons la queue moins de dix minutes avant de monter en voiture pour une descente aussi spectaculaire que la montée.
Prochain arrêt sur la To Do List de la journée: l’hôtel Mandarin Oriental. « Bonjour, nous venons pour l’afternoon tea asiatique, dis-je à l’hôtesse plantée derrière un pupitre à l’entrée du bar. Je sais qu’il n’est que 14h45 et que nous avons un quart d’heure d’avance, mais… » Et là, en fait, elle m’informe que nous avons plutôt 4 mois de retard, soit le laps de temps depuis lequel ils ont cessé de servir cet afternoon tea. Flûte. Heureusement, j’ai un plan de rechange: le Café Gray, qui lui commence à servir à 15h30. Comme il n’est qu’à une station de métro de là, nous décidons d’y aller à pied pour passer le temps jusqu’à l’ouverture. Mauvaise idée: la chaleur est horrible, le quartier super-moche et pas du tout conçu pour les piétons. A un moment, pour éviter un énorme détour, nous devons traverser à l’arrache une quatre voies rapide sans le moindre passage clouté ou passerelle en vue. Et arrivés à l’adresse du Café Gray, nous tournons presque une demi-heure à chercher vainement un ascenseur qui nous emmènera au 49ème étage du centre commercial Pacific Place. En réalité, le café se trouve au sommet d’un immeuble voisin, l’hôtel The Upper Place, et lorsque nous y débarquons quasiment changés en Bolino, une charmante hôtesse nous informe que toutes les tables sont réservées pour cet après-midi. Devant mon air désespéré, elle nous propose d’attendre un peu au bar au cas où il y aurait un désistement.


Miracle! Il y en a un, et un quart d’heure plus tard, nous nous retrouvons assis près d’une baie vitrée qui nous offre une vue fabuleuse pour la seconde fois de la journée. De plus, l’afternoon tea est délicieux, avec des bouchées salées et sucrées très raffinées dans la présentation comme au niveau du goût. Nous passons là un excellent moment. Quand Chouchou part aux toilettes, une des deux Japonaises qui goûtent à la table voisine finit par se tourner vers moi et me demande dans un français à peine hésitant: « Vous êtes française? Il me semble reconnaître votre langue, mais vous parlez vraiment très vite. » Nous bavardons un moment de nos voyages respectifs. Quand le serveur que je viens de héler nous apporte l’addition, je lui présente ma carte Visa; il s’en saisit et se sauve avec sans un mot. Trente secondes plus tard, je le vois passer devant notre alcôve en courant. Puis repasser en courant dans l’autre sens. Je suis l’image de la perplexité lorsqu’il finit par revenir à peine essoufflé en me tendant un reçu à signer. Je serais curieuse de savoir quelle existence mène ma Visa dans ces brefs mais nombreux intervalles où on l’emporte loin de moi.


Nous prenons le métro jusqu’à Central et descendons à pied vers les quais. La longue passerelle qui mène à ceux-ci est le premier endroit à Hong Kong où nous croisons des artistes de rue: musiciens, statues vivantes, caricaturistes, et même un Deadpool super réussi qui fait l’andouille sur la balustrade avec la B.O. du film à fond. Je voulais monter sur la grande roue, mais nous avons déjà eu notre compte de belles vues panoramiques pour aujourd’hui; aussi, nous nous contentons de monter à bord du célébrissime Star Ferry qui traverse la baie en dix minutes. De l’autre côté, nous passons dans un nouvel Eslite Spectrum au rayon papeterie en travaux, puis nous mettons à la recherche du second Donguri Republic dans Harbour City, un centre commercial gigantesque, glacial et très bruyant. Nous demandons notre chemin à la dame plantée derrière un guichet d’information; sans surprise, elle ne comprend pas un mot de ce que je raconte et m’en informe d’une voix étouffée par son masque anti-pollution. La charité la pousse tout de même à me tendre un plan sur lequel nous finissons par repérer la boutique. Toujours pas de chabus grandeur nature pour Chouchou; en revanche, moi, je craque sur une tasse à thé que je me retiens d’acheter car je n’ai pas la place de la mettre dans mon sac à dos. Je conclurais bien la journée par un cocktail dans un bar chic qui se trouve tout près d’ici, mais je suis déjà à moitié ivre de fatigue. Un verre d’alcool et je n’aurai même plus la force de rentrer à l’hôtel.


Nous rebroussons chemin. Il fait nuit à présent, et la vue sur les gratte-ciels illuminés de Hong Kong Island est tout à fait spectaculaire – mais difficile à photographier convenablement depuis un ferry qui tangue. A proximité de notre hôtel, nous nous arrêtons dans un petit resto japonais où nous mangeons des ramen tout à fait convenables pour l’équivalent de même pas dix euros. Puis nous montons dans notre chambre nous battre contre le wifi récalcitrant. En vain: nous ne réussissons pas à publier la vidéo du jour, et il est déjà 1h30 quand nous éteignons la lumière.
La vidéo du jour (terminée le lendemain) est visible ici.
Tiens j'ai failli acheter exactement la même tasse au Japon mais j'avais trop peur qu'elle se casse dans ma valise… (et vu le prix, j'aurais été verte). J'imagine que ce n'est pas moins cher à Hong Kong (35-40 € dans mon souvenir) ?
@Allie: Pas loin de 50€…
Les tribulations de la carte de crédit… C’est très mystérieux, tout ça … Ça t’inquiète, ou tu t’y fais ?