Les zones d’ombre

Depuis plus de 14 ans, je suis blogueuse et lectrice de blogs. Je m’intéresse peu aux catégories dans lesquelles on trouve les fameuses « influenceuses »: la mode, la beauté ou le lifestyle. Ce que je viens chercher sur internet et que j’essaie de donner aussi, c’est de l’intime. Mais le genre d’intime dont on ne discute pas forcément même avec ses proches. Les versants sombres de la personnalité. Les moments peu glorieux. Les vérités difficiles. Les sentiments honteux. Les sujets tabous. 

Ce n’est pas toujours simple. Je parlais beaucoup de sexe au début, quand j’étais anonyme et que j’avais moins de cent visites par jour, puis j’ai arrêté quand mon entourage a commencé à me lire: je ne voulais pas gêner les gens qui me connaissaient, et je ne me sentais pas le droit de révéler des choses privées sur mes partenaires désormais identifiables. (Reste la masturbation, sur laquelle je n’ai pas grand-chose à dire hormis que c’est génial et que j’encourage tout le monde à pratiquer un maximum!)
Quand ce blog a atteint puis dépassé les mille visites par jour grâce à la visibilité donnée, à l’époque, par Hellocoton, j’ai commencé à me censurer, à lisser mon contenu. Trop d’inconnu(e)s pas toujours bienveillant(e)s me lisaient désormais. J’ai la peau dure, et les commentaires négatifs ne me blessent pas, mais ils m’énervent et me dissuadent de partager des choses un peu sensibles la fois d’après. J’ai fini par décider que mes stats ne valaient pas les restrictions que je m’imposais, et je me suis désinscrite d’Hellocoton au début de l’été pour pouvoir recommencer à parler de sujets qui me tiennent vraiment à coeur. 
Il faut un certain courage pour exposer les parties socialement incorrectes de soi. Surtout pour quelqu’un comme moi qui déteste se sentir vulnérable. Mais malgré le risque, je trouve ça très gratifiant. D’abord parce qu’écrire ce genre d’article me soulage, me permet de prendre mes distances avec ce que je viens de sortir de moi et de relativiser. Ensuite parce que c’est toujours passionnant de lire les commentaires ou les mails de lectrices qui m’écrivent: « Oui, c’est exactement pareil pour moi, merci de mettre des mots là-dessus! ». Soudain je me sens moins seule, moins anormale. Je fais plus facilement la paix avec mes démons, puisque je les partage avec d’autres. Ou puisque même des gens qui ne les partagent pas accueillent mes révélations avec bienveillance, me convainquant que tout ça n’est pas si grave ni si moche. 
Dans la vraie vie, j’ai beaucoup de mal à me confier (à moins d’avoir bu, et là, je raconte tellement tout et n’importe quoi que ça devient embarrassant). Les subtilités de ce qui est acceptable ou pas dans une conversation, selon le degré d’intimité et la personnalité de l’interlocuteur, m’échappent complètement. Je ne sais pas lire les expressions des gens pour comprendre que je ferais mieux de me taire – ou qu’au contraire, je peux continuer à explorer la question parce qu’il y a de l’intérêt en face. Dans le doute, généralement, je préfère parler météo ou littérature, c’est moins risqué. Sur mon blog, j’ose davantage: nul n’est obligé de me lire ou de trouver une excuse pour abandonner un billet au milieu si je le dérange. 
Alors voilà. J’aime les choses gaies et positives, et je m’efforce d’en mettre le plus possible dans ma vie. Dans ce blog aussi, chaque fois que ça me semble pertinent. Mais j’ai besoin d’explorer mes zones d’ombre au lieu de les ignorer. Et je suis très motivée pour le faire ici. J’espère que ça aidera d’autres gens à se sentir moins seuls – moins démunis face à leurs propres démons. Ou juste que ça leur permettra de comprendre ceux de leurs proches qui fonctionnent un peu comme moi. Qui trouve ça intéressant me suive. 

PS: Pour les abonnés de la page Facebook du blog, ceci n’est PAS le futur billet à accès protégé dont je parlais cet après-midi. 

11 réflexions sur “Les zones d’ombre”

  1. FraiseDesBois

    Merci, que je me reconnaisse ou pas, ton blog me fait du bien
    C'est d'ailleurs l'un des derniers que lit

  2. Oui comme Fraise des Bois, tu es une dernière blogueuse que je lis (et ce jusqu'à la fin de l'article). Tes articles depuis quelques temps me bousculent beaucoup, ils deviennent plus intimes et plus intenses.
    Nous ne vivons pas la sociabilité de la même manière et tu me permets de réfléchir sur les réactions de ces "autres" , qui ne sont pas moi. Tu me permets de me confronter à cela. (Bon et puis il y a pleins d'autres thèmes où je suis à 1000% en accord avec toi!).
    Je souhaitais mettre un commentaire pour le billet en accès privé mais je n'ai pas trouvé le bouton…
    Mais je dois être facilement reconnaissable je dois être l'unique lectrice qui lit tes articles en Colombie où j'habite! Je dois faire tâche dans tes statistiques géographiques! 🙂

  3. Je ne sais plus depuis quand je te lis mais j'adore, tu es comme une grande soeur (j'ai 42 ans) je profite de tes expériences et de ta vie complètement différente de la mienne (je suis célibataire, j'ai 5 enfants et 3 petits enfants : D)
    Je viens même plusieurs fois par jour pour te relire, lire les réponses et voir s'il y a un nouvel article.
    Bisous Nad:)

  4. Salut, je trouve que mettre ses pensées par écrit est plus facile qu'à l'oral. On peut se relire, couper des morceaux, corriger. Dans une discussion de vive voix, il y a plus de risque d'en dire "trop" sans s'en rendre compte…

    Personnellement , j'ai (eu) un blog mais n'aime pas trop l'idée que de "vagues connaissances" me lisent, donc j'écris peu et sans mettre mon nom.

    Méghane

  5. Oups, j'ai fait une demande d'accès pour le billet à accès protégé, mais il n'y avait pas la possibilité de rajouter un message.
    J'ai assez peu commenté sur le blog, par contre tu as peut-être déjà mon adresse mail, depuis un swap papeterie (oui, cela fait plusieurs années… Le temps passe vraiment vite ^^").

    Méghane

  6. Tout comme fraisedes bois, que je me reconnaisse ou non, j'aime venir lire ton blog, un des derniers où je ressens une honnêteté totale. Il m'amène bien souvent à réfléchir sur ce que moi je suis. Le ton, le contenu, les sujets sont tout autant d'élément que je ne retrouve plus forcément ailleurs sur la toile. Alors je continue et continuerai à venir comme depuis 7 ans. Merci

  7. Coucou armalite, je t ai envoyé un demande d approbation de lecture (mail virginie.c…..) mais non accompagnée de message (pas trop compris comment l envoyer en même temps). Je te suis depuis plusieurs années, également sur Instagram ou l echange deux mots parfois (virginie5979…. ) je suis en privé mais nous sommes « amies ».
    Merci pour tes billlets et ta façon d être qui me font parfois vraiment t rire et parfois donnent envie de te faire un gros câlin (don’ t worry, je sais que tu as horreur de ca ;-)))))))

  8. Coucou ! Je viens de t'envoyer une demande d'accès mais je n'ai pas réussi à l'assortir d'un message… Je n ai ni FB, ni twitter mais un blog (pointplume sur blogger) et mon pseudo instagram est dididoumdida suis en public… Je T ai laissé déjà des comm ici. Voilà 🙂

  9. Je viens de m'apercevoir que je lis le blog (sur lequel je suis tombée complètement par hasard via un article sur MBDF, que je ne lis plus du tout en revanche !) depuis 10 ans…on ne voit pas le temps passer,ma bonne dame!

  10. Adele_Eastmacott

    Je n'aime pas le terme "fraîcheur" que je trouve peu approprié ici, mais j'aime beaucoup ce ton différent que tu as dans ton blog. Et je pense que c'est ce mélange de décortiquage du quotidien en franchise / honnêteté qui me plaît autant et crée ce sentiment de proximité, et un côté rassurant. Je ne vois pas ce genre de sujets abordés dans d'autres blogs, je le regrette beaucoup. Mais au moins j'ai ce blog ! Merci d'oser ce créneau.

  11. @Adele_Eastmacott: Je pense que c'est la première fois de ma vie que quelqu'un me dit que je suis rassurante 😀 Moi aussi, j'aimerais lire ce genre de choses dans d'autres blogs, mais ça manque.

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