"La saison des feux" (Celeste Ng)

Pourquoi Izzy Richardson, benjamine de 4 enfants, a-t-elle mis le feu à la maison familiale avant de disparaître dans la nuit? Quelques mois plus tôt, Mia et sa fille Pearl arrivent à Shaker Heights, une petite ville affluente de la banlieue de Cleveland. Mia est une photographe douée qui cumule les petits boulots pour gagner juste de quoi joindre les deux bouts et consacrer l’essentiel de son temps à son art. Mais Pearl, quinze ans, en a assez qu’elles ne passent jamais plus de quelques mois au même endroit, déménageant au gré des projets de sa mère. Celle-ci lui promet que cette fois, les choses seront différentes – qu’elles vont se poser et que la jeune fille pourra enfin tisser des liens. Elles emménagent dans une maison appartenant aux Richardson, et très vite, la vie des deux familles s’entremêle. Pearl est fascinée par l’aisance matérielle des Richardson, mais aussi par l’assurance et la désinvolture de leurs enfants, tandis qu’Izzy la rebelle – le mouton noir de son clan – devient l’assistante et l’ombre de Mia…
Premier roman de Celeste Ng, le magistral « Tout ce qu’on ne s’est jamais dit » annonçait il y a trois ans la naissance d’une grande auteure. Dans « La saison des feux« , on retrouve la recette qui a fait le succès de son prédécesseur: la dissection au scalpel d’une mécanique familiale qui, à force d’événements a priori inoffensifs ou anodins, va entraîner un drame que ses protagonistes n’auront même pas vu venir. Car seul le lecteur a le privilège d’être dans leur tête, de comprendre comment ils fonctionnent aussi bien dans leurs élans généreux que leurs petites lâchetés et leurs grandes défaillances. Au premier abord, on assiste à une classique opposition bourgeois/bohèmes, des gens tous progressistes et bien intentionnés mais qui ont opté pour des modes de vie très différents. Elena Richardson aime l’ordre, les conventions et les certitudes rassurantes; Mia Warren ne possède rien que le strict nécessaire, n’adhère à aucune règle sociale et improvise sa vie chaque jour. Mais assez vite, une intrigue secondaire émerge, et on se rend compte que le véritable thème du livre, c’est la maternité. A travers le passé de Mia, sa relation avec Izzy mais aussi l’histoire médiatisée d’un couple qui a adopté une fillette chinoise dont la mère biologique souhaite désormais la récupérer, Celeste Ng explore les différentes façons d’être mère et pose la question de leur légitimité sans jamais imposer sa propre réponse. Et même sans me sentir interpelée par cette problématique, j’ai dévoré « La saison des feux » presque d’un trait. 

Traduction de Fabrice Pointeau

1 réflexion sur “"La saison des feux" (Celeste Ng)”

Les commentaires sont fermés.

Retour en haut