Hier après-midi, j’ai voulu aller boire un verre dans un de mes points de chute habituels du centre de Toulon: le Chantilly. Par réflexe, je suis entrée m’installer sur une des banquettes en velours vert, où je pensais lire un moment en buvant un thé. Et puis je me suis dit que je faisais toujours le même Instagram, que le compte de mon blog lecture avait besoin d’une plus grande variété. Du coup, comme il faisait très doux, je suis ressortie m’installer en terrasse, face à la fontaine de la Halle aux Grains que j’adore, et j’en ai profité pour prendre un jus de pamplemousse histoire de changer un peu. J’ai modestement bousculé mes habitudes, et ça m’a fait du bien.
Je lis et j’entends beaucoup de critiques d’Instagram. Prédominance des photos de bouffe et de chats. Narcissisme éhonté des selfies. Abus de filtres trompeurs. Souvent, on lui reproche de donner l’impression illusoire que la vie de ses utilisateurs est dix fois plus belle et excitante que la réalité. Alors qu’en réalité, comme tous les médias, il ne montre jamais que ce que ses auteurs veulent bien montrer: une version expurgée et éditée d’eux-mêmes. C’est le rôle des « consommateurs » de garder de la distance et de faire la part des choses!
C’est vrai qu’utiliser Instagram me fait parfois adopter des comportements agaçants. Au resto, photographier mon assiette jusqu’à ce que je sois satisfaite du résultat, et tant pis si la bouffe refroidit pendant ce temps. Dans les bars, obliger mes copines à attendre que j’aie mitraillé nos verres dans douze configurations différentes pour commencer à boire. Dès qu’il y a un beau carrelage, me planter au milieu de la circulation pour immortaliser mes pieds.
Mais de manière générale, les aspects positifs l’emportent largement. Avant, je marchais perdue dans mes pensées, sans faire attention à ce qui m’entourait; maintenant, j’ouvre les yeux pour chercher des choses drôles ou intéressantes à capturer. Quand je teste une recette, je la présente joliment au lieu de la servir à la louche, ce qui rend la nourriture plus agréable à manger. Instagram m’incite non seulement à guetter le beau, mais à en créer pour alimenter mon compte. A sortir de chez moi pour trouver de la matière première. A aller dans de nouveaux endroits, à faire de nouvelles expériences (même si le blog jouait déjà partiellement ce rôle).
Et puis, pour moi qui aime archiver ma vie, c’est un moyen facile et rapide de le faire en images, sans encombrer mes étagères de gros albums, tout en partageant mon quotidien avec les amis qui sont loin ou des inconnus qui s’intéressent aux mêmes choses que moi. C’est le pendant visuel de mon blog, qui se suffit à lui-même pour les petites choses. Eh théorie, il devrait aussi m’inciter à m’améliorer en photo, mais comme je suis une grosse feignasse et que j’aime la cohérence, je fais presque toujours des gros plans sur des détails avec deux ou trois types de cadrage dont j’aime le rendu: par en-dessus, à ras du sol ou un peu de travers. J’ai des tics photo comme j’ai des tics d’écriture! Les jours où je me sens d’humeur indulgente, j’appelle ça avoir un style.
Vous avez un putain de style ne vous fustiger pas et vos tics photos ont un charme fou…..votre réflexion est pertinente en diable et me donne envie de…..boire du pamplemousse en terrasse!!!merci!
@S: merci pour tant d'enthousiasme et pas d'inquiétude, me fustiger c'est pas trop mon style, je suis plutôt du genre très contente de moi en général 😀