Depuis que je m’intéresse au minimalisme, je m’interroge beaucoup sur mes réflexes de consommation. Clairement, comme la plupart des gens qui ont la chance d’avoir des revenus suffisants, j’achète les choses non pas parce que j’en ai besoin, ou en tout cas pas seulement, mais plutôt parce que j’en ai envie. Résultat: un gaspillage d’argent et un intérieur encombré. Ainsi, depuis quelques années, je m’efforce de ne plus acquérir que des objets utiles (soit parce que je vais m’en servir souvent, soit parce que leur possession va vraiment m’apporter de la joie – un beau tableau que j’adore et qui m’émeut, par exemple, rentre tout à fait dans cette définition).
J’ai assez bien réussi à raisonner selon ce principe mes achats de fringues/chaussures/sacs à main, ainsi que mes achats de produits cosmétiques, autrefois deux gros points noirs chez moi. Mais il est un domaine dans lequel j’avais toujours refusé de me limiter jusqu’ici: celui des achats de livres. C’est pas futile, un livre, c’est de la culture, donc, ça mérite une exception. En plus c’est mon secteur professionnel que je soutiens – du coup, tout est permis. Sauf que je me retrouve avec une PAL pleine de bouquins que je n’ouvrirai jamais, parce que je sais très bien que les livres ne me font envie qu’au moment où je les achète. Si je ne les lis pas dans les semaines qui suivent, c’est foutu: mes achats plus récents viennent prendre la précédence dans mes choix de nouvelles lectures. Et en plus du fameux gaspillage de place et d’argent, je dois affronter le problème de l’évacuation régulière de ces tonnes de papier culpabilisantes.
Je pense donc que le moment est venu de changer d’optique dans ma manière de consommer les livres. De cesser d’acheter tous les titres qui me font envie pour me limiter au nombre d’ouvrages que j’ai le temps de lire, disons, dans un délai d’une semaine (intervalle moyen entre deux ravitaillements en librairie). Les récents problèmes de Poste – ainsi que ma lecture de
« The diary of a bookseller » – m’ont convaincue d’abandonner les commandes sur Amazon, qui étaient un vrai piège à achats compulsifs de par leur facilité. Si je dois sortir de chez moi (surtout en plein hiver!) pour me procurer de nouveaux livres, j’ai de meilleures chances de parvenir à être raisonnable, et je souhaite profiter de cette convergence de facteurs pour mettre un terme à ma boulimie d’achats livresques.
Comme je réfléchissais à tout ça ces derniers jours, je me suis rendu compte qu’il y avait un autre domaine dans lequel je m’étais mis en tête – avec plus ou moins de succès jusqu’ici – de fonctionner au besoin plutôt qu’à l’envie: l’alimentation. Fournir à mon corps seulement ce qu’il lui faut pour être rassasié et bien portant plutôt que tout ce sur quoi j’ai envie de me jeter (des pâtes! des gâteaux!), particulièrement dès qu’il commence à faire froid. J’avais commencé à faire des efforts dans ce sens à la fin de l’été, puis les vacances à Dublin m’ont de nouveau poussée dans une mauvaise pente que j’ai continué à dévaler allègrement par la suite. En ce dimanche matin, après un dîner de samedi particulièrement riche que je n’ai toujours pas fini de digérer, je décide de me recentrer sur ma résolution de m’alimenter en pleine conscience et uniquement jusqu’à mon point de satiété.
Je sais que pour les livres comme pour la bouffe, il n’y aura pas de miracle, que ça va demander du temps et des efforts pour transformer réellement ma manière de consommer. On vit dans une société qui nous pousse sans cesse à acheter plus de choses, et pour beaucoup de gens – moi la belle première – le mot d’ordre est devenu « Parce que je le vaux bien ». Je bosse comme une folle, donc j’ai bien mérité de m’acheter dix bouquins d’un coup si j’en ai envie, ou de prendre un dessert qui a l’air délicieux même si je suis déjà pleine comme un oeuf. Sauf que, même en mettant de côté le fait que le consumérisme égoïste des Occidentaux comme moi est en train de flinguer la planète, la question n’est pas, ne devrait pas être: est-ce que je le mérite ou pas?
La question devrait être: qu’est-ce qui va m’apporter le plus de plaisir, pas juste dans l’instant éjaculatoire où je vais passer à la caisse de la librairie ou savourer cette montagne de chantilly, mais dix minutes après, dix jours après, dix mois après. Et la réponse, c’est que ce qui va m’apporter le plus de plaisir à terme, c’est respectivement d’avoir gardé mes sous pour me payer un voyage en Asie (ou faire des économies qui m’aideront à me sentir en sécurité), et de ne pas voir monter l’aiguille de la balance ou peiner à traîner mon gras quand je dois courir après le bus avec ma valise en remorque. Alors, même si c’est difficile, même si ça va à l’encontre de ma tendance naturelle à chercher une gratification immédiate, je suis bien décidée à modifier mes habitudes concernant alimentation et achats de bouquins – à me focaliser sur la notion de besoin plutôt que d’envie. Ce sera sûrement un de mes objectifs principaux pour 2018.
Ce mécanisme de l'achat "parce que je le vaux bien", c'est un vrai piège dans lequel je tombe aussi. J'ai beau savoir que ça ne me permet guère d'économiser plus que lorsque j'étais étudiante et vraiment en mode budget, ben … difficile de résister. Je ne suis pas trop compulsive sur les livres, que je continue à trouver chers (réflexe étudiante) alors qu'il y a des bouquineries dans lesquelles je ne vais jamais, mais pour les vêtements par exemple, je crois que j'ai du mal à me raisonner.
Je trouve cet article vraiment intéressant. Avec celui de Mango and Salt sur l'achat éthique de livres, ça ouvre vraiment une bonne réflexion, je trouve.
Je suis une collectionneuse ;), mais j'essaie de ne plus trop acheter sur des impulsions. Vendredi, la fameuse housse de portable que je convoitais était disponible en centre-ville. Je ne l'ai pas prise, parce que bon, j'en ai déjà une… Moche, mais fonctionnelle et en bon état, même si j'avais envie de l'autre. Le mug isotherme était un super achat par contre !
Ma sœur se fait accompagner par une diététicienne qui s’aide de la pleine conscience. Elle l’a aidé à redécouvrir la faim et la satiété. Ma sœur s’est rendue compte qu’elle n’avait quasiment jamais faim et qu’un rien la sustentait. C’était une bonne nouvelle et en même temps tellement frustrant de ne plus beaucoup manger qu’elle faisait du sport juste pour faire venir la faim ???? effet fulgurant sur la perte de poids.
Hier, j'ai eu un gros coup de mou, une tristesse intense et inexpliquée, une moment de mélancholie qui m'a pris par suprise et m'a déstabilisé.
Pour ne pas rester dans mon marrasme, ma première réaction a été de vouloir aller au centre commerciale, alors que d'habitude je déteste ça et surtout que je n'avais besoin, ni même envie de rien.
A la place, je suis allée "me promener" sur la plage au coucher de soleil. Enfin ça, c'est ce que je me dis pour faire bonne figure. La réalité, c'est que je suis bien allée à la plage, que je me suis achetée un gros Burger alors que je n'avais même pas faim, et que je l'ai mangé sans apétit assise sur le sable, à me demander ce que je foutais là à dépenser mes sous et mon capital santé pour quelque chose qui ne m'apportait même pas de bonheur immédiat.
Bref, il semblerait que je me sois "conditionnée" à vouloir acheter/manger pour faire face à mes émotions. Cette prise de conscience à été assez intéressante, et ta note me laisse penser que je ne suis pas la seule à me consoler/féliciter/encourager/rassurer avec des achats de babioles et/ou de la bouffe…
@Zéphine: Il y a quelques années, j'avais voulu faire une liste de moyens de se faire plaisir/se remonter le moral/se récompenser qui n'impliquaient ni shopping ni bouffe/alcool. Elle était pitoyablement courte, et ça m'a pas mal fait réfléchir (sans que je trouve de solution miracle pour y remédier)…
Tu as pointé du doigt un problème dont je n'avais pas forcément conscience, du coup je te remercie. Je vais me pencher là-dessus et essayer d'arrêter de m'octroyer des plaisirs juste parce que je le mérite/j'ai eu une dure journée/j'ai atteint mon objectif…
@Cyrielle: C'était pas tout à fait mon propos… Je ne remettais pas en cause l'idée de se faire plaisir, juste la façon dont on se fait plaisir, avec du "trop" 🙂
Il n'y a pas si longtemps, quand je vivais encore à Paris, j'étais entrée dans un cercle vicieux d'achats en cascade. C'est beau ? J'ai les moyens ? J'achète. Et puis j'ai déménagé, je suis partie vivre sur une île de l'autre côté de l'Atlantique, en contact direct avec la nature. J'ai alors pris conscience de la société de consommation dans laquelle je baignais jusqu'alors et qui est entrain de dézinguer la planète sans qu'on en est réellement conscience. J'ai arrêté d'acheter à tout va (la livraison hors France étant très complexe qui plus est). J'ai retrouvé les plaisirs simples de la vie. Puis je suis revenue en France. Et je suis entrée dans une démarche zéro-déchet. Ne plus posséder autant, être consom-acteur, être enfin en phase avec mes valeurs (écologiques and co)… je me sens tellement plus légère, sereine et heureuse ! J'ai enfin compris que je me faisais dicter ma conduite par la pub. S'en détacher m'a fait tellement de bien.