C’est dans le guide « The 500 hidden secrets of Dublin » que j’ai appris l’existence de The Blind Pig, un bar à cocktails dont l’emplacement secret changeait tous les 3 mois et n’était communiqué par mail qu’aux gens qui réservaient sur le site internet. Forcément, ça a éveillé ma curiosité, et j’ai programmé une visite. Les instructions que j’ai reçues m’ont enchantée: « Rendez-vous à telle adresse, entrez dans l’établissement principal, descendez l’escalier au-dessus duquel il est marqué « Chut », allez au bout du couloir et appuyez sur le cochon. Si quelqu’un vous demande ce que vous faites là, dites que vous venez pour les obsèques de la vieille dame. »
Renseignements pris auprès du barman le jour même, The Blind Pig n’a plus bougé depuis 3 ou 4 ans: le déménager tous les 3 mois devenait trop compliqué en termes d’organisation. En revanche, le secret autour de son emplacement subsiste. Son adresse n’est publiée nulle part, et si le week-end, les réservations sont complètes deux semaines à l’avance, c’est uniquement grâce aux habitués et au bouche-à-oreille.
On accède au bar par une authentique porte dérobée qui m’a fait couiner de ravissement. La salle en sous-sol, aux murs de pierre nue, est basse de plafond et toute en longueur. Les tables sont réservées aux gens qui dînent là; les clients uniquement venus boire un verre doivent s’asseoir au bar. D’habitude, je déteste ça; là, j’en ai profité pour faire parler un peu le barman. Dans la droite lignée des speakeasy d’autrefois dont The Blind Pig porte le surnom, la carte ne propose que des cocktails à base de whisky ou de gin, qui ne sont vraiment pas mes alcools forts préférés, et déconseille aimablement de réclamer des mojitos à la fraise ou autres boissons de fillette. Hum. OK.
Pour mon premier cocktail, j’ai demandé si je pouvais avoir quelque chose à base de vodka, en prévenant que je n’aimais ni la ginger beer, ni la cannelle, ni le clou de girofle (il y a d’autres trucs qui ne passent pas chez moi, mais ces trois-là sont les principaux). Le barman m’a dit OK et préparé un cocktail à la cuillère surmonté d’une tranche de concombre. J’ai goûté. C’était très, très étrange. Je n’adorais pas, mais je ne détestais pas non plus, et j’étais intriguée de ne parvenir à identifier aucun ingrédient. J’aurais juré qu’il y avait de la ginger beer dedans, mais impossible puisque j’avais prévenu que je n’en voulais pas.
Et là, le barman triomphant m’a montré ce qu’il avait mis dans mon cocktail: de la ginger beer et un sirop contenant entre autres de la cannelle et du clou de girofle. J’ai cru qu’il se payait ma tête, mais non. Il a quand même précisé que si ça ne me plaisait pas, je pouvais le laisser et qu’il me préparerait autre chose. Je l’ai trouvé passablement gonflé, mais en même temps, j’aimais bien l’idée de me rendre compte que dans certaines circonstances, des ingrédients que je déteste à la base pouvaient passer quand même. J’ai fini mon verre.
Du coup, après ça, j’étais prête à me montrer un peu plus aventureuse et à piocher dans la carte malgré mes a priori. J’ai opté pour le Clover Club: gin Mor, Noilly Prat (du vermouth), sirop de framboise maison, jus de citron et blanc d’oeuf. (Justement, le blanc d’oeuf fait partie des ingrédients qui me répugnaient à première vue, à cause de son horrible texture, mais dans les cocktails, il intervient battu en mousse sur le dessus et passe très bien.) C’était tout à fait délicieux.
Nous avons tous les deux adoré l’ambiance de The Blind Pig. D’ailleurs, nous aurions volontiers dîné sur place, mais bien entendu, tout était complet. Si vous passez par Dublin et que vous cherchez un endroit original où boire un verre, je vous le recommande chaudement!
Cher ?
11,95€ les cocktails de la carte, c'est tout à fait raccord avec les prix dans les bons vars de Bruxelles voire un poil au-dessous.
Merci pour cette adresse nous avons pu bien profiter de ce cadre original 🙂 Les coktails et le repas nous ont ravis !