Soit un vol Bruxelles-Dublin décollant à 10h10, avec début de l’embarquement à 9h45. Comme nous avons déjà nos cartes d’embarquement et juste un bagage cabine chacun, il nous suffit de passer le contrôle de sécurité – très rapide depuis les transformations de l’aéroport de Zaventem il y a 3 ans – et d’aller nous affaler à notre porte d’embarquement. Je prévois donc de prendre la navette qui quitte Luxembourg à 8h et arrive à Zaventem à 8h30. Comme j’ai calculé large entre chez nous et Luxembourg, on chope même la précédente. Du coup, arrivés à l’aéroport, on se dit cool, on va en profiter pour prendre un petit-dej’ digne de ce nom chez Exki, puis aller faire un tour au Relay et râler contre le niveau lamentable de la presse magazine. Ne cherchez pas, c’est une tradition.
On passe le premier scanner, et pour la première fois de ma vie, la carte d’embarquement que j’ai imprimée à la maison, qui plus est avec une cartouche d’encre noire mourante, m’ouvre le portillon sans problème. Les dieux du voyage veillent sur moi aujourd’hui. On passe le contrôle de sécurité, et pour la première fois depuis des années, ma valise n’est pas sélectionnée pour un contrôle aléatoire ni soupçonnée d’appartenir à une redoutable dealeuse parce que je trimballe du thé en vrac. Les dieux du voyage sont très en forme, je le sens bien. Entre-temps, notre porte d’embarquement a été annoncée. Nous sommes en B81. Première fois que nous devons passer de ce côté – d’habitude, pour les vols à l’intérieur de l’EU, c’est le terminal A. Et ce n’est pas que je sois follement attachée à cette lettre, mais au terminal B, c’est la merde intégrale. Des centaines de personnes attendent pour franchir la douane.
Nous prenons la file « Ressortissants EU ». Au bout de quelques minutes, je me rends compte qu’il y a des pancartes indiquant que dans la file en question, seuls les passeports sont acceptés. Parce qu’au bout, ce sont des scanners automatiques et pas des gens qui vérifient. Problème: l’autre file est théoriquement destinée aux gens extérieurs à l’EU, et surtout, elle compte dix fois plus de monde qui avance dix fois moins vite. Je demande à une première employée où nous devons aller et ce que nous devons faire avec nos simples cartes d’identité: elle ne sait pas. Une deuxième nous réoriente bel et bien vers la file monstrueuse, et je commence à hyperventiler. Il est 9h30, et à vue de nez, il y a une demi-heure d’attente. Plus toute la traversée du terminal B à se cogner ensuite. Les dieux du voyage se sont rappelés qu’ils avaient piscine ce matin et nous ont lâchement abandonnés dans un prout à paillettes de leur escadron de licornes.
Je suggère à Chouchou de faire la queue chacun à un poste différent pour que le premier qui passe coure jusqu’à la porte B81 et prévienne que l’autre arrive. Evidemment, c’est moi qui passe la première, et je me mets à courir. Il est 9h56 et le dernier appel pour le vol de Dublin résonne dans les haut-parleurs. Je cours en traînant ma valise derrière moi, je cours sur les tapis roulants, je cours en crachant mes poumons et en me maudissant de n’avoir pas fait de cardio depuis deux ans. Je cours une éternité, et je suis à peine à la porte B27 quand devant moi, j’aperçois une autre file d’attente énorme au niveau de la B35. Cette fois, c’est mort. Je contourne la file pour demander très vite confirmation à un des employés: il me dit que j’ai raté le tournant, qu’au niveau de la B28 il fallait descendre la rampe et que la B81 est à l’étage du dessous. Je repars dans l’autre sens avec une envie de mourir grandissante et même pas le temps d’envoyer un texto à Chouchou pour qu’il ne se fasse pas avoir aussi.
En dévalant la rampe, j’avise un panneau marqué « B80-B94 » et pense qu’au moins, je suis presque arrivée. Sauf que le bas de la rampe donne sur la B94 et que la B81 est tout au fond. Je me dis que si je ne fais pas un malaise cardiaque sur ce coup-là, j’ai vraiment un coeur en acier. Je me remets à courir tant bien que mal. Au fond, j’aperçois la porte B81. Il n’y a que trois personnes devant le guichet: Chouchou à genoux devant son sac (il a donc été plus attentif que moi) et un couple d’Asiatiques qui viennent aussi de débouler en courant. Je ralentis en me disant c’est fini, on a raté notre vol, et prendre le suivant va coûter une fortune à moins qu’il y ait beaucoup de places libres et qu’Aer Lingus soit super sympa. Et puis non, l’employée nous informe qu’un bus revient nous chercher pour nous emmener jusqu’à l’avion. Nous sommes les derniers à embarquer, et décollons avec 30 minutes de retard.
C’était une expérience hyper stressante; je n’ai jamais été si près de rater un avion. Je prendrais volontiers la faute sur moi si j’avais pu prévoir qu’on devrait passer un contrôle de pièce d’identité au départ pour la toute première fois sur un vol intra-EU. Là, non seulement je n’avais guère de moyen de le savoir, mais tout était très mal indiqué, le personnel de l’aéroport clairement aussi paumé que nous et le nombre de guichets ouverts tout à fait insuffisant (sans même parler du fait que je ne comprends pas pourquoi un avion pour Dublin a décollé du terminal normalement réservé aux vols hors EU). Plus loin que nous dans la file, il y avait des familles entières dont le vol pour Mumbai était censé décoller avant le nôtre… Combien de gens ont eu moins de chance que nous, étaient plus encombrés ou moins mobiles et ont raté leur avion hier matin? Tout ce que je sais, c’est qu’étant passée à deux doigts de louper ces vacances en Irlande, je vais les savourer deux fois plus!
A vrai dire, c'est logique, l'Irlande ne fait pas partie de l'espace Schengen et c'est cela et non l'appartenance à l'U.E. qui détermine le terminal, il me semble. Idem d'ailleurs pour des vols dans l'U.E. mais avec correspondance pour ailleurs, si je me souviens bien.
Et j'ai vérifié: les portillons automatiques ne fonctionnent qu'avec le passeport, pas la carte d'identité.
Mais vous avez eu votre avion !!!!
J'ai eu des palpitations cardiaques rien qu'en lisant ton billet!
Ça me conforte dans ma manie de toujours arriver au minimum deux heures à l'avance à l'aéroport (même en ayant fait le check-in online) et de rejoindre au plus vite ma porte d'embarquement (quitte à subir les moqueries de mes compagnons de voyage hihihi)
En tout cas c'est extrêmement bien relaté : j'ai le coeur qui bat à 216 !
@Sunalee: tu as sûrement raison, mais j'ignorais totalement que l'Irlande n'appartenait pas à l'espace Schengen. My bad.
OUF pour vous ! Et bonnes vacances 🙂
Ça me rappelle la fois où je suis montée à Paris en avion : aéroport que je connais, vol du matin, pas de stress. Vol annoncé, beaucoup de monde à la douane, course à fond les ballons, évitement de vol plané en route, arrivée au terminal, bureaux fermés, vol déjà décollé …. jusqu'à que je me rende compte que c'était le vol précédent le mien !! (et du coup re-course pour changer de porte, arrivée à moitié morte devant l'hôtesse, personne au guichet, persuadée d'être la dernière alors qu'en fait l'embarquement n'avait pas encore commencé XD).
Maiko
On a eu casi le même problème en allant à Nice cet été. Oui je dis bien à Nice, dans l'espace Schengen donc!
On a du faire la file pour le contrôle des passeports avec tous les gens qui partaient hors Europe mais aussi certains autre vols comme nous!
On n'a pas cesser de demander comment ça se passait vu que l'avion était censé partir à telle heure et on nous répondait qu'ils savaient et qu'il attendait! Bref à mon avis à Zaventem, les vols prennent beaucoup de retard!
Le meilleur c'est qu'on a re eu un contrôle d'identité à l'arrivée à Nice , mais ça on s'en doutait vu que la fois précédente c'était pareil. Heureusement, cette fois-ci ça ne nous à pas fait rater le dernier bus!
Bienvenue dans l'espace Schengen post attentats!