
« It » est l’un des rares Stephen King que j’ai lus. Je l’ai découvert à l’époque de sa sortie en français, quand j’étais en prépa – ça remonte donc à trente ans tout rond. Pourtant, contrairement à beaucoup d’autres romans dont j’ai oublié les détails sitôt que je les ai refermés, il m’a laissé une impression très vivace. Je me souviens avoir adoré le style très introspectif de l’auteur, le fait qu’il consacrait beaucoup de temps aux scènes d’exposition, à la psychologie et au quotidien des personnages, et qu’il préférait entretenir une atmosphère angoissante plutôt que de multiplier les scènes d’horreur graphique. Et même si les adaptations de Stephen King au cinéma ou à la télé sont généralement décevantes, j’ai eu envie de voir ce que donnait ce film autour duquel les médias faisaient tant de tapage.
L’histoire en bref, pour ceux qui ne la connaîtraient pas: dans une petite ville du Maine, des enfants disparaissent par vagues sans qu’on retrouve jamais leur corps. Et il en est ainsi depuis très longtemps. Le frère aîné d’une des petites victimes, Bill, a 13 ans et une bande de copains surnommés les Losers qui se font régulièrement harceler par les brutes de leur collège. Ensemble, ils se mettent à la recherche de Georgie dans les égouts de Derry; ensemble, ils commencent à être victimes d’hallucinations dans lesquelles revient un clown cauchemardesque baptisé Pennywise…
Dans le livre, deux fils temporels s’entremêlaient: le premier se déroulait dans les années 50, à l’époque de la confrontation initiale entre les Losers et Pennywise, et le second 27 ans plus tard, quand les Losers devenus adultes revenaient à Derry pour finir le travail. Dans le film, la première partie a lieu en 1988-1989, et la seconde, qui fera l’objet d’un autre volet, se situera de nos jours. Les deux récits sont donc séparés, ce qui fait sens du point de vue de la production – le premier film peut être vu indépendamment et s’il venait à n’avoir pas de suite, il resterait une oeuvre complète en soi. Mais du coup, il me semble que l’histoire perd un relief important: la perspective apportée par le parallèle entre passé et présent.
J’aimerais penser que le fait d’avoir fait un bond de trente ans en avant rend l’ostracisation des Losers moins crédible. Sérieusement, à la fin des années 80, la couleur de peau d’un gamin pouvait encore être un problème aux Etats-Unis? On pouvait encore insulter une fille en la traitant de traînée? Le harcèlement scolaire était encore un tel problème? Hum. En fait, tout ça existe encore même de nos jours, donc… Et les jeunes acteurs sont absolument épatants. Mention spéciale à Sophia Lillis, d’une grâce poignante en gamine abusée par son père, et à Finn Wolfhard qui, après « Stranger Things », semble se spécialiser dans les rôles de gamins des 80’s poursuivis par d’horribles monstres et sillonnant une petite ville de province à vélo avec ses potes. (Oui, c’est un créneau très pointu.) Ici, il débite des atrocités d’un bout à l’autre du film, fournissant une détente comique très appréciable.
Mais pour le reste, je n’ai pas adoré « It », parce que la moitié du temps à l’écran est consacrée à des scènes horrifiques qui ne m’ont fait ni chaud ni froid, et que chaque apparition de Pennywise diminue un peu plus son impact. Envolée la subtilité du roman de Stephen King, sa montée en puissance maîtrisée, son talent pour laisser l’imagination du lecteur faire le plus gros du boulot. Là, on campe les personnages en vitesse afin laisser la part belle aux scènes où ils se prennent des hectolitres d’hémoglobine dans la figure. C’est bien réalisé, mais pour tout dire, je me suis un peu ennuyée. Une fois de plus, je regrette d’avoir à le dire: le livre était mieux.
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Avec it, Stéphen King a écrit un grand livre sur l'enfance. C'est ce que j'aime chez lui, cette manière de raconter des vies d'enfants qui entrent en résistance face à l'horreur, celle absolue représentée par grippe sous, mais aussi celle des adultes censés les protéger Dans le style récit initiatique, j'avais adoré l'adaptation de "stand by me" par Rob Reiner, même si je n'ai pas lu la nouvelle.
Je compte aller le voir même s'il est rare quune adaptation au ciné soit supérieure au roman dont elle est issue (prochaine expérience "D'après une histoire vraie" de Polanski).
Par exemple,"Misery" le film des années 80 ,avec Katy Bates et James Caan était réussi vraiment mais le bouquin est MIEUX (et beaucoup plus trash celà-dit).
Néanmoins, ce "It" me tente bien (j'aime les films d'horreur de toutes façons)