Ce post m’a été inspiré par la conversation que j’ai eue avec mon amie Isa suite à la publication de ce billet sur son blog.
Je dis souvent qu’on n’est pas condamné à souffrir éternellement de ses propres névroses et/ou à toujours infliger ses pires défauts à son entourage. Qu’en travaillant sur soi grâce aux outils de la psychothérapie et du développement personnel, il est possible de changer, de devenir une personne plus équilibrée, plus heureuse, plus agréable à fréquenter. Cependant, il est une chose dont on ne parle pas assez: outre le fait que ces évolutions réclament du temps et des efforts, elles ont leurs limites impossibles à dépasser, ou presque.
Je suis persuadée qu’on a très peu de chances de résoudre un jour les gros problèmes dus à sa nature profonde. Plus c’est une chose qui fait intimement partie de nous et qui nous définit, plus le prix à payer pour s’en débarrasser est élevé, au point qu’il vaut parfois mieux renoncer à l’éradiquer et se contenter de l’améliorer légèrement, petit à petit. Par exemple, je déplore d’avoir très peu d’empathie et de beaucoup juger les autres. Mais lutter contre ça me coûte des efforts considérables pour des résultats dérisoires, si bien que j’ai fini par conclure que c’était un mauvais emploi de mon énergie. Je me suis résignée à rester à l’extrémité rosse du spectre du rapport à autrui. Ca ne m’empêche pas de faire ponctuellement preuve de bienveillance ou même d’indulgence, mais ces deux traits de caractère ne seront jamais mon mode de fonctionnement par défaut. C’est ainsi. J’ai d’autres qualités à offrir au monde, et je préfère me consacrer à développer celles-là.
Le soi parfait n’existe pas. C’est, pour ceux d’entre vous qui ont conservé quelque souvenir de leurs cours d’algèbre du lycée, une sorte d’asymptote de notre fonction personnelle. On peut tendre vers lui, mais penser qu’on réussira à l’atteindre serait vain. A la place, on peut tenter de devenir le meilleur soi possible, à condition de ne pas non plus le surévaluer par orgueil. Viser une zénitude parfaite ne ferait que me rendre malheureuse en plaçant sur moi le fardeau d’attentes irréalistes. Si je garde cet objectif en tête, il est possible que le temps et des événements externes bien assimilés me poussent dans la direction d’une plus grande sérénité au fur et à mesure que je vieillirai. Mais seuls, mes efforts internes les plus déterminés ne suffiront pas. Ce qui ne m’empêche pas de faire des exercices ou de me donner des règles pour m’améliorer sur ce point: me demander si la chose qui me perturbe très fort aujourd’hui me semblera encore importante d’ici un an, ou me forcer à attendre le lendemain pour répondre à un mail qui m’a mise en colère. Parfois ça marche, et parfois pas. Mais c’est le mieux dont je suis capable, et je tâche d’apprendre à m’en contenter.
Et ce qui m’a enseigné ça, ce sont les angoisses chroniques qui me pourrissent la vie depuis des années. Dieu sait que je n’ai pas ménagé mes efforts pour m’en débarrasser. J’ai tout essayé, y compris aller m’allonger sur le divan d’un psy alors que le principe me faisait horreur. J’ai obtenu des résultats variables avec le yoga, la méditation et la pensée positive. Et j’ai fini par admettre que, peut-être, c’était un problème sans solution – ou du moins, sans solution à ma portée -, un mal que j’allais traîner jusqu’à mon dernier souffle et avec lequel je devais apprendre à cohabiter de mon mieux. Depuis, au lieu d’essayer de le guérir (et de m’en vouloir à mort de ne pas y arriver, comme si c’était un manque de volonté ou d’intelligence de ma part), j’essaie de le gérer. Je ne cherche plus la baguette magique qui va le faire disparaître, mais les moyens concrets qui me permettront de gérer chaque attaque individuellement. Est-ce que c’est parfait? Non. Mais je ne suis pas parfaite. La vie n’est pas parfaite. Et je refuse de gaspiller la mienne à combattre des adversaires hors de mon atteinte.
Je ferai toujours, toujours partie des gens qui tentent perpétuellement de s’améliorer. Mais pas pour satisfaire à un quelconque idéal de perfection imposé par la société, par les gourous du développement personnel ou pire: par mon propre ego. Juste pour rendre modestement ma vie un peu plus douce et un peu plus jolie.
Je reconnais aussi certaines limites au développement personnel, et à la psychologie positive, je pense que certaines personnes voient ça comme un but final et non comme un moyen de rendre le chemin plus agréable et facile.
Il y a quelques mois, j'y faisais une très brève allusion ici : https://unefillesanschichis.wordpress.com/2017/01/24/ma-positive-list-pour-2017/
(Tout en bas, le positivisme extrémiste )
L'être humain fonctionne par hauts et bas, c'est normal, tout comme on peut adoucir certains traits de notre personnalité mais je doute qu'on puisse totalement les supprimer
J'ai lu le billet d'Isabelle avant le tien, je les ai trouvés tous les deux complémentaires.
Je pratique aussi la pensée positive, de manière plus spontanée qu'autre chose, notamment depuis la séparation d'avec mon ex il y a bientôt 3 ans. Cela m'a beaucoup aidée à avancer à reconstruire ma vie et mon équilibre, mais j'ai constaté moi aussi que je ne pouvais pas me changer complètement sur les points de ma personnalité que j'aime le moins. J'essaye en revanche de m'améliorer, de m'accepter aussi, de me connaître plus que de fondamentalement me changer, pour mieux anticiper mes réactions et mieux les gérer.
Le développement personnel c'est ça au fond : ne pas chercher la perfection mais le mieux-être et le mieux vivre, en faisant avec ce qu'on a.
Dans cette problématique, un outil m'a aidé: l'ennéagramme. J'ai trouvé ma base, et la figure géométrique montre les bases vers lesquelles on peut tendre si on le souhaite, mais aussi celles qui nous sont inaccessibles. Et, vers 40 ans, j'ai accepté certains traits de mon caractère. Je vis mieux depuis, et mon entourage également.
Que ce post fait du bien et déculpabilise. J'ai de mon côté trouvé un petit apaisement dans l'ho'oponopono. J'apprends à lâcher prise et à m'aimer tout doucement.