J’ai mis du temps à développer un rapport sain avec l’argent. Mon père gérait les finances familiales. Ayant grandi dans la pauvreté, il était du genre hyper économe, à ne pas dépenser un franc si ce n’était pas vraiment nécessaire. Résultat: bien que je n’aie jamais manqué de rien enfant, je n’ai pas du tout été gâtée sur le plan matériel. J’avais des cadeaux pour Noël et pour mon anniversaire, point, et un peu d’argent de poche chaque mois (beaucoup moins que les autres jeunes de ma classe en général).
Lorsque, après avoir réussi les concours des Sup de Co, je suis partie vivre seule à Toulouse à l’âge de 17 ans, ma liberté toute neuve m’a tourné la tête. Je me suis mise à dépenser à tort et à travers, et comme le modeste budget alloué par mon père suffisait à peine pour mes frais incontournables, j’ai souscrit un prêt étudiant au Crédit Lyonnais qui était partenaire de mon école. En 3 ans, j’ai ainsi accumulé 120 000 francs de dettes (environ 18 500€) pour des bêtises: beaucoup de billets de train Toulon-Toulouse, des vêtements dont je n’avais pas besoin…
Mon DESCAF option marketing en poche, je me suis rendu compte assez vite que je n’étais pas du tout à ma place professionnellement et qu’il serait bon que je change de voie. Le problème, c’est qu’avec mon prêt à rembourser, je ne pouvais pas me permettre de reprendre d’autres études: je devais gagner de l’argent tout de suite pour ne plus être à la charge de personne. J’ai eu la chance de réussir à retomber sur mes pattes en devenant traductrice sans le moindre diplôme. Mais j’ai bien retenu la leçon de mon erreur: ne plus jamais m’endetter pour des choses qui n’en valent pas la peine.
Une fois mon prêt enfin remboursé, mon nouvel objectif financier a été de mettre de côté l’équivalent de 3 mois de dépenses courantes pour le cas où je connaîtrais une période de chômage technique, chose apparemment assez fréquente chez les freelance. J’ai eu de la chance, et à ce jour ça ne m’est jamais arrivé, mais avoir ces sous de côté me tranquillise – et me permet d’alimenter mon compte courant pour ne pas me retrouver à découvert lorsqu’un éditeur est en retard pour me payer (ce qui, par contre, se produit assez souvent).
Pour le reste, ma philosophie est la suivante: je peux dépenser tout ce qui reste une fois que j’ai déduit mes dépenses incontournables, mais sans toucher à mes réserves. Je n’ai pas de dettes autre que mon crédit immobilier, que j’aurai fini de rembourser en janvier prochain. Ca fait dix ans que je n’ai pas dû solliciter un prêt de mes parents (et que je ne reçois plus d’argent-cadeau de leur part, excepté la fois où mon père m’a offert de quoi m’acheter mon premier MacBook pour me remercier d’avoir passé un mois chez eux après son diagnostic de cancer). Je tiens énormément à cette autonomie, mais je tiens aussi à me faire plaisir au quotidien. Quelqu’un de plus fourmi que moi continuerait à économiser; quelqu’un de plus cigale piocherait régulièrement dans ses réserves pour voyager davantage en partant du principe qu’on n’a qu’une vie. Chacun son truc, et même si ça m’a pris beaucoup de temps, l’équilibre que j’ai trouvé me convient parfaitement.
Néanmoins, j’ai constaté que l’argent que je m’autorise à dépenser sans remords chaque mois pourrait être alloué de façon plus judicieuse. Que j’achète encore beaucoup de choses qui me font plaisir sur le moment mais qui au final vont m’apporter beaucoup moins que le billet d’avion que j’aurais pu me payer au bout de quelques semaines en les laissant dans le magasin. Donc, en 2017, j’ai décidé de remettre de l’ordre là-dedans. De ne plus faire de shopping impulsif et de privilégier les dépenses immatérielles car au final ce sont celles qui m’apportent le plus de satisfaction tout en m’encombrant le moins. Et comme la meilleure motivation pour moi, c’est de devoir rendre compte de mes actions d’une manière ou d’une autre, j’ai l’intention de lister à chaque fin de mois ce que j’aurai acheté de non-essentiel: ça me donnera l’occasion de vérifier si je suis toujours sur les rails et de corriger le tir dans le cas contraire!
L'essentiel est que tu aies trouvé un équilibre qui te convienne. Ton approche me paraît sage et prudente, surtout si tu peux te retrouver sans revenus en attendant qu'on te paye ce qu'on te doit. J'ai la chance d'avoir un traitement fixe mensuel mais nous mettons toujours de l'argent de côté chaque mois.
Bonne journée !
C'est fou… Même problème de dépenses et de découvert que toi(qui m'a même valu d'être interdit bancaire à l'âge de 18 ans).J'ai dilapidé le tout petit héritage que m'avait laissé ma mère (un psy dirait que j'ai compensé). Maintenant je suis comme toi mais en un peu plus fourmi car Mika est intérimaire donc on ne sait jamais ce qui peut arriver. De plus, je ne suis pas du tout shopping ! Les seules choses chères que je m'achète sans compter sont la nourriture "top qualité zéro défaut" (lol) , tout ce qui tourne autour de la naturopathie quand je suis malade et… les livres bien sûr (mais pas des tonnes finalement).
Je trouve super intéressant le rapport à l'argent de chacun, qui évolue avec le temps …Je suis en plein dedans en ce début d'année! célibataire,sans enfants, et avec un salaire plutôt confortable, j'ai toujours eu l'habitude de ne pas regarder à mes dépenses: voyages, habits, loisirs… je travaille beaucoup en compensation de mon salaire donc j'estime que je "mérite" bien de dépenser ce que je veux. Mes parents m'ayant toujours gâté mais en m'inculquant la valeur de l'argent, je me suis fait plaisir mais sans faire de folie ni me mettre en difficulté et tout en mettant de côté quand je pouvais. Or, depuis 2016, je suis propriétaire d'un appart qui a englouti toutes les économies et avec de lourdes échéances d'emprunts tous les mois. Je dois donc jongler avec mon budget serré, reporter et planifier certaines dépenses, et même j'ai du faire appel momentanément à ma famille qui m'a avancé de l'argent. Je me recentre donc sur les dépenses indispensables, ce qui n'est pas pour me déplaire. Ça coïncide aussi avec une envie de moins dépenser dans des futilités.. Et quand je me réveille tous les matins dans l'appart dans lequel je me sens si bien, je suis bien contente de faire ces efforts !
Tu as l'air d'avoir fait un sacré chemin, en tout cas 🙂
Mon père aussi est du genre fourmi, à tout consigner dans un grand cahier où tout est nickel. J'ai plus ou moins hérité de ce trait de caractère, calculant mes dépenses comme une sorte de jeu.
Puis, quand le premier vrai travail et le premier salaire sont venus, je me suis autorisée plus de dépenses, et ainsi de suite. Aujourd'hui, je ne pense pas être flambeuse (ou alors, à petite échelle) mais je me permets quand même des dépenses que mon ancien moi aurait trouvé folles 🙂 le plus gros de mon argent, hors dépenses courantes, part dans les livres et la nourriture/les restos.
Enfin, pour ce qui est de la vie en freelance, j'avais des professeurs qui nous conseillaient d'avoir deux ans de dépenses courantes avant de nous lancer. Au bout de 3 ans à réfléchir sur le sujet, j'en ai conclu que ce n'était pas possible, je me suis lancée avec 6-7 mois, de mémoire.