« Gilmore girls: A year in the life »

Au début du millénaire, j’ai fait partie des fans de la première heure de « Gilmore girls » – enchantée par le débit de mitraillette de Lauren Graham, les références culturelles tous azimuts d’Amy Sherman-Palladino, l’atmosphère de Stars Hollow et la dinguerie des personnages secondaires. Une année après l’autre, j’achetais les coffrets DVD américains lorsqu’ils sortaient, je me rationnais pour ne pas les visionner trop vite, puis je devais attendre l’automne suivant. Comme beaucoup de fans, j’ai été déçue par la 7ème et dernière saison dont la créatrice avait été évincée, et je brûlais d’envie de connaître les fameux « quatre derniers mots » par lesquels elle avait toujours voulu conclure sa série. J’ai longtemps espéré une suite sans trop y croire, et depuis que la confirmation du tournage de « A year in the life », j’étais partagée entre mon impatience de retrouver Lorelai, Rory et Cie et ma crainte que la magie ne soit plus au rendez-vous (comme avec le Veronica Mars movie qui m’avait fait un choc dans le mauvais sens du terme). Alors, ce revival, qu’est-ce que j’en ai pensé? 

ATTENTION: SPOILERS. 
PLEIN. 
VOUS AUREZ ETE PREVENUS.
Ce que j’ai beaucoup aimé:
– L’idée de calquer les 4 épisodes sur le rythme des saisons. Ca permet de varier les tenues, les ambiances et les activités à Stars Hollow, et puis aussi de sentir le temps passer sur un format qui n’est pas celui auquel la série nous avait habitués, d’autant que tous les épisodes ont été disponibles en même temps et que les fans ont tous dû les dévorer assez vite. 
– Le traitement de la disparition de Richard, ses obsèques, la nouvelle vie d’Emily en tant que veuve, le chagrin de Lorelai qui s’était pourtant souvent clashée avec son père. C’est la note la plus grave de « A year in the life », la plus réaliste aussi. J’ai trouvé qu’elle touchait juste, et constituait en outre un bel hommage à Edward Hermann.
– Rory qui, d’élève brillante dont on pensait qu’elle aurait toute la presse à ses pieds, est devenue une journaliste freelance qui galère comme tout le monde. Ca aussi, c’est une touche de réalisme bienvenue qui contrebalance le côté « conte de fées moderne » de la série, lequel pourrait finir par agacer autrement. (Par contre, comment une trentenaire soi-disant fauchée fait-elle pour passer sa vie à sauter au dernier moment dans un avion pour Londres?)
– La thérapie d’Emily et Lorelai. Si beaucoup de temps a passé, l’incompréhension fondamentale entre mère et fille demeure. Le plus souvent aussi comique que grinçante, elle devient parfois dramatique, voire carrément terrible comme lorsque Lorelai soûle évoque des souvenirs inappropriés de son père ou lorsqu’elle s’écharpe avec sa mère dans la cuisine, qui a toujours été le théâtre de leurs plus grands affrontements. 
– Toutes les scènes avec Paris. Mettons que je ne me rende pas compte que le personnage ressemble à une version légèrement plus jeune et plus caféinée de moi-même. Une décennie après la fin de la série, Paris Geller, sainte patronne des personnalités de type A, est toujours aussi terrifiante et hilarante. (Et puis la nouvelle coupe de cheveux de Liza Weil lui va super bien.)
– Le running gag du wifi au diner de Luke, et la vraie raison pour laquelle il ne fonctionne pas.
– Revoir tout le monde, ne fût-ce que l’espace d’une scène. Dans le Veronica Mars movie, j’avais trouvé que ce fan service faisait atrocement artificiel. Là, à la fois parce qu’il y a plus de temps à l’écran et parce qu’il est plus facile de justifier que les personnages secondaires soient toujours dans la vie des héroïnes, ça passe très bien, et ça contribue même à l’atmosphère un peu hors du temps de Stars Hollow: une fois qu’on habite là, pourquoi voudrait-on en bouger? Sauf évidemment si on est ce traître de Michel. Bonus: on découvre enfin que Lane a un père!
– Les cameos des acteurs de « Bunheads » (l’autre série d’Amy Sherman-Palladino) et de « Parenthood » (dans laquelle Lauren Graham a joué une mère assez différente pendant 6 ans après « Gilmore Girls »). Ca donne au revival un petit côté familial plus qu’approprié. 
Ce que je n’ai pas aimé:
– La relation ridicule de Rory avec Paul. Je comprends bien que c’était censé faire rire, mais le gag récurrent du petit ami que tout le monde oublie, y compris sa copine, tombe très vite à plat. Et puis ça ne ressemble pas du tout à Rory de traîner presque 3 ans à ses basques un type dont elle n’a rien à faire et ne voit jamais. 
– Le manque de communication dans le couple Lorelai-Luke. Sérieusement, quels quasi-quadragénaires a priori disposés à avoir des enfants ensemble passent 9 ans sans aborder le sujet une seule fois? Je comprends que si enfants supplémentaires il y avait eu, toute la dynamique de la série s’en serait trouvée modifiée. Mais j’aurais préféré une explication plus crédible à leur absence que « On a juste oublié d’en parler ». Et puis Luke qui ne dit pas à Lorelai qu’il s’est laissé entraîner dans des visites de locaux commerciaux par sa mère, Lorelai qui laisse Luke croire qu’elle continue la thérapie avec sa mère alors qu’elle y va seule… WTF, people? C’est un miracle que vous ayez tenu ensemble aussi longtemps.
– La relation secrète de Rory avec Logan. J’ai bien failli m’étrangler de dépit en découvrant ça. Ce gosse de riches trop gâté et irresponsable n’était déjà pas pour elle quand elle avait 20 ans; il l’est encore moins maintenant qu’elle en a 32 et qu’il est fiancé à une autre. Il a proposé de l’épouser et elle a refusé, alors pourquoi se la joue-t-elle plan-cul désinvolte avec lui tout en attendant visiblement autre chose?
– La comédie musicale. Ca occupait un trop gros bout de l’épisode « Eté ». Même si ça justifie la présence de Sutton Foster et si la chouette chanson de la fin fait écho aux sentiments de Lorelai d’un façon assez poignante. 

…Mais tout ça, c’est pour les trois premiers épisodes, qui ont leurs hauts et leurs bas en restant néanmoins toujours agréables à regarder. Le quatrième et dernier épisode, « Automne »? Ne cherchez pas: il est PAR-FAIT. Une fin meilleure que tout ce que j’aurais pu souhaiter ou imaginer. Une heure et demie d’émotion pure, le coeur gonflé et les larmes au bord des yeux. L’épiphanie de Lorelai en pleine cambrousse, et le coup de fil qu’elle passe à sa mère pour lui raconter son souvenir préféré de Richard. La folle équipée de la Life and Death Brigade, et les adieux de Rory à Logan et ses amis le lendemain matin. La grande tirade affolée de Luke dans la cuisine, quand il croit que Lorelai va le quitter. L’entretien avec une trophy wife pendant lequel Emily envoie bouler les horribles bonnes femmes des DAR, et la façon dont elle change radicalement de vie. Rory retournant écrire le début de son livre dans la maison vide de ses grands-parents où résonnent les voix du passé.  La conversation de Rory et Dean à l’épicerie, quand elle rend hommage au merveilleux petit ami qu’il a été. Enfin, le mariage tant attendu de Lorelai et Luke – nocturne, onirique, juste merveilleux.

Il y a tout dans cet épisode: le temps qui passe, les choses qui restent les mêmes et celles qui changent irrémédiablement, les décisions difficiles auxquelles on doit faire face, les questions auxquelles on doit trouver les réponses dans la douleur. La vie, quoi. Je n’aurais vraiment pas pu rêver mieux. N’en déplaise aux gens frustrés par les fameux quatre mots – et même si les Gilmore girls me manqueront beaucoup -, une autre suite ne pourrait que gâcher cette conclusion parfaite.

3 réflexions sur “« Gilmore girls: A year in the life »”

  1. Pour ma part, j'ai été assez déçue par le ridicule de certaines scènes comme le bar secret ou la scène du cinéma où tous se sortent à manger, ou l'apparition du père de Lane qui avait été complètement oublié pendant 6 saisons. Mais j'ai apprécié le traitement des galères de boulot de Rory qui toute diplômée de Yale qu'elle est, peine à se faire sa place au soleil. J'ai trouvé ça plus réaliste que si on nous l'avait montrée en exécutive woman à la tête d'un grand magazine.Et je dois avouer que l'évolution physique de Lorelei et les cheveux teints (ou perruques) de Luke m'ont grandement perturbée.

  2. Ah c'est drôle parce que pour moi le bar secret ou la scène du cinéma, c'est du pur GG! Scott Patterson a des implants, ils se sont débrouillés pour le planquer au max dans ces 4 épisodes mais dans les clips de promo qu'on a vu sur le net, c'est juste affreux. Et Lauren Graham, la plus belle femme du monde à mes yeux il y a dix ans, a un peu morflé niveau visage, c'est sûr, mais quelque part, ça me rassure: si son ovale a foutu le camp, le mien n'avait aucune chance non plus!

  3. Je pourrais dire plein plein plein de choses mais tu as assez bien résumé ce que je pense.
    J'ai eu beaucoup de mal avec le premier épisode puis c'est remonté au fil des saisons jusqu'à ce que l'automne soit absolument parfait. Du pur Gilmore ! Seuls les 4 derniers mots sont de trop, à mon sens.
    Et je prie vraiment fort pour qu'ils ne fassent plus de suite.

Les commentaires sont fermés.

Retour en haut