La révision des 45000, épisode 3

Quand je me réveille, une infirmière vient m’annoncer que « Tout s’est bien passé » sans plus de précisions, et me demande si j’ai mal. Non, et je me sens nettement plus réveillée que certains matins. On me remonte dans ma chambre où, pour tuer le temps, j’entame les Chroniques des Cazalet. Bon choix: c’est à la fois facile à lire et très prenant. Je viens de finir ma collation quand ma gastroentérologue passe en coup de vent. « Je n’ai pas terminé au bloc, je dois redescendre tout de suite, mais je voulais vous rassurer: vous n’avez rien. Je reviens tout à l’heure vous expliquer plus en détail. » Si ça n’était pas tout à fait inapproprié, et si je n’avais pas une haleine de poney au sortir de l’anesthésie, je l’embrasserais pour sa gentillesse. 
Ses interventions du jour terminées, elle réapparaît pour me dire que l’intérieur de mon colon est nickel, je n’ai même pas un petit diverticule dans un coin. D’un côté, je suis rassurée; de l’autre, ça ne m’explique pas l’origine des fameux maux de ventre qui m’angoissent depuis des mois. Elle me dit qu’il est toujours possible qu’il y ait quelque chose sur la paroi extérieure du colon, mais que dans ce cas j’aurais sans doute d’autres symptômes tels que… des trucs dont je me souviens juste que je ne les ai pas, car visiblement je n’étais pas aussi bien réveillée que je le pensais et ma mémoire n’enregistrait que les faits essentiels. Elle me prescrit un mois d’anti-spasmodiques pour voir si ça arrange le problème. Puis elle passe à ma voisine de chambre, qui a l’âge de mes parents et plusieurs diverticules de taille variée (ce qui me fait une occasion d’apprendre en quoi ça consiste et comment les éviter, même si ça ne va pas me servir tout de suite – apparemment, les graines et les pépins sont l’ennemi numéro un). 
Gaby vient me chercher pour me ramener chez moi. Le temps que j’arrive, il est presque 14h. Je passe un après-midi paisible à manger des fruits, lire, siester et surfer sur internet depuis mon canapé. Assez vite, je commence à avoir mal au ventre, et dans la soirée, c’est devenu très douloureux (ce qui n’avait pas été le cas la dernière fois pour autant que je me souvienne). Je prends un Doliprane et je vais me coucher en craignant de passer une mauvaise nuit, mais je suis tellement crevée des deux précédentes qu’au final, je roupille comme une bienheureuse pendant plus de huit heures d’affilée. 
Le lendemain, il fait gris et il pleut, mais je me traîne quand même chez ma dentiste pour mon détartrage annuel. « Vous êtes une fée », lui dis-je en constatant que je ne crache pas la moindre goutte de sang après son passage sur toute la mâchoire inférieure. « Bah, c’est vous qui vous lavez bien les dents, il n’y a pas grand-chose à faire », me répond-elle modestement. Et elle me réenfourne son instrument avant que je puisse objecter que je me lave les dents de la même façon depuis plus de 40 ans et que tous ses prédécesseurs sans exception m’ont toujours mis la bouche en sang. (Si vous habitez en région toulonnaise et que vous cherchez, pour vous ou vos enfants, un dentiste qui ne fait pas mal, je vous donne volontiers ses coordonnées par mail. Même chose pour ma gastroentérologue, cette héroïne.)
Du fait que je vais suivre un traitement médicamenteux pendant un mois, je renonce à faire la prise de sang prévue mercredi matin et annule le rendez-vous de suivi chez mon généraliste jeudi après-midi. J’irai fin novembre; ça suffira bien. Maintenant que je n’ai plus l’impression d’être en train de mourir du bide, je survivrai probablement quelques semaines sans vérifier où en sont ma légère anémie et ma VS trop élevée. Je me sens comme ressuscitée. Je me fous de la météo déprimante; je bosse alors que rien ne m’y oblige et je fais plein de projets pour la fin de l’année. J’ai d’ailleurs eu une idée assez géniale (oui, c’est ma dentiste qui a capté toute la modestie disponible dans la région) pour remercier ma gastroentérologue de sa bienveillance d’une manière qui ne nous gênera ni l’une ni l’autre – mais le fait que ça fonctionne ne dépendra pas seulement de moi, et il faudra quelque temps pour dire si ça a marché ou non. J’espère pouvoir vous montrer ça prochainement!

4 réflexions sur “La révision des 45000, épisode 3”

  1. Heureuse d'apprendre cette bonne nouvelle !
    (et intriguée par l'idée géniale ^^)
    Belle fin de semaine

  2. C'est fou comme cette bonne nouvelle pour vous me donne de l'élan pour faire la liste des checks que je devrais faire pour moi (liste que je fuis depuis des mois, tant qu'à mourir autant ne pas le savoir ou le plus tard possible.) Bon week end !!

  3. J’espère que tu es rassurée !
    Ca fait plaisir de voir qu’il y a des gens bienveillants… Je suis aussi intriguée par ton idée.

    Je te souhaite un bon week-end !

Les commentaires sont fermés.

Retour en haut