"Les ferrailleurs T1: Le château" (Edward Carey)

Au milieu d’un océan de détritus composé de tous les rebuts de Londres se dresse la demeure des Ferrayor. Le Château, gigantesque puzzle architectural, abrite cette étrange famille depuis des générations. Selon la tradition, chacun de ses membres, à la naissance, se voit attribuer un objet particulier qui le suivra toute sa vie. Clod a quinze ans et possède un don singulier: il est capable d’entendre parler les objets… Tout commence le jour où la poignée de porte appartenant à Tante Rosamud disparaît. Les murmures des objets se font de plus en plus insistants. Dehors, une terrible tempête menace. Et voici qu’une jeune orpheline se présente à la porte du Château…
J’avoue: ce roman est une entorse à ma règle « Pas d’achats de livres en mai ». Mais je suis passée à la Fnac la veille d’un voyage en train de 7 heures, alors que j’avais déjà épuisé toute la lecture emportée à l’aller, et l’illustration de couverture m’a fait de l’oeil – sans parler de sa texture légèrement gaufrée. Je ne regrette absolument pas mon craquage. « Les ferrailleurs » s’annonce dans ce tome 1 comme une série à nulle autre pareille, même si on peut lui trouve une parenté avec « les délices steampunk d’Otomo ou de China Miéville, féerie machinique peuplée de cauchemars gothiques », pour reprendre les mots de François Angelier.

Dans une atmosphère lugubre à souhait évoluent deux adolescents orphelins qui racontent l’histoire tour à tour: Clod Ferrayor, garçon en culotte courte au physique peu avantageux, souffre-douleur de ses cousins plus robustes, et Lucy Pennant, servante rousse et rebelle qui refuse d’oublier son vrai nom ou d’accepter qu’elle est condamnée à ne jamais sortir du Château. Quelques témoignages éclairants d’autres domestiques et membres de la famille Ferrayor viennent se mêler à leur récit croisé, illustré de dessins réalisés par Edward Carey.

J’ai adoré l’idée selon laquelle chaque habitant du Château possède un « objet de ses jours », cadeau de naissance qui en dit long sur sa personnalité et dont le contact se révèle aussi intime qu’un acte sexuel. Mais ce n’est que l’un des éléments qui contribuent à bâtir un univers très singulier, repoussant et fascinant en égale mesure. L’intensité dramatique ne faiblit jamais tout au long de ce tome 1, et la fin spectaculaire (il y aurait moyen d’en tirer une fabuleuse adaptation au cinéma) donne très envie d’enchaîner immédiatement sur le tome 2. Une belle découverte.

3 réflexions sur “"Les ferrailleurs T1: Le château" (Edward Carey)”

  1. Cela m'a l'air très intrigant…Merci du conseil!

    Je ne peux pas m'empêcher de penser, cela dit, que c'est drôle qu'avec ce patronyme, il se soit engagé dans des tonalités / univers finalement pas si éloignés d'Edward Gorey! De quoi se demander si ce n'est pas un pseudonyme un peu hommage 🙂

  2. Une nouvelle lecture à ajouter à la liste des bouquins à dévorer ! Merci pour cette découverte 🙂

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