La vraie peur

Ces attentats de Bruxelles, on les attendait depuis des mois. Ils n’ont rien de surprenant. Ils n’ont hélas rien d’exceptionnel non plus: depuis l’année dernière, des terroristes se font exploser un peu partout dans le monde, même s’il est compréhensible que nous soyons davantage touchés quand ça arrive près de chez nous. Le choc finit par s’émousser. La peur, évidemment, reste vivace face au spectre d’une mort si brutale et si aléatoire. Pourtant, on a toujours bien moins de risques de succomber à une attentat qu’à un accident de la route, et la plupart des gens n’y réfléchissent pas à deux fois avant de monter dans une voiture. 
Plus que les attentats eux-mêmes, ce qui me préoccupe aujourd’hui, c’est la façon dont nos gouvernements (j’entends par là: le belge et le français) y réagissent. Il semble à peu près évident que la radicalisation de certains jeunes Musulmans découle du fait qu’ils ne trouvent pas leur place dans notre société, et que ça les met dans une colère que Daesh a trouvé le moyen d’exacerber pour la changer en haine meurtrière. Face à cela, la logique voudrait qu’on remette en cause la discrimination raciale ou religieuse en Occident, qu’on travaille à éduquer les gens pour leur permettre de vivre tous avec une égalité de chances et dans un respect mutuel, quelles que soient leur couleur de peau et leurs croyances. 
Au lieu de ça, on renvoie les Syriens qui ont fui leur pays ravagé par les responsables mêmes de ces attentats, alors que les lois européennes et la simple humanité devraient nous contraindre à les accueillir de notre mieux. On instaure un état d’urgence qui, jusqu’à preuve du contraire, a pour le moment uniquement servi à arrêter des militants altermondialistes et autres opposants au pouvoir en place. On parle de mettre en oeuvre des mesures sécuritaires qui frisent le totalitarisme. On entretient un climat anxiogène à travers les médias. On demande à la communauté musulmane de se désolidariser des terroristes alors qu’elle est la première victime des attentats à travers le monde et que jamais aucun Chrétien n’a été sommé de se désolidariser du Ku Klux Klan. 
On dresse toujours plus de murs alors que ce qu’il faudrait depuis le début, c’est les abattre. 
Bref, on prend le problème complètement à l’envers. Je vous le dis: aujourd’hui, ce qui me fait le plus peur, c’est l’inhumanité et la bêtise des gens qui nous gouvernent. 

A lire: cet article très intéressant sur la part de responsabilité que nous portons tous pour l’état actuel des choses…

5 réflexions sur “La vraie peur”

  1. Si tu savais comme ça me fait du bien de lire ces lignes ! De trouver une personne qui pense comme moi ! Je n'ai rien à ajouter à ton article … Merci.

  2. Je suis d'accord, en gros.Personnellement,je lutte constamment contre des pensées réacs et de rejet qui m'envahissent(une de mes anciennes élèves, Justine, 23 ans l'âge de mon fils,a été tuée le 13 /11,c'est bien concret,là) ,je ne pense pas être la seule…

  3. A propos,il y a longtemps que tu n'as pas fait de revue de presse, je dis ça je dis rien…

  4. C'est que l'exercice devient un peu désespérant, j'ai l'impression de ressasser toujours les mêmes trucs pas très gais…

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