La première fois que j’ai entendu David Bowie, ça devait être un album de sa période Ziggy Stardust, dans la chambre sous le toit d’une cousine plus âgée qui l’avait découvert peu de temps auparavant et avait conçu pour lui une vénération immédiate. Sur le coup, ça m’avait laissée assez froide.
Le première fois que j’ai vraiment écouté David Bowie, c’est quand Marc Toesca a commencé à passer « Let’s dance » dans son émission du Top 50. L’album éponyme est sans doute son plus méprisé, mais je parie que c’est le seul sur lequel les gens de ma génération ont tous des souvenirs de boum. En 3ème, j’avais une prof d’anglais cool qui nous faisait étudier des textes de chansons pendant les cours renforcés; j’avais apporté celles de « China Girl » découpées dans OK Magazine, et on les avait décortiquées en classe. C’était cool.
La première fois que j’ai vu David Bowie comme acteur, c’était dans « Les prédateurs », film tiré d’un roman de Whitley Strieber qui m’avait infiniment troublée. Je commençais tout juste à développer la fascination pour les vampires qui allait me durer plus d’une décennie, et la prestation de Bowie en prédateur déchu, tragique, m’avait beaucoup marquée.
La dernière fois que j’ai vu David Bowie comme acteur, c’était dans une autre adaptation de roman, « Le prestige » – et honnêtement, je ne m’en souviens même pas. Entre les deux, rien: « Furyo » n’était pas du tout ma tasse de thé, et je suis inexplicablement passée à côté de « Labyrinthe ».
Les deux fois où je me souviens très bien d’avoir entendu une chanson de David Bowie dans un fauteuil de cinéma, c’était pour « Frances Ha » (la scène où l’héroïne danse dans la rue sur « Modern Love », la seule je crois qui m’a vraiment plu dans tout le film) et pour « Le monde de Charlie » (la scène où les héros roulent en pick-up la nuit en écoutant « Heroes »). Dans le second cas, je me souviens m’être dit qu’il n’était guère vraisemblable que des fans de rock ne connaissent pas ce morceau.
La dernière fois que j’ai parlé de David Bowie avec des amis, c’était chez M1 et M2 alors qu’on traînait à table après le dessert. Yal m’a appris que Bowie avait un cancer, ajoutant qu’il ne lui donnait pas longtemps à vivre. Le crabe qu’on ne connaissait pas encore à Yal à cette époque l’aura emporté avant celui de Bowie. La vie est étrange parfois.
La dernière fois que j’ai rouspété contre David Bowie, c’était au printemps dernier, à l’occasion de l’exposition qui lui était consacrée et que j’avais été voir à Paris avec Chouchou. Trop de monde, trop d’audioguide obligatoire – j’étais sortie en trombe et furibarde au bout de deux salles, avec une forte envie de meurtre de masse.
La seule et unique fois où j’ai lu une bédé consacrée à David Bowie, c’était « Haddon Hall », et c’était vachement bien.
La chanson de David Bowie la plus écoutée dans mon iTunes (elle figure même dans mon top 10!), c’est « Sufragette City », un de ces morceaux qui me filent une pêche irrésistible dès les premières notes et me font faire des bonds dans tous les sens. Ca ne rate jamais. Je me souviens d’une scène dans « Gilmore Girls » où Jess rencontre enfin son père biologique, qui ne semble rien avoir de commun avec lui, jusqu’au moment où ce morceau passe à la radio et où ils commencent tous les deux à hocher la tête en rythme de la même façon.
David Bowie n’était pas mon idole, et je suis loin de connaître toute sa discographie, mais j’admirais le bonhomme pour son audace sans limites et sa capacité à sans cesse se réinventer. Son élégance morale, son goût impeccable, sa créativité toujours renouvelée. Des artistes de son calibre, il n’en existe pas tant que ça.
Sans être une fan inconditionnelle, j’ai discrètement sautillé de joie dans le ciné en découvrant Bowie incarner Tesla dans Le Prestige. Le rôle tient plus du caméo que d’autre chose, mais ça m’a curieusement marquée. Depuis, c’était le petit plus quand je voulais vendre ce film de Nolan…
Sinon, il m’était une figure sympathique.
[Hélas, ce billet mortuaire n’est même plus d’actualité à l’heure où je rédige ce commentaire o_o]