L’été qui s’attarde

On sent bien que les jours raccourcissent, que le fond de l’air fraîchit. Mais il fait encore juste assez bon pour s’installer à la terrasse des cafés avec un verre de liquide rouge et sucré que traverse un rayon de soleil pâlissant. Dans les librairies, les tables croulent sous les titres de la rentrée littéraire. Pas facile de faire un choix. Attirée par un titre intrigant, une illustration de accrocheuse, le nom d’un auteur dont on a aimé un ouvrage précédent, on saisit un livre, on lit la quatrième de couverture, on hésite. On le repose et on passe au suivant. On finit par se diriger vers la caisse les bras chargés, le coeur partagé entre jubilation et culpabilité. Les transports en commun ont repris leur rythme de croisière; aux heures de pointe, ils grouillent de lycéens bronzés et nonchalants. Les orteils vernis s’exhibent toujours dans les sandales conquises de haute lutte pendant les soldes, mais à l’approche du soir, on se couvre les épaules d’un gilet fin, et à la maison, on a coupé la clim’. La langueur des vacances s’attarde dans les gestes, dans l’absence de fébrilité au travail et le manque d’urgence des corvées quotidiennes: « Oh, ça attendra bien un peu ». Sur les étals du marché, on cherche les dernières fraises de la saison; on palpe les melons en sachant très bien qu’ils ne seront plus tout à fait aussi sucrés qu’en juillet. Les collections automne/hiver envahissent peu à peu les vitrines; on admire ici la coupe d’un manteau, là l’imprimé d’une robe ou l’élégance d’une paire de bottines, mais on peine encore à se projeter dedans. Par contre, on se jette sur la papeterie de la rentrée des classes avec des mines gourmandes. Oh, l’agenda choupinet! Oh, les Post-It en forme de hiboux! On songe vaguement qu’il faudrait se renseigner pour les horaires des cours de yoga, penser à s’inscrire avant que l’élan de bonne volonté ne se dissipe. On prend des résolutions: se lever plus tôt, courir deux fois par semaine, lire davantage de non-fiction… mais pas tout de suite, peut-être. Pour l’instant, on savoure les vestiges de l’été qui s’attarde. 

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3 réflexions sur “L’été qui s’attarde”

  1. Je me retrouve tout à fait dans cette description.
    Je rajoute juste que depuis que le soleil n'est plus aussi chaud et qu'on a basculé vers l'automne je regarde les arbres avec attention, parce qu'ils vont rapidement prendre leurs plus belles couleurs (oui, l'automne est ma saison préférée!)

  2. Moi aussi, l'automne est ma saison préférée, mais j'aime bien ce reste d'été qui traîne.

  3. Comme c'est bien dit tout ça….
    Moi aussi c'est la période de l'année que je préfère, plus vraiment l'été mais pas tout à fait l'automne….
    bisous

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