20 shades of Armalite

L’appréhension quand je me lève pour attaquer cette journée que je redoute depuis le mois dernier. 
L’énervement quand, dans la boutique de reprographie, la machine que j’utilise multiplie les incidents de fonctionnement tandis que tous les autres clients me bousculent sans s’excuser et que l’heure tourne, tourne, tourne…
La honte de ne pas pouvoir me retenir de hurler pendant l’examen tellement je crève de mal, bordel.
L’abattement quand ma gynéco m’annonce que non, après la ménopause, je ne pourrai pas reprendre une vie sexuelle normale parce que loin de se résoudre, le problème actuel empirera encore. 7 ans que je comptais les jours jusqu’à mon 50ème anniversaire avec un… euh, coeur gonflé d’espoir. (Par la même occasion, j’apprends qu’à cause de mon endométriose, je n’aurai pas droit aux traitements hormonaux de substitution. Mais youpi, quoi.)
L’inquiétude pour Chouchou quand, en plus, elle me dit que toutes les poudres dont il se bourre pour améliorer ses performances à la gym sont des facteurs d’accidents cardio-vasculaires.
L’hébétude en ressortant de la clinique et en me dirigeant machinalement vers le centre-ville pour chercher un endroit où manger avant la suite des réjouissances. 
La surprise de tomber, chez Les Têtes d’Ail où je me rends pour la première fois, sur une amie parisienne de passage dans la région. Je ne m’attends tellement pas à la voir là que je mets quelques secondes à réagir quand elle se plante devant moi en souriant et m’appelant par mon prénom. 
La déception de constater que la confiture maison qui accompagne le yaourt bio (et qui m’a poussée à préférer cette option au crumble poire/fruits rouges) est de la prune, que je déteste. 
L’indignation quand les premières gouttes commencent à tomber. Il faisait super beau quand je suis partie ce matin, et comme on n’est pas à Bruxelles, je n’ai pas de parapluie dans mon sac. Mais courir sur un kilomètre en tenant mon manteau au-dessus de ma tête, ça fait à la fois cardio et muscu, Jillian serait fière de moi!
La tristesse de voir qu’à la Poste du quartier où j’ai grandi, les employés ont presque tous été remplacés par des automates.
La satisfaction d’avoir enfin envoyé le dossier professionnel en souffrance depuis un mois. L’association de gestion agréée, c’est fait; maintenant, déclarer mes revenus 2014 à l’Agessa…
Le soulagement quand le remplaçant de mon ophtalmo m’annonce que ma double hypertonie oculaire reste stable, et qu’on peut repousser le moment de traiter jusqu’à nouvel ordre. « Peut-être même indéfiniment. »
Le plaisir de retomber sur mon ancienne coiffeuse, connue il y a plus de 20 ans lorsqu’elle était encore apprentie, et devenue depuis lors manager de son salon. « Justement, je pensais à vous il n’y a pas longtemps: ma fille veut faire traductrice! » Comment lui dire que ça n’est pas franchement un métier d’avenir? 
La volupté d’un long massage du cuir chevelu qui, à lui seul, justifierait presque la note de 92€. Mais comme en plus de ça, j’ai les longueurs superbement glossées, le dégradé coupé pile comme j’aime et la frange bien droite, juste à la bonne hauteur pour ne rien planquer des immenses nouvelles lunettes que je récupère vendredi, je suis à deux doigts de demander ma nouvelle coiffeuse en mariage. 
La grogne quand je m’aperçois que Carrefour n’a aucun modèle de grille-pain qui me plaît et que les perceuses coûtent la peau du fondement. Tant pis, je vais juste acheter des tomates, de la polenta et des noix pour Chouchou. (« Chéri, pour la reprise des réjouissances horizontales, ce sera dans une autre vie. Tiens, prends donc de quoi grignoter à la place. »)
L’oubli de tout ce qui m’entoure dans le bus pendant que je termine le formidable « Un tout petit rien » commencé le matin même dans la salle d’attente de la gynéco. 
La culpabilité de ne pas faire de fitness aujourd’hui, mais mes genoux tirent de plus en plus fort depuis une semaine et il serait sans doute sage de leur accorder un peu de repos. 
Le bonheur de trouver deux cartes d’anniversaire ornées de renards dans ma boîte à lettres (merci Titite et Mélu!).
Le réconfort des bras de Chouchou.
Le calme d’une soirée à deux sur Chloé-Jasper (mon canapé transexuel) après cette journée un peu éprouvante. Demain, je dois être en forme: les peintres vont me réveiller de bon matin pour faire la porte de l’appart’, et je boucle l’énorme traduction chiante qui m’occupe depuis mi-janvier. 

10 réflexions sur “20 shades of Armalite”

  1. bonheur, réconfort, calme…. Reste donc sur ces trois dernières notes positives, ta journée a l'air très éprouvante…

  2. Tasha Gennaro

    Tu nous montreras des photos de ta nouvelle coupe ET de tes nouvelles lunettes? Je viens de changer de lunettes moi-même, je suis donc curieuse!
    Courage pour cette nouvelle pas réjouissante chez la gynéco. Et pour la fin de la traduction. Et pour les peintres chez toi. Tu noteras le decrescendo dans ma petite liste.
    Et… bon anniversaire, donc?

  3. Mais quelle saloperie, cette maladie. Je t’envoie plein de pensées positives, à défaut 🙁

    C’est marrant, « faire traductrice », « faire de la traduction ». Traduire, quoi. Il reste un créneau en traduction technique : la traduction rédactionnelle/de luxe (marketing, œnologie, mode, tourisme, etc.), si bien sûr elle fait pas croate-français.

    Une photo de tes nouveaux cheveux ? 😀

    (Et enfin, je n’ose imaginer ce que vous faites si le grille-pain et la perceuse devaient servir aux réjouissances horizontales)

  4. Bravo pour avoir fait face à ta journée, je t'envoie du réconfort à poser sur les mauvaises nouvelles.
    Tu mérites bien de t'offrir un moment digne d'une comédie romantique, sans conséquences et complètement à ta portée, vu le dernier point de ton billet 😉
    J'ai eu droit il y a un an à des peintres très jolis dans ma cage d'escalier et j'ai par hasard ouvert la porte de mon appartement quand l'un d'eux peignait à genoux juste devant => rencontre fortuite, moi étonnée, lui en position "proposition de mariage", sourire charmeur, un ange passe en jetant des paillettes autour de lui (ou alors, c'était l'odeur de solvant qui faisait voir des étoiles?).
    Donc voilà, c'est le jour de ta porte, vas-y, fonce ^^ !

  5. mais tu en as fait des choses dans cette même journée !
    j'espère qu'on n'a pas choisi le même renard !
    quelle cochonnerie cette maladie, de tout cœur avec toi.
    la peau du fondement m'a bien fait rire.
    garder le meilleur et rejeter le reste, profite bien des bras de chouchou.

  6. l'endométriose, quelle belle cochonnerie… Que te dire à part, courage, je sais que ça fait souffrir…
    Sinon heureusement que tu as eu plein de petits bonheurs, qui, cumulés en font un grand.

  7. Chouette, j'avais peur que ce soit un peu juste pour l'envoi 🙂 Des bisous pour compenser le moins agréable de ta journée.

    Mélusine

  8. Tasha et Shermane: c'est pas vraiment une nouvelle coupe, juste un rafraîchissement de l'ancienne, mais je montrerai sûrement des photos avec mes nouvelles lunettes!

    Titite: non, pas les mêmes renards, celui de Mélu était dessiné 🙂

  9. J'espère que tu as bien aimé Les Têtes d'Ails même s'il n'y avait pas le bon parfum de confiture.
    En te souhaitant beaucoup de courage pour surmonter tes épreuves de santé qui je l'espère trouveront une solution.

    Sparkes

  10. Hello,

    je sais que ce n'est pas rien (je l'ai fait à 44 ans pour cause d'énorme fibrome) de se faire enlever l'utérus, mais vu tout tes problèmes, les douleurs etc, je me demandais si ta gynéco l'avait envisagé. As-tu pris un deuxième avis ?

    Bon courage en tout cas, j'admire ton côté battant :-).

    Vincienne

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