
Grâce à la cliente de Chouchou qui l’appelle à 7h15, je suis debout à 7h45: encore un quart d’heure de gagné sur l’instant V (comme verticalisation). Je viens de réaliser à qui le méchant de ma trad me fait penser – c’est Keyser Söze, en plus flippant. Mais, euh, des cèdres à Montpellier, vraiment? Chie Mihara me souhaite de joyeuses fêtes. Ils peuvent: sur le peu de chaussures que j’ai achetées cette année, il y avait deux paires qui venaient de chez eux. Ah, le livre que je dois commencer à traduire en janvier est arrivé… et c’est un monstre. J’informe deux autres éditeurs qui ne m’ont pas donné les dates de remise pour leurs prochains ouvrages que du coup, ma date de remise minimum passe pour l’un à fin avril, et pour l’autre à mi-juin. Réponse du premier: il me faut votre traduction pour mi-avril. J’attends avec impatience que l’autre me dise qu’il a besoin de son bouquin pour, genre, fin février. Par contre, bonne nouvelle: le virement que j’attendais depuis juin 2013 vient d’arriver. Pour fêter ça, je renonce à faire mes cinq dernières pages de la journée (je sais, c’est mal) et m’aventure dehors en pleine tempête afin de me rendre à une dédicace. Presque une heure pour faire neuf arrêts de bus dans des bouchons hallucinants et sous une pluie battante. Une fois sur place, encore une grosse heure d’attente debout, avec mon dos qui me torture. Et quand vient mon tour et que je réclame un dessin de madame D., écrivaine spirituelle au menton et au nez archi-pointus, qui arbore des lunettes rondes géantes et un chignon vertigineux, je me retrouve avec une vieille dame générique au menton et au nez ronds, avec de petites bésicles et des cheveux courts vaguement gonflés à l’arrière. Je suis déçue. Je comprends bien que ça doit être crevant de dessiner à la chaîne, et je sais que l’auteur (par ailleurs fort sympathique) n’est même pas rémunérée pour ça, donc je remercie avec un grand sourire; mais si j’avais su, je serais restée au chaud à la maison au lieu de choper la mort et de me bousiller les vertèbres. Heureusement, le retour est plus rapide. J’arrive chez moi; la lumière du hall est cassée. Je monte les étages à tâtons en m’imaginant rater une marche et me fracasser le crâne sur le palier du dessous, puis je mets une éternité à trouver le trou de la serrure avec ma clé. Chouchou me rejoint quelques minutes plus tard: le Delhaize Flagey, où il devait passer récupérer ce soir les courses faites sur internet, a été pris d’assaut par des syndicalistes qui l’ont forcé à fermer. Et dans la commande eFarmz, mon cramique bien-aimé a été remplacé par un craquelin. Apparemment, le dieu des petites contrariétés a décidé que c’était ma fête aujourd’hui. Tant que ça empêche son jumeau le dieu des grands drames de s’intéresser à mon cas! Changer d’actrice au milieu d’une scène entre le pilote et le deuxième épisode de « Transparent », c’était assez culotté. « Je n’aime pas que mes cheveux fassent un angle avec mon crâne », me déclare très sérieusement Chouchou pour m’expliquer sa politique de tonte. Avant de prendre un air dégagé comme je fronce les sourcils et renifle en essuyant la vaisselle, au cas où je croirais que c’est le T-Rex sur mon torchon qui vient de lâcher un pet. Une chose est sûre: je mourrai peut-être d’asphyxie, mais probablement pas d’ennui.
Vous aussi, vous avez vécu le même vendredi -_-
Je ne suis pas claustrophobe mais la RATP me l'a presque fait devenir, après une journée à traduire en mode automatique et à courir après le temps.
Soutien à Chouchou : dans les situations potentiellement embarrassantes, on tente le tout pour le tout hein 🙂