In the mood for winter

Bon d’accord: techniquement, nous ne sommes pas encore en hiver. Mais l’été indien a été si beau et s’est prolongé si tard que la transition n’en a été que plus brutale. Depuis un mois et demi, le ciel est gris et bas sur Bruxelles, même si j’ai déjà connu de pires froids à cette période de l’année. Il n’a pas cessé de pleuvoir durant mon dernier séjour monpatelinois (du jamais vu!) et les contrariétés s’entassent de façon presque comique depuis deux semaines – rien de grave, juste des trucs qui bouffent du temps et de l’énergie au lieu de se régler en deux coups de cuillère à pot comme ils le devraient. Sans compter que la période des fêtes n’est franchement pas ma préférée.
Mais bizarrement, bien que je continue à râler sur les choses qui fonctionnent de travers, à ne pas mâcher mes mots dans des situations qui me déplaisent et à n’avoir aucune patience vis-à-vis des gens qui m’irritent, je ne m’attarde pas dessus. Je fais le nécessaire (généralement: relancer les administrations/les services comptabilité ou clientèle avec un cocktail politesse-fermeté bien dosé), et puis je passe au truc suivant sur ma To Do List. Mon moral est remarquablement stable, pas stratosphérique, mais dans une bonne moyenne.
A vrai dire, cette saison de repli sur soi-même et sur son foyer m’arrange bien. Depuis quelques mois, je réfléchis pas mal à deux notions, deux qualités ou traits de caractère qui me font défaut – l’un que je pense que je gagnerais à cultiver, et l’autre pour lequel je ne ne suis vraiment, vraiment pas sûre. Le livre d’Amanda Palmer, « The Art of Asking« , arrive à point nommé pour nourrir ma réflexion. Nous sommes radicalement opposées sur les points qui me préoccupent, et je trouve fascinant d’observer le raisonnement, le mécanisme à l’oeuvre chez quelqu’un qui a sciemment décidé de faire tout le contraire de moi. D’autant qu’elle explique ça très bien et étoffe son récit de plein d’exemples positifs. Je pense qu’il me faudra un moment pour digérer ça et en tirer des conclusions me concernant. Ca tombe bien: la météo est propice à l’instrospection.
Je vais au lit de bonne heure. Je bouquine énormément, avec quelques chouettes découvertes. Je dors bien, et je me lève sans trop de mal le matin malgré l’absence de lumière naturelle. Je bois sûrement trop de thé et de chocolat chaud. Je mange sûrement trop de plats roboratifs (mais j’ai décidé de faire la fête à mes bourrelets en janvier). Je suis soulagée de voir mon planning de boulot quasiment plein pour 2015, avec peut-être une perspective de nouveauté. Je fais des plans pour le blog. Je réfléchis aux choses superflues dont je pourrais encore me débarrasser, et aussi aux quelques bricoles vraiment utiles dont l’acquisition serait justifiée. J’essaie de voir ce que nous pouvons raisonnablement envisager comme déplacements l’année prochaine, en plus d’un passage en Gruyérie, des incontournables Imaginales et d’une visite à ma famille. Je m’interroge sur ce que je peux améliorer dans ma vie (même si je la trouve déjà vachement bien).
Je m’interroge sur ce que je peux améliorer chez moi (même si je me trouve déj. Sur mes motivations pour le faire. Sur ce que j’y gagnerais peut-être en bien-être, sur ce que j’y perdrais peut-être en authenticité. Les efforts à fournir et les résultats escomptés.
Parfois, j’ai l’impression d’être un chantier qui ne sera jamais fini. Une maison où, chaque fois qu’on se croit enfin tranquille, on se rend compte qu’il va falloir changer ceci ou refaire cela. Que le tapis correspondait à nos goûts à l’époque où on l’a acheté, mais que là, il est temps de le remplacer. Et que du coup, ça obligera probablement à rafraîchir les peintures.
Je cherche mon mot pour 2015. Pour l’instant, celui qui s’impose à moi, c’est la « qualité que je gagnerais à cultiver » dont j’ai parlé plus haut. Et… je n’ai pas envie de m’infliger encore tout ce travail. J’ai envie de choisir quelque chose de gai et de facile: magie, lumière, légèreté. Tant de gens vivent sans se poser des questions en permanence; pourquoi ne puis-je pas en faire autant? Pourquoi faut-il que je me sente toujours en compétition avec le meilleur moi que je pourrais être, que je considère comme mon devoir de m’en rapprocher le plus possible? Pas pour faire plaisir aux autres, pas pour être plus aimée, juste pour satisfaire mes propres exigences et être en paix avec moi-même. 
Je crois que je n’aurai pas trop de trois mois d’hiver pour tenter d’y voir clair là-dedans. 

5 réflexions sur “In the mood for winter”

  1. Mon mot pour 2014 était "persévérance", qui m'a bien suivie. Je ne tiens pas bien celui de 2015 encore mais je n'ai pas autant pleinement conscience et connaissance de mon esprit et mon fonctionnement que toi!

  2. "Un chantier jamais fini", pour se sentir vivant, ça me parait très supérieur à une construction bien ripolinée dont on attend doucement la décrépitude…

    Et je ne crois pas vraiment que des gens vivent sans se poser de questions.

    Après… je suis fan de l'idée qu'on apprend en permanence et que c'est ça qui est bien, donc j'ai un point de vue biaisé.

  3. Le "chantier non fini" me chagrinait énormément avant. Je voulais tout finir très vite pour profiter ensuite, mais en fait, on profite tout autant en construisant.

    Sinon, le livre audio d'Amanda Palmer est-il accompagné du texte lui-même ? J'ai quand même énormément de mal à rester concentrée et écouter qqn parler.

  4. Non pas de texte, et moi aussi j'ai beaucoup de mal à rester concentrée, c'est pour ça que j'ai écouté seulement 5 des 10 CD jusqu'ici (alors que j'aurais fini de lire le bouquin depuis belle lurette!).

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