
Plaisir largement sous-estimé: traîner au lit, blottis l’un contre l’autre sous une couette douillette, pendant que la pluie tambourine à la vitre d’une chambre d’hôtel spartiate et que dehors, le ciel n’a même plus de couleur. C’est l’effet magique « Bisou Pixie ». Puisque la météo nous fait la tronche, exceptionnellement, je vais mettre du sirop d’érable sur les pancakes de mon all-american breakfast. « That was quick », constate la serveuse en récupérant nos assiettes vides – elle nous a pris pour des mangeurs amateurs ou quoi? Je bénis le génie qui a eu la bonne idée de faire sortir les souterrains de la station South Kensington directement dans le musée Victoria & Albert. Quand Chouchou m’a dit qu’il voulait voir une expo intitulée « Disobedient objects », j’ai imaginé un truc un peu délirant à base d’objets du quotidien qui pètent les plombs et font le contraire de ce qu’on attend d’eux. En réalité, le thème est celui de la protestation sociale et de ses instruments physiques – les objets de la désobéissance plutôt que les objets désobéissants, donc, ne peut s’empêcher de critiquer la traductrice en moi. La carte qui matérialise à l’aide de points lumineux l’évolution des foyers de soulèvement dans le monde depuis les années 70 (à l’époque: une douzaine chaque mois; aujourd’hui: toute la planète brille comme un sapin de Noël) glace le sang et donne espoir en même temps. Face à la pire des oppressions, les gens finissent toujours par trouver un moyen de se rebeller, quel que soit le prix à payer. Et certains de ces moyens sont extrêmement imaginatifs, voire étonnamment poétiques. Par contre, j’ai besoin de théine en urgence pour chasser un vilain début de migraine. A la cafétéria prise d’assaut, on me sert un thé bouillant et trop infusé. Du moins les gobelets à emporter sont-ils ravissants (bien que tout à fait inutiles, puisqu’il est interdit de sortir de la salle avec). Il nous reste deux heures à tuer, et le musée d’histoire naturelle voisin nous tente avec son aile consacrée aux dinosaures. Longue file d’attente dans le froid et sous une pluie battante: il faut vraiment être motivés. Et prêts à affronter l’armada des parents munis de poussettes grosses comme des chariots de supermarché, avec lesquelles ils n’ont aucun scrupule à défoncer les chevilles des gens qui se trouvent devant eux. J’en balancerais bien quelques-uns au T-Rex, pour l’exemple. Obligés de finir la visite au pas de course, mais de toute façon, la salle de la baleine bleue est trop chargée et pas vraiment photogénique. Le Wasabi local est bondé: tant pis, repassons à l’hostel chercher nos bagages et mettons directement le cap sur King’s Cross/St. Pancras: nous mangerons là-bas. Le rayon bouffe à emporter de M&S rivalise très bien avec un Exki – je dois juste me retenir d’embarquer des shortbreads et des scones en plus de notre repas du soir. Mes boots de moto qui avaient franchi le portique de sécurité sans problème à l’aller le font sonner au retour: pourquoi? Aller me ravitailler en lecture chez W.H. Smith en laissant Chouchou installé sur un banc avec les bagages; à mon retour, le banc est vide, et je fais trois fois le tour du terminal en proie à une panique grandissante jusqu’à ce que je retrouve Chouchou posé un peu plus loin sur un siège plus confortable qui s’est libéré entretemps. Je vais être contente de dormir dans mon propre lit ce soir.
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