Un week-end de vol planés magnifiquement amortis

Mais il moisit dans le placard de ma mère depuis combien de temps, ce thé qui a perdu tout son goût?; ces stickers Instagram sont vraiment minuscules, je suis un peu déçue; en principe je préfère me laver au savon, mais le gel douche à la menthe poivrée et au romarin de chez Burt’s Bees est juste divin; le Bordeaux de Mavala sera peut-être le premier vernis dont je finirai le flacon; ce serait bien que je bosse un peu cet après-midi avant l’arrivée de Chouchou; « on emmène les enfants au bowling, ça t’intéresse? »; bon, ben le travail attendra; les champs de tournesols qui bordent la route vallonnée entre chez ma mère et ma soeur sont sans doute un de mes paysages préférés au monde; apparemment, pour l’Education Nationale, un stylo est un « object scripteur » et un ballon un « référent bondissant »: ça va me faire ma journée, ça; un splendide vol plané présente ma culotte (boxer en microfibre taupe Calvin Klein, taille L) à tous les joueurs des pistes voisines, mais me vaut mon premier strike, et une barbe à papa offerte par la direction; quand je pense que l’été de mes 17 ans, j’alignais régulièrement des scores à 200 et plus, et que là je peine pour atteindre la moitié; sur notre droite, un blondinet malingre de 8 ou 9 ans, répondant au prénom d’Antoine et vêtu intégralement de rose framboise, montre une stupéfiante absence de dispositions sportives; OK Cahouète, je vais porter ce bracelet jaune fluo, mais c’est vraiment parce que c’est les vacances; une glace italienne chocolat belge/caramel beurre salé, c’est mal mais qu’est-ce que c’est bon; pourquoi cette méchante averse alors que je suis en sandales plates et que je me suis lavé les cheveux ce matin?; la part des livres chez Cultura est de plus en plus réduite, quelle tristesse; bien contente de récupérer Chouchou après dix jours de séparation; sur TF1, une dame mal coiffée hulule « L’envie » sur le plateau de « The winner is » – je préférais la version des L5; pour la deuxième fois d’affilée, un roman acheté dans un Relay de gare se révèle une bonne pioche: je kiffe « Park Avenue » de Cristina Alger. 


Réveillée à 7h30 par la chaleur; mais comment Chouchou a-t-il su que je pensais précisément à de la Play-Doh?; re-réveillée à 10h: juste le temps de se préparer tranquillement pour aller barbecuter chez ma soeur; la petite robe mandarine DDP achetée en soldes et étrennée aujourd’hui remporte un vif succès auprès de l’élément masculin du couple; premier melon de l’année, tomates du jardin maternel, courgettes grillées (et aussi saucisse de Toulouse, chorizo, chipolatas) mais aïe: on a oublié le pain!; ces trous dans les T-shirts en coton d’Attila, c’est sûrement la faute des X-Mites; Chouchou initie mes neveux à Hitman Go; ma mère pleure devant la retransmission du festival celtique que mon père et elle aimaient regarder chaque année; bouquiner à l’ombre sur un transat pendant que ma soeur taille son olivier et de temps en temps, lancer avec une moue critique: « y’a un bout qui dépasse sur la gauche »; rentrer me mettre en maillot et, en ressortant, faire un magnifique vol plané sur le carrelage trempé, mais m’en tirer avec une pauvre égratignure et un léger bleu – le gras, c’est la vie; braver les 26° de l’eau de la piscine et, le glagla initial surmonté, y passer finalement une bonne heure; avec un mojito, là, on frôlerait la perfection; mon « Park Avenue » resté au bord du bassin est à moitié noyé quand je ressors: il a accompli son destin de Livre de Poche de l’Eté; rendez-vous pris mardi pour notre premier bibimbap en compagnie de la sémillante Nekkonezumi; tiens, un (petit) article sur le geocaching dans le dernier numéro de Flow international; ce soir, ce sera un Lune de Miel; T-shirt Hard Rock Café et tasse en porcelaine blanche rehaussée d’un filet doré: c’est la Chouchou’s Touch; motivation: demain, je dois me lever à 8h pour bosser toute la matinée et pouvoir sortir l’après-midi.

3 réflexions sur “Un week-end de vol planés magnifiquement amortis”

  1. "L'objet scripteur" et "le référent bondissant", ça ne viendrait pas d'un roman de Marie-Aude Murail ? Je crois avoir lu ça dans "Papa et maman sont dans un bateau", mais c'est possible que je me trompe ^^

  2. Ça vient de l'éducation nationale. Et attention: un ballon de rugby, c'est un "référentiel bondissant aléatoire"…

  3. Ils ne savent plus quoi inventer … La mère dans "Papa et maman sont dans un bateau" est institutrice en maternelle, ça doit être pour ça que ça me disait quelque chose. Excellent bouquin au passage, comme beaucoup de ceux écrits par MAM 🙂

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