Ca fait déjà une vingtaine d’années que je viens régulièrement à Paris; pourtant, je n’avais encore jamais mis les pieds chez Shakespeare & Co, réputée comme une des plus belles librairies du monde. J’ai remédié à cette navrante omission jeudi dernier, et je dois dire que je n’ai pas été déçue (sinon par l’interdiction de prendre des photos à l’intérieur). Shakespeare & Co, c’est un peu le bookstore platonicien, l’idée universelle de la librairie faite papier, étagères sol-plafond, échelles branlantes, poutres apparentes, escalier tordu et recoins débordant de mille trésors. Les allées y sont sombres et étroites; les fauteuils de l’étage donnent envie de s’installer là pour une journée entière.
J’étais venue avec une liste de quatre titres que j’aurais aimé acheter, et malgré le nombre des ouvrages en stock, ils n’en avaient aucun. Alors, je me suis laissée tenter par un hardcover (le genre de truc que je n’achète jamais d’habitude, parce que ça coûte trop cher, que c’est trop lourd à trimballer et que ça prend trop de place dans ma bibliothèque), un roman d’une auteure dont je n’avais entendu parler, mais avec une quatrième de couverture qui me faisait saliver. A la caisse, la dame m’a demandé si je voulais un tampon de la librairie; j’ai répondu « Yes please » avec un énorme sourire, et réclamé un joli sac en papier en plus du marque-page qu’elle venait de glisser à l’intérieur. Puis j’ai prié pour que le bouquin soit réellement bien et que j’aie envie de le garder après l’avoir lu, et pas seulement pour sa valeur de souvenir.
« The hundred-year House« , c’est l’histoire d’une maison peut-être hantée et de ses occupants successifs, dont le destin sera toujours marqué par une chance ou une malchance extrême. Depuis les Devohr, riches propriétaires à la famille décimée par la folie et les suicides, jusqu’aux artistes de la colonie installée là pendant la première moitié du vingtième siècle, tous verront leur vie irrémédiablement changée par leur passage entre les murs de Laurelfield.
Sur cette trame déjà alléchante en soi vient se greffer une structure audacieuse: Rebecca Makkai a choisi de raconter son histoire à rebours. Ainsi, le roman commence au tournant du millénaire et s’achève par un prologue situé en 1900. En remontant le fil du XXème siècle, le lecteur attentif qui aura précédemment relevé certains détails étranges découvrira peu à peu leur explication et reconstituera par lui-même une grande partie des secrets de Laurelfield… et arrivé à la fin, il se sentira presque obligé de reprendre dès le début pour voir s’il n’a pas laissé passer certains éléments.
J’aurais pu considérer « The hundred-year house » comme un chef-d’oeuvre à deux détails près. D’abord, le grand nombre des personnages signifie que l’auteur n’a pas pu développer beaucoup chacun d’entre eux, et comme la plupart sont assez irritants voire très antipathiques, on peine à s’y attacher. Ensuite, si les mystères séculiers trouvent tous une explication, je suis restée un peu sur ma faim quant à la résolution de l’aspect surnaturel de l’histoire. Malgré ça, le deuxième roman de Rebecca Makkai m’a tenue en haleine d’un bout à l’autre et procuré un grand plaisir de lecture. Ca tombe bien, parce que je n’avais vraiment pas envie de m’en séparer!
3 réflexions sur “« The hundred-year house » (et ma première visite chez Shakespeare & Co)”
shermane
Tu es toute jolie 🙂 Le Cook&Book figure en bonne place du classement, j'aurais aimé la visiter lors de mon passage à Bruxelles ^^
Tu es toute jolie 🙂
Le Cook&Book figure en bonne place du classement, j'aurais aimé la visiter lors de mon passage à Bruxelles ^^
Je te trouve radieuse <3
J'avais lu son premier roman et j'avais beaucoup aimé: http://popupmonster.wordpress.com/2012/11/08/chapardeuse/