L’autre jour, ayant fini de travailler d’assez bonne heure malgré une grosse charge de boulot en ce moment, je suis descendue faire quelques courses sur la place Jourdan. Arrivée devant le Carrefour Market, j’avais encore à la main la moitié du morceau de quatre-quarts marbré que je venais d’acheter chez Allemersch en même temps que mon pain aux céréales. Je me suis donc plantée au bord du trottoir avec mon parapluie, le temps de le finir. Il ne pleuvait pas très fort, mais le ciel gris n’était guère engageant pour un mois de juillet. Sur une échelle de moral de 0 à 10, 0 correspondant à « je hais le monde entier et je veux mourir » et 10 à « je suis la fille la plus heureuse de la Terre », je devais être à 6. Contente d’avoir bien bossé, légèrement déçue par la météo, pas ravie par le goût de mon gâteau, mais peu ou pas angoissée. J’étais, disons, dans un état de neutralité penchant vers le positif. Et comme je n’avais pas grand-chose d’autre à faire que mâcher avec le regard dans le vague, j’ai commencé à réfléchir.
Je me suis dit que si ce jour-là, j’avais reçu une mauvaise nouvelle ou été déprimée à la base, le ciel gris et le quatre-quarts pas terrible auraient achevé de me mettre le moral dans les chaussettes. Inversement, si on m’avait proposé une traduction géniale et hyper bien rémunérée, ou annoncé que j’avais gagné un voyage pour deux personnes en Océanie, j’aurais sauté dans les flaques en lançant la fin de mon gâteau aux pigeons. Et à ma place, un grand chef pâtissier originaire des Seychelles aurait été à deux doigts de se pendre, tandis qu’un otage fraîchement libéré après trois ans de captivité aurait pensé qu’il n’avait jamais rien senti d’aussi agréable que la pluie coulant sur son visage, ni rien mangé d’aussi bon que ce quatre-quarts plein de beurre et de sucre. Autrement dit, le regard que je portais sur la situation conditionnait mon humeur bien davantage que la situation elle-même.
Quand une situation donnée ne me convient pas, mon premier réflexe est d’essayer de la changer. Si je ne peux pas, j’en suis profondément frustrée et malheureuse. Alors qu’à défaut de modifier des circonstances extérieures qui échappent à mon contrôle, je pourrais plutôt travailler mon attitude vis-à-vis d’elles – en relativisant, ou en cherchant du positif malgré tout. C’est une leçon que j’ai apprise il y a longtemps en lisant cet ouvrage de David Burns, mais que je tends trop souvent à oublier lorsque mes angoisses prennent le dessus.
D'où l'importance de noter ses pensées quelque part (blog, journal, carnet de note, téléphone, whatever) pour se relire quand ça ne va pas ! (C'est dingue quand même cette aptitude qu'on a à oublier ce genre de leçon ! Je m'en fais souvent la réflexion moi aussi !)
Comme diraient les crucifiés dans "La vie de Brian", "Always see the bright side of life" 😉
Attention toutefois à ne pas tomber dans l'autre extrême car parfois, rien que de se permettre de dire "merde, ça craint", ça peut faire du bien. Moi, ce que je fais quand ça va pas (angoisse, moral à 0), je m'autorise quelques minutes pour m'apitoyer sur mon sort. Quand ces minutes sont écoulées et que je sens que je me suis "vidée" de toute cette énergie négative ou d'une grosse partie de la boule dans mon ventre, je me dis "allé, c bon, t'as assez pleurniché maintenant et tu avances "…C'est ce qui fonctionne le mieux sur moi 🙂