
En septembre 2008, Chouchou et moi nous sommes rendus à Copenhague pour la première fois. Nous logions à l’hôtel Fox. Un matin, au petit déjeuner, nous avons levé la tête de nos tables trop basses vers l’écran plat qui diffusait les informations d’une chaîne anglophone. Des hommes en costume à l’air très agité parlaient de la crise des subprimes qui venait d’éclater et prédisaient des conséquences désastreuses. Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’était une subprime, et j’imaginais que les conséquences en question n’affecteraient que les USA, ou que le secteur bancaire. J’ai bu mon thé vert et mangé mon yaourt bio très sereinement avant de sortir continuer mon exploration de cette ville pour laquelle j’avais eu un gros coup de coeur. Depuis, le monde occidental a plongé dans une grave crise financière qui affecte tous les pays, tous les secteurs d’activité et presque tous les gens que je connais, moi y compris, remettant en cause les fondements mêmes du capitalisme.
En avril 2010, nous étions au Japon depuis quelques jours quand le volcan islandais Eyjafjöll est entré en éruption à l’autre bout du monde, répandant ses cendres au-dessus de l’Atlantique et semant la panique dans le traffic international. Les clients de notre ryokan qui étaient censés rentrer chez eux à ce moment-là ont vu leur vol annulé; les ambassades comme les compagnies aériennes restaient injoignables ou n’avaient aucune solution à proposer, et les hébergements d’un prix abordable étaient tous complets à l’approche de la Golden Week. Tokyo n’est PAS une ville bon marché. S’y retrouver coincé à l’improviste, alors que vous avez déjà épuisé votre budget vacances et qu’on vous attend au boulot le surlendemain, est une expérience un poil stressante. J’ai passé les deux derniers tiers de notre séjour à paniquer à l’idée que ça nous arrive aussi, et je n’ai que très peu profité de ces vacances. Finalement, le traffic a repris peu à peu l’avant-veille de notre départ, et nous avons pu rentrer sans problème.
Si je raconte ces deux incidents, ce n’est pas pour démontrer mon absence totale de clairvoyance: les économistes mis à part, peu de gens devaient être capables d’anticiper les conséquences réelles de la crise des subprimes, et même les météorologues ne pouvaient prédire quand le nuage de cendres de l’Eyjafjöll se dissiperait. Je voulais juste mettre en évidence que, dans un sens comme dans l’autre, le phénomène de l’angoisse est totalement déconnecté de la réalité. On peut se mettre dans tous ses états à la pensée d’une catastrophe qui ne se produira jamais, et voir son existence bouleversée par un événement qu’on n’a pas vu venir le moins du monde. L’angoisse est non seulement irrationnelle, mais vaine. Ca fait partie des choses que je me répète en boucle quand elle tente de me submerger. Et quelquefois, ça m’aide à la tenir à distance.
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Moi aussi je le lui répète en boucle mais… 🙁
Me le répéter, malheureusement, ne m'a jamais apaisée… j'ai beau savoir, si j'angoisse, j'angoisse… vieillir, avoir plus d'expérience, devenir maman, encaisser des coups durs et me relever… au contraire sont des choses plus concrètes qui m'ont permis de relativiser… mais quand l'angoisse est là, difficile de la chasser…
Etant depuis toujours une angoissée chronique, j'ai fini par apprendre(à grands coups de pieds dans le derrière) quelques petites choses, évidentes mais apaisantes (pour moi) : ne pas ressasser le passé, on ne peut pas le changer, et ne pas s'inquiéter pour l'avenir où rien n'est écrit. Dit autrement, je ne m'inquiète plus que pour ce qui est réel. Bref, je gère les problèmes quand ils arrivent et pas avant. Me faire des films sur ce qui n'existe pas encore ne changera rien.
Depuis que j'ai vraiment digéré ça, les choses sont plus simples. Ça apporte d'autres petits désagréments mais on dort mieux 🙂
Ma version alternative de la chose est contenue en deux flacons de salle de bain, celui de dissolvant et celui de démaquillant pour les yeux. Qui se ressemblent fort. Un jour, j'ai failli me démaquiller avec le dissolvant (je m'en suis rendue compte bien à temps). Depuis, j'ai régulièrement une angoisse résiduelle de type "haaan, peut-être que je me suis trompée" à chaque fois que je me démaquille… qui intervient une fois que le coton est déjà sur mes yeux => preuve totale de l'inutilité et de l'inefficacité de l'angoisse 😀
D'autant plus que ça fait un bail maintenant que j'ai rangé le dissolvant dans un endroit inaccessible 🙂
Remède préventif n° 1 : "Ce sont rarement les choses que l'on redoutent qui nous tombent dessus. "
Remède préventif n°2 : "Et de toutes façons, les véritables catastrophes, on ne peut pas les éviter."
Remède préventif n°3 : "L'angoissé souffre deux fois : avant , et pendant. Inutilement."
3 fois par jour, toute l'année si besoin (sans effets secondaires). Prise nocturne recommandée.
On les achète où, les comprimés ?
Elmaya, à ton n°3, j'ajouterai aussi "après": il culpabilise de n'avoir pas su/pu éviter la cata malgré l'angoisse qui le taraudait… Et c'est tout aussi inutile, puisque c'est trop tard.
P*tain, c'est vraiment un truc que je ne souhaiterais même pas à mon pire ennemi (quoique, à mon c*nnard de beau-frère…)
Les deux choses les plus tristes, je les ai vécu en rentrant des USA et la veille de partir aux USA.
J'ai toujours un p'ti truc dans le bide en préparant un voyage mais j'arrive à ne pas me laisser envahir .
Je vais citer Bouddha : "si le problème a une solution, il ne sert à rien de s'inquiéter. Mais s'il n'en a pas, alors s'inquiéter ne sert à rien"
(la vache !!! on est lundi matin !!!)
Bonne semaine A-M