Un long week-end d'Imaginales

Se traîner jusqu’à Epinal sans enthousiasme et arriver sous la pluie; en descendant vers l’hôtel, expliquer à Annaig comment déclarer ses droits d’auteur; râler en constatant que le wifi ne passe pas dans la chambre 15 de l’hôtel Azur; obtenir du gentil proprio une autre chambre plus grande, plus jolie et plus près du routeur; à force de venir ici chaque année, ce chemin à travers le parc me donne presque l’impression de rentrer à la maison; complimenter Magali sur sa jolie idée d’arbre à papillons-mots doux, et Pierre Pevel sur son élégance qui, dit-il, le dispense de faire du sport; recevoir une bague poulpe un chouïa petite de la part de Marika Gallman et une dédicace d’Alice Scarling avec double bonus d’autocollants Chibi; à la buvette, hésiter entre un thé Lipton et un verre de champ’ et prendre finalement un chocolat chaud; discuter longuement avec Stéphane Marsan d’Harry August et de l’état de l’édition (spoiler: il est mauvais et ça ne va pas s’arranger); recevoir le meilleur texto du monde: « Il est sauvé, il est sauvé! » et manquer en pleurer de joie; grelotter en sortant de la bulle aux livres; admirer la jolie tasse à thé faussement japonaise et se régaler avec la farandole de desserts du resto bio (mention spéciale au crapuleux à la rhubarbe); avoir encore des problèmes de connexion en rentrant à l’hôtel.
Pour la première fois depuis des mois, se réveiller sans le moindre mal au dos: vive les matelas fermes; seulement deux phrases et moins d’une minute pour me rendre involontairement antipathique à la personne qu’on vient de me présenter, c’est un record perso; assister à une table ronde rectangulaire sur le réalisme et la magie; se faire dédicacer le dernier Karim Berrouka et la magnifique réedition d' »Arcadia » de Fabrice Colin; manger avec Sylvie Denis à la terrasse du Bureau sous un soleil éclatant et oser le trifle aux fruits rouges en dessert; tiens, des cadenas d’amoureux commencent à fleurir sur le pont dont la géocache nous tient en échec depuis plusieurs années; passer une grande partie de l’après-midi avachie sur le canapé de la buvette en se plaignant de la chaleur; les scones d’Annaig justifient une demande en mariage immédiate; faire la connaissance d’une sympathique éditrice de gauche et devoir écourter à regret une discussion animée avec sa bande de potes au bord de l’eau; raconter des histoires d’hémorroïdes et de vagin plus étanche autour d’une crêpe, mais fuir avant le dessert à cause de la pluie qui menace; manquer s’endormir au Bougnat, autour d’une bouteille de blanc de la cuvée Imaginales 2014, à même pas 22h; être réveillée par le meilleur album des Pixies qui me donne toujours envie de chanter et de danser; rentrer à l’hôtel en courant presque pour ne pas se faire tremper: mes sandales rouges auront-elles survécu?
Laver et équeuter les radis ronds dans le lavabo de la salle de bain; nettement plus de monde ce matin sous la bulle aux livres; une paire d’Irregular Choice à talons lapins me pousse à engager la conversation avec Sophie Dabat – c’est étonnant le nombre de points communs que nous avons; semi-pétée au champ’, je me mets à discuter avec Christopher Priest et Pierre Dubois en tentant de masquer que ma fangirl intérieure crie « Hiiiiiiiiiiiiii » en agitant les coudes; le pique-nique alternatif en comité réduit dans l’herbe du parc est un franc succès; Chouchou assure sa présence virtuelle au moyen d’un selfie à poil avec un Totoro en guise de cache-sexe; il faudrait un mot pour désigner la nostalgie des choses pas encore terminées; tant pis, je risque quand même les Lola Ramona rayées; Christine me raconte comment Mélenchon a changé sa vie; des lecteurs qui s’extasient sur mon boulot, ça fait toujours plaisir; en fait, à condition d’avoir mis de la crème solaire, on est nettement mieux dehors; discuter d’Harry August (what else?) avec César pendant qu’AnneEli masse Valérie, que Leslie comate et que Mathieu Gaborit exhibe de sublimes bottines steampunk; plaindre les gens des autres tables qui espéraient manger tranquilles chez Sens et Découvertes; Kettch a encore frappé; puisqu’il n’y a personne au Bougnat, allons nous coucher comme des vieux.
Levée avant la sonnerie du réveil et toujours sans mal au dos: si je fauche le matelas en partant, est-ce que ça se verra?; encore une table ronde rectangulaire, pour aller voir Ando cette fois; « les tatous, c’est cool »; discuter statut d’indépendant avec Barbara près de la buvette; alors que je quitte la bulle aux livres, trois incroyables mariés froufroutants font irruption sur des échasses; la brasserie art déco conseillée par Marion et Pauline non loin de la gare de Nancy est bourrée à craquer – tant pis; ma mère avoue un petit moral au téléphone; le pain au cacao de la boulangerie du quai, acheté en quittant Epinal, est aussi délicieux qu’original, et je suis assez fan du nouveau thé vert jasmin-orange vendu chez Starbucks; j’ai lu intégralement « Lacrimosa » avant d’arriver à Paris; oh, une place de Thalys en première avec du wifi gratuit!; Chouchou n’a pas fait que se photographier nu en mon absence: il a aussi préparé des crêpes; finalement je suis bien contente d’y être allée, à ces Imaginales 2014. 

5 réflexions sur “Un long week-end d'Imaginales”

  1. Ah, zut pour l'Excelsior :/
    C'était une chouette édition, ces Imaginales 🙂

    Mélusine

  2. C'était beau 🙂
    Je te comprends pour Pierre Dubois. A un moment, il m'a croisée et fait un clin d'oeil, j'ai souri comme une gamine ! J'ai vraiment aimé cette édition car j'ai pu échanger avec des auteurs que j'aime depuis longtemps, j'ai enfin pu discuter avec Karim Berrouka et surtout, j'ai pu faire vivre ce moment à l'Homme. Et ça, c'est bien aussi 🙂

  3. Resto bio à Epinal ? Ça m'intéresse ! (Je vais m'installer sans grand enthousiasme dans la région dans quelques mois, donc je cherche des bonnes adresses ;-))

  4. Ca s'appelle Sens et Découvertes, c'est à côté de la cathédrale et la dame qui tient ça est adorable!

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