Et rarement une saison de n’importe quelle série télé m’aura laissée aussi perplexe et frustrée à la fin.
Dans « The empty hearse », Sherlock revient parmi les siens après une absence de deux ans. Traumatisé par la mort de son sociopathe préféré, John a néanmoins fini par se consoler dans les bras de son âme-soeur, Mary, qu’il compte épouser. D’entrée de jeu, le spectateur est étonné par la compréhension dont Mary fait preuve vis-à-vis de leur relation un peu particulière, et par ses réactions pleine de sang-froid en cas d’urgence. Clairement, il ne s’agit pas d’une femme ordinaire. Pour ce qui est de savoir comment Sherlock a mis en scène sa propre mort, on a droit non pas à une, mais à trois explications alternatives, toutes plus délirantes les unes que les autres, et on ne connaîtra sans doute jamais la vérité – même si on peut aisément en reconstituer une approximation. Mais l’important n’est pas là. Ce premier épisode contient plusieurs face-à-face excellents, notamment celui de Sherlock et Mycroft qui éclaire un peu la relation entre les deux frères et fournit cette réplique immortelle de Holmes Senior: « I live in a world of goldfish » (j’envisage de la broder et d’en faire ma devise). Outre le fait qu’il introduit un nouveau « grand méchant » aux motivations mystérieuses, il donne le ton de la saison entière: il va y avoir des dialogues brillants, de superbes performances d’acteurs, des scènes fabuleuses si on les prend isolément… mais l’enquête au sens traditionnel du terme sera maigre et reléguée au second plan, cédant la place au développement des personnages.
« The sign of three » tourne entièrement autour du mariage de John et Mary, pour lequel Sherlock a été désigné garçon d’honneur et sommé d’écrire un discours. S’il se montrait atrocement tête-à-claques dans l’épisode précédent, ici, notre héros devient presque trop sentimental. Et bien qu’il donne lieu à des scènes tantôt émouvantes et tantôt hilarantes, ce grand écart au niveau de son caractère m’a vraiment gênée. Pour le reste, l’impression précédemment laissée par Mary se confirme; il devient évident que son personnage cache quelque chose, mais quoi? Un moment, on pense que les enquêtes évoquées par Sherlock ne vont servir que d’anecdotes amusantes servant à pimenter son discours, et en fin de compte, elles se rassemblent pour former un cas à résoudre durant la réception – pas le plus passionnant de l’histoire de la série, mais un cas quand même. C’est bien construit, mais je suis restée sur ma faim, avec le sentiment que les deux premiers épisodes n’auraient probablement servi qu’à préparer le troisième. Réplique de la semaine: « I’m a highly functioning sociopath. With your number. »
J’ai dû attendre quatre jours après sa diffusion initiale pour voir « His last vow ». Et d’après les réactions de mes contacts Facebook, je savais que ça allait être du lourd. De fait, comme tout le monde, j’ai passé l’épisode à ramasser ma mâchoire qui tombait régulièrement à intervalles de dix minutes. Sherlock dans une relation de couple, sérieusement? Mary, un assassin anciennement au service de la CIA? La scène de la chute de Sherlock, qui vient de se faire tirer dessus et analyse toute les données dans son « palais mental » avant de tomber, puis plus tard alors qu’il oscille entre la vie et la mort à l’hôpital, est absolument incroyable, un vrai morceau de bravoure. Mais honnêtement, c’est le personnage de John qui m’a le plus touchée pendant cet épisode. Son regard quand il découvre la duplicité de Mary m’a brisé le coeur. Le discours qu’il lui fait pendant les vacances de Noël m’a arraché un « Awwwwwwwwwwwww », pire que n’importe quelle photo de chaton mignon. L’émotion et l’humour sont dosés habilement: juste après cette scène, les deux frères Holmes se font surprendre par leur mère une clope à la main et réagissent comme s’ils avaient encore 15 ans. La mise en scène d’un Sherlock enfant est d’ailleurs très intéressante pour aider à comprendre comment il est devenu cet adulte si particulier.
J’avoue cependant que le « grand méchant » m’a déçue. Oui, il est répugnant et froid comme un serpent, mais au fond, il ne menace personne; il n’a pas de plan diabolique qui fera des milliers de victimes. Du coup, j’ai eu du mal à comprendre pourquoi il inspirait tant de dégoût à Sherlock, et pourquoi celui-ci se sentait obligé de l’abattre de sang-froid. La scène des adieux à John sur le tarmac, quand Sherlock pense qu’il ne reverra jamais son meilleur ami, ne m’a pas bouleversée autant qu’elle l’aurait dû parce que… je ne comprenais absolument pas que John, qui avait passé deux ans au bord de la dépression après la fausse mort de Sherlock, se montre aussi indifférent. Sérieusement: sa soeur alcoolique est dans ses « points de pression », mais pas Sherlock? GET. OUT. Quant au pseudo-retour de Moriarty qui clôture la saison, j’espère que les scénaristes ont une très, très bonne explication à nous fournir, parce que ça sent méchamment le réchauffé. Serait-il possible de finir une seule saison sans que le cliffhanger porte sur lui?
A la lecture de ce billet, on pourrait croire que je n’ai pas aimé cette saison 3 de « Sherlock ». Ce qui serait inexact. Simplement, elle m’a beaucoup désarçonnée. J’ai eu l’impression d’une saison construite pour épater les fans et prouver le génie des scénaristes, une saison « on va vous en mettre plein la vue, et tant pis si c’est au détriment des enquêtes ». Elle marque un changement de direction assez net auquel je ne m’attendais pas et qui peine à me convaincre de sa pertinence. Pourtant j’ai ri, j’ai été émue et choquée, et j’ai envie de connaître la suite. Espérons qu’elle ne tardera pas trop cette fois!
Eh ben moi j'ai adoré tomber de cheval ! Rien de pire qu'une série qui vous donne toujours la même chose, selon moi.
Après, j'ai plus été gênée par 1 les effets appuyés, les ralentis… je trouve que cette série n'a pas besoin de chichis visuels pour être plaisante 2 je ne suis pas persuadée que tout colle vraiment bien dans le scénario, pour tout dire (oui, j'aime bien être désarçonnée, mais j'aime moins me sentir limite débile parce que je en suis pas sûre d'avoir tout bien compris :-D)
Aaah, c'est chouette de pouvoir lire ton avis sur la question.
La saison 3 m'a laissée amère et déçue, j'avoue, même si beaucoup de moments/de répliques étaient absolument géniaux.
Steven Moffat a confirmé lors d'une interview que l'opération Lazarus était l'explication réelle de "comment il a fait" (ce qui est quand même bien décevant et ne tient pas fort la route, mais comme dit Sherlock "everyone's a critic" 🙂 )
J'ai juste très envie qu'ils dégagent Mary Morstan bien vite…
d'après ce que j'ai lu la saison 4 devrait revenir à Noël prochain 😉