
C’est l’un des premiers endroits où Chouchou m’a emmenée quand on s’est connus, il y a un peu plus de 7 ans. A l’époque, j’y avais découvert l’oeuvre d’Araki dont la mosaïque de Polaroïd (concept que j’ai amplement repris à mon compte par la suite…) m’avait enchantée et dont les photos de l’épouse mourante, puis morte, avaient tiré une larme à Chouchou.
Cette fois, nous sommes venus voir une expo temporaire de Kodachrome dont nous avons appris l’existence la veille sur internet, et qui se termine prochainement. Nous comptions aller à Bruges pour le dernier week-end de l’expo de statues de glace, mais tant pis: nous avons déjà vu celles de Bruxelles récemment!
Comme nous sortons de la gare de Charleroi, le bus que nous devions prendre nous file juste sous le nez. Le prochain n’est que dans une demi-heure. J’ai une idée géniale: et si on faisait du geocaching en attendant? Chouchou a une idée encore plus géniale: louons une voiture à la station Cambio adjacente et rendons-nous au musée immédiatement. La réservation faite en un clin d’oeil sur son iPhone, nous nous installons dans une Polo que, en l’absence de carte idoine, nous ne parviendrons jamais à faire sortir du parking payant. Le temps de tout retourner deux fois en quête de la carte-mystère, de contacter le service clientèle qui ne peut rien pour nous et de reverrouiller la Polo avec une grimace de dépit, le bus arrive justement.
Dix minutes plus tard, nous en descendons devant le musée de la photographie et décidons de chercher la géocache qui lui est dédiée. Elle ne se trouve ni à droite de l’entrée comme l’indiquent les coordonnées, ni dans le parc de derrière comme l’indique la fiche, mais à gauche de l’entrée. Et ce n’est pas une taille 2, mais une taille 1. Vraiment, les gens pourraient être un peu plus soigneux, me dis-je le soir même en loguant notre découverte. Cinq minutes plus tard, le propriétaire de la cache m’envoie un mail: celle que nous avons trouvée n’est pas la sienne (une vraie taille 2 effectivement située dans le parc), mais une autre dont il m’indique le nom afin que je modifie mon log. Oups.



Bonne nouvelle: comme nous sommes le premier dimanche du mois, l’entrée du musée est gratuite. Mauvaise nouvelle: à partir de février, faute de subventions, seule la collection permanente demeurera accessible sans payer à cette occasion. Je trouve ça vraiment dommage. Sans accès à la culture, comment veut-on que les gens pauvres puissent sortir un jour de leur condition? (C’était la minute gauchiste, vous pouvez reprendre une activité normale.)
Cette fois, la « grosse » expo temporaire est consacrée à Marcel Mariën, une sorte de cousin pornographe de Magritte. Je ne peux pas dire que le surréalisme me parle beaucoup; pourtant, j’apprécie la poésie décalée de certaines de ses oeuvres et l’inventivité provocante de ses collages.



Nous passons très vite devant la collection de vieux appareils photos dans la promenade qui entoure le cloître. L’expo temporaire Kodachrome est décevante: à peine une vingtaine de tirages en assez mauvais état. Pendant que nous nous disons que plus, ça aurait été mieux, un vieux monsieur nous interpelle pour nous informer que ces photos n’ont pas du tout leur place dans un musée. Je bredouille vaguement que la valeur de l’art est un concept subjectif. Il insiste: « Mais quand même, les sujets sont totalement inintéressants! ». J’essaie de faire valoir qu’elles sont plutôt là pour témoigner d’une époque révolue et d’un procédé photographique dépassé. Puis je me sauve lâchement.
Plus loin, je suis séduite par les dessins conceptuels de Benoît Grimalt: la série des « photos de people qu’il n’a pas prises », et celle où il tente de reconstituer de mémoire le dernier cliché pris avec un rouleau de pellicule avant de le développer – le tirage correspondant étant affiché juste à côté.
Nous montons à l’étage voir la collection permanente. Quelques thèmes se dégagent, notamment celui de la photo humaniste que j’aime beaucoup. Pour le reste, c’est un fouillis d’oeuvres hétéroclites qui me touchent plus ou moins. Je reste un moment en arrêt devant celle qui montre une jeune fille tête droite et bras écartés face à une ligne de policiers pendant les manifestations anti-guerre du Vietnam aux USA dans les années 70. J’aime la résolution tranquille qui émane du sujet.
Après ça, il y a encore une partie technique qui explique de façon assez claire les différentes composantes d’une prise de vue, ainsi que les manières dont on peut trafiquer une image. Ce musée de la photographie est le plus grand d’Europe, et bien que situé dans un lieu pas franchement riant, il vaut vraiment le détour. Alors que nous redescendons par un escalier un peu dérobé, Chouchou ouvre la bouche pour me demander: « Tu te…? » Je souris. « Oui, je me souviens ». Plus de 7 ans ont passé depuis, et beaucoup de choses ont changé autour de nous comme entre nous. Mais il reste ma personne préférée au monde, avec qui la moindre sortie se transforme en aventure.
<3
Juste une coquille à signaler 🙂 Je doute qu'on ait fait des photos de manifs contre la guerre du Vietnam en 1070 🙂 Excellente journée !
Oh, justement, je veux y aller!voilà une idée à mettre dans ma liste d'envies 2014.
Je n'y ai pas mis les pieds depuis une éternité. Merci pour cette visite qui me convainc d'y retourner.
Tes dernières lignes m'émeuvent beaucoup, moi la fleur bleue désabusée.
J'aime particulièrement vos façons de vous prendre en photo au musée de la photo…
Pour 2014 et les 100 qui suivent, je vous souhaite de continuer à explorer l'amour!
Merci pour cet article. Je ne connaissais pas ce musée,j'irai bien y faire un tour. Ca sera l'occasion d'une sortie en amoureux!
Merci pour ton partage. Ce fût un peu un parcours du combattant mais au final qui en valait la peine. Les musées de photographie m'intéressent beaucoup. Il faudra que j'y fasse un tour moi aussi.