
Antoine, photographe joyeusement désabusé, a pour seul ami Matéo, le jeune fils de sa voisine souvent absente, auquel il donne une éducation fantaisiste. Un matin, des notes de piano venues de l’immeuble d’en face captent son attention. Antoine ne sait pas encore que celle qui les joue, Elena, étudiante idéaliste et sans concession, va bouleverser sa vie et lui permettre enfin de trouver une place sur la Terre…
Le film de Fabienne Godet n’est pas ce qu’on imagine. Non, ce n’est pas une histoire d’amour entre deux personnages cabossés par la vie, ou en tout cas, pas au sens traditionnel du terme. Malgré la profonde mélancolie et le mal-être diffus qu’irradie chaque scène, ce n’est pas non plus un mélo, ou en tout cas, je ne l’ai pas perçu comme tel. J’ai juste vu une histoire émouvante de fêlures qui se rencontrent et qui s’efforcent de laisser entrer la lumière – envers et contre tout.
S’il tend à m’insupporter dans le registre comique, Benoît Poelvoorde est magistral quand on lui donne des rôles dramatiques. Il apporte à son personnage d’alcoolique obsessionnel une épaisseur impressionnante, un mal de vivre tout en pudeur du désespoir et pointes d’humour inattendues. N’ayons pas peur de le dire: alors qu’Antoine n’est jamais dans la séduction, il parvient à lui donner un charme dingue. Face à lui, Ariane Labed (brièvement aperçue dans « Before midgnight ») incarne une jeune femme trop sensible et trop passionnée, incapable de se barricader contre les malheurs du monde. Le jeune Max Baissette de Malglaive, quant à lui, campe un attachant petit garçon dont la tenue préférée est un déguisement de Blanche-Neige. On ne saura jamais pourquoi, pas plus qu’on ne saura quelle est la blessure originelle d’Antoine ou la raison qui pousse Elena à sauter du toit de son immeuble au début du film. Sans doute parce que, pour reprendre une expression d’Antoine: « Les explications, c’est dégoûtant ». Seuls comptent le présent et les liens fragiles qu’ils tissent ensemble, des liens qui les sauveront peut-être. Et peut-être pas.
Ce film me tente bien (mais je pensais qu'il s'agissait d'une histoire d'amour ;-)), et tout comme toi, j'ai tendance à craquer pour Benoit Poelvoorde dans ses rôles plus sombres…