Demain, je pars passer une dizaine de jours chez ma mère avec Chouchou. Ca me remplit d’enthousiasme à peu près autant que la perspective qu’on m’enfonce des esquilles de bambou sous les ongles avant d’y mettre le feu.
Je me souviens des premières vacances que Chouchou et moi avons passées à Toulouse. L’été comme à Noël, c’était des semaines formidables où on profitait de ma famille, de la Ville Rose, et où on faisait des tas de trucs fun. Je les attendais avec impatience, et au moment de rentrer, j’écrasais toujours une larmichette.
Puis mon père est tombé malade, et les séjours là-bas sont devenus de plus en plus pénibles. Maintenant qu’il est mort… je me sens totalement déconnectée de ma soeur, je n’arrive pas à parler à ma mère plus de deux minutes sans avoir des palpitations cardiaques, et je déteste cette maison que je n’aimais déjà pas beaucoup avant.
Dernière nouveauté en date, ma mère – qui passe son temps à se goinfrer de sucreries – s’est mis en tête que mon nouveau mode d’alimentation n’était pas sain, que c’était idiot de ne pas manger de viande, que les féculents bruns étaient dégueulasses et qu’elle se faisait beaucoup de souci pour ma santé. Je sens que les repas vont être de grands moments.
Je ne veux pas y aller, et je culpabilise de ne pas vouloir y aller. La majeure partie de l’année, je suis quand même bien protégée par les plus de 1000 kilomètres de distance entre ma mère et moi. Donc, il est normal que je fasse un effort pendant les vacances. Et je vais le faire, hein. Mais j’ai le ventre noué et envie de m’enfuir à l’autre bout du monde.
Comme je préfère ne pas partir avec l’idée que ce sera forcément un enfer – vu que c’est le meilleur moyen pour que ça en devienne effectivement un -, je cherche ce que je pourrais faire pour m’occuper de façon agréable pendant mon séjour. Dans ma valise, j’ai plusieurs romans dont je suis raisonnablement certaine qu’ils vont me plaire: le dernier Neil Gaiman, le troisième récit autobiographique de Marlena de Blasi, « Emily » de Stewart O’Nan. J’ai également emporté de quoi crocheter un col en dentelle, et peut-être un collier. Un dîner d’auteurs et de traducteurs se profile à l’horizon pour le 15 août. Chouchou et moi avons l’intention de tester le brunch d’un pub irlandais recommandé par Nekkonezumi (hélas absente en ce moment). Il y aura aussi, sûrement, un peu de geocaching en ville, des glaces chez Octave et des baignades dans la piscine avec mes neveux. Un ciné en famille, peut-être. Et si je trouve le courage de m’y mettre, je pourrai enfin remanier le layout du blog.
De l’agitation qui aura du mal à masquer le vide.
Mon père aimait beaucoup la chanson « Mistral gagnant » de Renaud qui se termine par ces mots: « Te raconter enfin qu’il faut aimer la vie et l’aimer même si, le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants ». Les rires des enfants que je n’ai pas et que j’ai détesté être, je m’en fous pas mal. Les sifflements des pères en bonne santé, par contre, me manquent affreusement. Je sais bien qu’il faut faire son deuil des choses qui ne sont plus, inventer des façons de combler les gouffres ou de vivre avec le mieux possible. Mais c’est un long chemin sur lequel je n’ai pas l’impression d’avoir beaucoup avancé depuis octobre dernier.
Passer 10 jours là-bas sera justement une grande étape sur ton chemin, je pense.
Et pour le reste, je vois que tu as prévu assez de choses pour t'occuper et Chouchou est là. Si vraiment c'est trop, essayez de faire une excursion un peu plus loin peut-être, en passant une nuit à l'hôtel ?
Je te souhaite que tout se passe bien !
courage ! tu seras connectée ? ça va aller !
Je ne te comprends que trop bien pour ce qui est du vide. J'entre dans la période anniversaire du moment où j'ai compris que ma mère allait mourir et c'est très compliqué émotionnellement. Je promets de penser fort à toi pendant ces dix jours et de t'envoyer plein de bonnes ondes <3
Si ta soeur et ses enfants sont là (apparemment),est-ce que ça ne va faire une sorte de diversion? Moi,pour diverses raisons (proches des tiennes,j'ai l'impression),je crains les têtes-àtêtes avec ma mère (en plus je culpabilise de ressentir ça évidemment,tout ceci est très simple)mais s'il y a le reste de la famille,bon,on rigole,on discute,bref,ça noie le poisson.
ANNESO
Un retour aux sources difficile. Le temps aidera sûrement.
Tes choix alimentaires te concernent et c'est toujours difficile de les pratiquer en famille (ici c'est chez belle maman…).
Et sinon, il y a Toulouse Plage, beaucoup de concerts gratuits le soir, va vite chercher le programme en arrivant.
Profite de la ville comme tu peux malgré les travaux et bonnes vacances!
… *Câlin* ?
Mélusine
Dommage, à 4 jours près tu pouvais apéroter avec mon époux.
J'espère que ce sera moins pénible que tu l'imagines, j'espère que ta mère trouvera que tu as plein de recettes intéressantes et pas dégueulasses, que la ville sera belle et que tu y découvriras des trucs nouveaux en étant plus souvent dehors du coup…
D'ici aussi, des ondes douces.
Le vide ne disparaît jamais, mais on le meuble, le mieux qu'on peut. Et parfois même il arrive qu'on l'oublie un moment.
Je suis de l'avis de Miss Sunalee : le chemin est là, long et pas facile ; ce séjour est une étape, que tu vas franchir avec ceux que tu aimes, c'est déjà beaucoup.
Bises !
Si tu veux qu'on se voit, dis-moi quand, je ferai de mon mieux pour te changer les idées. Gros bisous. Je comprends ce que tu ressens.
La Ultima Canzone
Extrait d'une chanson écrite par Maurice Fanon après la mort à 51 ans de Pia Colombo, qui fut son épouse et resta jusqu'au bout son amie.
"Un oiseau passe en chantant
Et je n'étais qu'un enfant
Un oiseau sur un volcan
Et voilà que j'ai cent ans."
Baisers
JC