« Emily »

« Dans la vie d’Emily, il y a eu les repas animés, la ronde des jours et des choses à faire. Aujourd’hui, Emily est veuve. Ses enfants sont loin. Sa belle-soeur, Arlene, lui tient compagnie. Emily aime la musique classique, les musées, les petits déjeuners copieux du Eat’n Park. Sa santé est bonne. Elle ne manque de rien. A 80 ans, le temps semble infini et la solitude se change en une liberté inédite. »

Ce roman m’a été conseillé par Miss Sunalee, dont les goûts en la matière sont radicalement opposés aux miens. Mais le sujet me séduisait, et un coup d’oeil à l’intérieur a suffi à me convaincre que le style devrait me plaire aussi. Résultat: j’ai passé quelques heures délicieuses en compagnie d’Emily. Sans toutefois rivaliser avec Tatie Danielle, cette vieille dame à la forte personnalité n’a pas que des traits de caractère sympathiques. Elle est plutôt maniaque, très conservatrice (même si, par amour, elle accepte l’homosexualité d’une de ses petites-filles), d’une frugalité qui confine à la pingrerie et pas toujours d’une grande générosité de coeur. Mais Stewart O’Nan fait entrer le lecteur dans ses pensées de telle sorte qu’il devient presque impossible de la juger – parce qu’on comprend trop bien ce qui, dans son parcours, conditionne chacune de ses réactions. A partir d’un quotidien extrêmement banal et répétitif, il réussit l’exploit d’écrire un roman passionnant, dont chaque chapitre court est consacré à un micro-événement de la vie d’Emily. Bien qu’elle se laisse parfois aller à une inévitable nostalgie, son héroïne n’est pas du genre à cultiver l’amertume ou les regrets, mais plutôt à profiter de ce que le présent peut encore lui offrir. La mort ne lui fait pas peur. Ainsi, « Emily » est à la fois un beau et vivant portrait de femme au crépuscule de sa vie, et une collection de petits riens qui devrait plaire à tous les amateurs de littérature du quotidien.

(Avant « Emily », il y a eu « Nos plus beaux souvenirs« , qui met en scène la même famille quelques années plus tôt, juste après la mort de l’époux d’Emily. J’ai très envie de le lire maintenant, mais je crains que le faire « à l’envers » m’empêche de l’apprécier correctement.)

4 réflexions sur “« Emily »”

  1. Cécile de Brest

    L'histoire que tu racontes me fait penser à un roman que j'ai lu il y a quelques années et qui raconte la "fin de vie" d'une dame de l'aristocratie anglaise, juste après le décès de son mari, lorsqu'elle se décide à vivre pour elle en faisant fi des conventions et de ce que peuvent penser ses enfants : "Toute passion abolie" de Vita Sackville-West

  2. Je suis contente qu'il t'ait plu. Nous pouvons donc toujours tenter de nous conseiller des livres 😉
    Si tu n'as pas encore acheté "Nos plus beaux souvenirs", j'en ai un exemplaire en double chez moi que je t'offrirai avec plaisir ! (et je ne pense pas que cela pose problème de le lire après vu qu'il ne se concentre pas sur Emily mais sur toute la famille).

Les commentaires sont fermés.

Retour en haut