Paisible femme au foyer, Clarisse habite la ville iranienne d’Abadan, probablement vers le début des années 70. Son mari Artush est ingénieur à la compagnie des pétroles; passionné de politique et d’échecs, il est avare de paroles comme de gestes affectueux, et même s’il pourrait du fait de son grade prétendre à un logement dans un quartier plus prestigieux, il part du principe que sa famille a déjà plus que le nécessaire pour vivre confortablement.
Les journées de Clarisse sont bien remplies: quand elle ne s’occupe pas de son fils aîné Armen, 15 ans, et de ses malicieuses jumelles Armineh et Arsineh, elle doit supporter l’envahissante présence de sa propre mère, qui critique toujours tout, et de sa soeur Alice, une vieille fille qui désespère de se marier. Mais cette routine semble convenir à Clarisse, qui met constamment en oeuvre le principe inculqué par son père défunt: être d’accord avec tout le monde, ne jamais faire de vagues. Jusqu’au jour où de nouveaux voisins s’installent dans la maison d’en face…
Ce roman de Zoyâ Pirzâd, c’est un peu « Desperate Housewife en Iran ». Avec drôlerie et pudeur, il relate les émois réprimés d’une femme bien sous tous rapports, bonne épouse et bonne mère plutôt gâtée par la vie qui voit soudain son confortable train-train bouleversé à tous les niveaux. Il nous offre aussi un aperçu du fonctionnement de la communauté arménienne – une communauté en apparence patriarcale, mais où les femmes régissent tout. Je l’ai dévoré avec un grand plaisir.
Les éditions Zulma, dont j’apprécie les sublimes couvertures graphiques et l’excellente sélection de littérature étrangère, publient avec « C’est moi qui éteins les lumières » le 4ème ouvrage de leur nouvelle collection de poche. Je me permets quand même de déplorer les fautes de grammaire atroces que contient la traduction du persan, et qui n’ont pas été rectifiées à cette occasion: « J’ouvrai » (à la place de « J’ouvris », et même pas de « J’ouvrais »!), « pendant que Nina me poussa presque sur un siège » ou encore « tandis que la princesse attendit leur retour » – et il y en a beaucoup d’autres. Je trouve vraiment dommage que de plus en plus d’éditeurs estiment pouvoir se passer d’une correction réalisée par un professionnel. Croient-ils vraiment que ça ne se verra pas? (Spoiler: ils se trompent!)
Je m'interroge aussi sur le niveau des éditeurs en interne. Qu'ils se passent de correcteurs, c'est une chose, mais c'est à se demander si eux-mêmes relisent leurs ouvrages avant de les publier. Les fautes que tu signales accrochent forcément l'attention à la lecture.
Tu m'as fait envie… j'essaierai juste de ne pas butter sur les fautes d'orthographe 🙂
Et effectivement, c'est assez choquant qu'un roman soit publié avec ce genre de fautes. Dans le métier, on sait bien que 2 ou 3 paires d'yeux valent mieux qu'une !
Ah que ça fait du bien d'entendre parler des mérites d'une correction digne de ce nom!
Ceci dit j'ai acheté ce livre à Bruxelles il y a un mois… en prévision de mes vacances dans un mois et demi. Et une raison de plus pour dire vivement les vacances!