7h30: Je me tire péniblement du lit. J’ai encore lu tard hier soir, mais l’électricien doit passer à 9h pour poser ma clim et je voudrais ranger un peu avant son arrivée.
8h30: Je tente de vider la poubelle. Le sac trop plein se déchire et répand, moitié sur le sol moitié à l’intérieur de la poubelle, 500g de chocolat en poudre italien périmé depuis octobre 2010 ainsi qu’un demi-paquet de coquillettes complètes préhistoriques. Positivons: ça fait des mois que je me dis « Il faudrait quand même que tu nettoies cette poubelle ». Là, j’ai plus le choix.
9h: Penchée au-dessus de ma baignoire remplie de cacao, je récupère les coquillettes en fuite avant qu’elles ne s’engouffrent dans la bonde. Pourvu que l’électricien ne sonne pas maintenant!
9h10: La poubelle est propre et sèche. L’électricien brille par son absence. Mais bon, dans le Sud, on sait bien ce que ça veut dire, « à 9h ». Il arrivera sans doute à 9h15.
9h30: …Ou pas.
10h: Ca commence à bien faire, je l’appelle sur son portable.
10h02: Pas de bol, il ne décroche pas.
10h20: Je retente ma chance. Cette fois, l’électricien décroche. « Bonjour, c’est Mme Armalite. » « Ah oui, on est en retard, mais j’avais pas votre numéro pour vous prévenir. » « … »
10h30: L’électricien arrive avec un collègue et une quantité de matos inouïe avec laquelle il cogne joyeusement les murs de mon couloir.
10h45: Les deux électriciens se disputent sur la manière de poser ma clim. Je commence à flipper.
10h50: J’entends « Ah merde, ça sort à droite », suivi de « Tant pis, au pire, on cassera un peu ». Qu’est-ce qui m’a pris de vouloir faire poser une clim au début de l’été le plus pourri du millénaire?
11h05: Le collègue de l’électricien demande: « On perce maintenant? » Réponse: « Ah ben non je peux pas, j’ai un rendez-vous à 11h. »
11h06: L’électricien s’en va.
11h20: Le collègue de l’électricien fume une clope en téléphonant sur mon balcon. Pendant ce temps, au moins, il ne casse rien.
11h45: Le collègue de l’électricien s’agite en maugréant entre ses dents. Je n’ose pas sortir de mon bureau pour voir ce qu’il fait. Pourtant, ce serait bien que je monte dans ma chambre vider une penderie, ça me détendrait un peu…
11h50: J’entends comme des coups de masse et un bout de mur qui s’effrite.
12h05: J’entends un genre de perceuse.
12h07: J’entends un « Oh putain! ».
12h08: Re-perceuse.
12h11: Re-« Oh putain! ». Où est mon Xanax?
12h25: Je n’entends plus rien depuis plusieurs minutes. Je crois que c’est pire.
12h35: L’électricien revient. Son collègue lui annonce que le marteau-piqueur est en panne. C’était donc ça.
12h37: « Madame Armalite, on va manger au McDo et on en profite pour passer au bureau chercher un autre marteau-piqueur, d’accord? »
14h20: Retour des électriciens. Je faisais la sieste sur les 7 centimètres carrés de canapé qui n’étaient pas occupés par des sacs de trucs à donner. J’ai un début de migraine et un torticolis; je sens que l’après-midi va être plaisant.
14h25: Ouh putain, il marche bien le nouveau marteau-piqueur. J’aurais peut-être dû prévenir les voisins que je faisais des travaux chez moi aujourd’hui. Et me faire prescrire du Doliprane en perfusion.
14h30: J’envisage la trépanation à la mèche de 12 pour mettre un terme à mes souffrances.
14h50: Il me semble urgent de mettre en oeuvre la célèbre tactique dite du « Courage, fuyons ». J’annonce que je pars faire quelques courses au village.
15h: Evidemment, c’est la seule fois depuis douze ans que j’habite ici qu’il n’y a pas UN péquin avant moi à la Poste.
15h20: Quand je rentre, je ne peux m’empêcher d’apercevoir le trou dans le mur de mon salon: au-dessus de l’ouverture pratiquée par le tuyau, un bon morceau de revêtement s’est détaché. J’espère que ça sera masqué par l’appareil.
15h21: Chaleur oblige, le collègue de l’électricien s’est mis torse nu pour travailler. C’est pas vraiment le sosie de Vin Diesel. Mes yeux saignent. Quand on se croise dans mon couloir (plutôt étroit), je retiens mon souffle pour que son gros ventre blanc et luisant de sueur ne me touche pas.
15h22: J’aurais dû demander aux vieux sur la place du village de me laisser jouer à la pétanque avec eux.
15h50: J’offre une bière aux électriciens. Il ne s’agirait pas qu’ils meurent déshydratés avant d’avoir fini de poser cette foutue clim. « Fait chaud hein? » me lance #1. « C’est parce que vous vous agitez. Moi je suis juste bien. » « Ah ouais, mais les femmes, vous, vous êtes des lézards! » Euh.
16h20: L’électricien #1 me demande une pelle et une balayette pour nettoyer, parce qu’ils ont fini. J’hésite à beugler « It goes like this, the fourth, the fifth, the minor fall, the major lift… » en levant les bras au ciel, mais je me retiens de crainte qu’il ne me dise « Moi aussi, j’aime beaucoup cette chanson de Jeff Buckley ».
17h20: L’électricien #1 m’appelle pour m’expliquer le fonctionnement de ma clim. Passé « On/Off », le réglage du mode et celui de la température, je ne comprends plus rien. J’ai l’impression qu’il ne me parle même pas français. « De toute façon, c’est dans le mode d’emploi », me dit-il en brandissant un genre de catalogue de La Redoute, les photos en moins. Je réponds que ma religion m’interdit de lire les modes d’emploi, et qu’il faudra donc que je me débrouille avec les trois boutons de base.
17h35: La porte se referme sur les deux électriciens. Ils ont tout bien nettoyé avant de partir et il fait délicieusement frais dans mon salon. Allez, l’été prochain, je fais changer mes volets.
11h20: Le collègue de l’électricien fume une clope en téléphonant sur mon balcon. Pendant ce temps, au moins, il ne casse rien.
11h45: Le collègue de l’électricien s’agite en maugréant entre ses dents. Je n’ose pas sortir de mon bureau pour voir ce qu’il fait. Pourtant, ce serait bien que je monte dans ma chambre vider une penderie, ça me détendrait un peu…
11h50: J’entends comme des coups de masse et un bout de mur qui s’effrite.
12h05: J’entends un genre de perceuse.
12h07: J’entends un « Oh putain! ».
12h08: Re-perceuse.
12h11: Re-« Oh putain! ». Où est mon Xanax?
12h25: Je n’entends plus rien depuis plusieurs minutes. Je crois que c’est pire.
12h35: L’électricien revient. Son collègue lui annonce que le marteau-piqueur est en panne. C’était donc ça.
12h37: « Madame Armalite, on va manger au McDo et on en profite pour passer au bureau chercher un autre marteau-piqueur, d’accord? »
14h20: Retour des électriciens. Je faisais la sieste sur les 7 centimètres carrés de canapé qui n’étaient pas occupés par des sacs de trucs à donner. J’ai un début de migraine et un torticolis; je sens que l’après-midi va être plaisant.
14h25: Ouh putain, il marche bien le nouveau marteau-piqueur. J’aurais peut-être dû prévenir les voisins que je faisais des travaux chez moi aujourd’hui. Et me faire prescrire du Doliprane en perfusion.
14h30: J’envisage la trépanation à la mèche de 12 pour mettre un terme à mes souffrances.
14h50: Il me semble urgent de mettre en oeuvre la célèbre tactique dite du « Courage, fuyons ». J’annonce que je pars faire quelques courses au village.
15h: Evidemment, c’est la seule fois depuis douze ans que j’habite ici qu’il n’y a pas UN péquin avant moi à la Poste.
15h20: Quand je rentre, je ne peux m’empêcher d’apercevoir le trou dans le mur de mon salon: au-dessus de l’ouverture pratiquée par le tuyau, un bon morceau de revêtement s’est détaché. J’espère que ça sera masqué par l’appareil.
15h21: Chaleur oblige, le collègue de l’électricien s’est mis torse nu pour travailler. C’est pas vraiment le sosie de Vin Diesel. Mes yeux saignent. Quand on se croise dans mon couloir (plutôt étroit), je retiens mon souffle pour que son gros ventre blanc et luisant de sueur ne me touche pas.
15h22: J’aurais dû demander aux vieux sur la place du village de me laisser jouer à la pétanque avec eux.
15h50: J’offre une bière aux électriciens. Il ne s’agirait pas qu’ils meurent déshydratés avant d’avoir fini de poser cette foutue clim. « Fait chaud hein? » me lance #1. « C’est parce que vous vous agitez. Moi je suis juste bien. » « Ah ouais, mais les femmes, vous, vous êtes des lézards! » Euh.
16h20: L’électricien #1 me demande une pelle et une balayette pour nettoyer, parce qu’ils ont fini. J’hésite à beugler « It goes like this, the fourth, the fifth, the minor fall, the major lift… » en levant les bras au ciel, mais je me retiens de crainte qu’il ne me dise « Moi aussi, j’aime beaucoup cette chanson de Jeff Buckley ».
17h20: L’électricien #1 m’appelle pour m’expliquer le fonctionnement de ma clim. Passé « On/Off », le réglage du mode et celui de la température, je ne comprends plus rien. J’ai l’impression qu’il ne me parle même pas français. « De toute façon, c’est dans le mode d’emploi », me dit-il en brandissant un genre de catalogue de La Redoute, les photos en moins. Je réponds que ma religion m’interdit de lire les modes d’emploi, et qu’il faudra donc que je me débrouille avec les trois boutons de base.
17h35: La porte se referme sur les deux électriciens. Ils ont tout bien nettoyé avant de partir et il fait délicieusement frais dans mon salon. Allez, l’été prochain, je fais changer mes volets.
Non, ceci n’est pas le produit de ma dernière sortie geocaching,
mais ce que les électriciens ont retrouvé à l’intérieur du radiateur de mon salon.
Les archéologues apprécieront.
Hahaha, tu m'as bien amusé avec ce post 🙂 je m'attendais à ce qu'il reste un trou dans le mur à la fin… mais non!
Chez moi les mecs qui ont changé la fenêtre on arraché un bon morceau de mur! Et ils l'ont laissé comme ça… Sérieux, c'est assez dingue!
Le changement de fenêtres, c'était l'an dernier et ça s'est bien passé:
http://leroseetlenoir.blogspot.fr/2012/08/ou-un-sicilien-change-mes-fenetres-et.html
On dirait que tu as fait disparaitre des enfants dans ce radiateur…
En fait, la proprio précédente avait une gamine de 3 ou 4 ans. J'imagine qu'elle aimait jouer à cache-cache…
"15h22: J'aurais dû demander aux vieux sur la place du village de me laisser jouer à la pétanque avec eux." Huhu ^^
J'apprécie tout particulièrement le butin de l'archéologie de radiateur.
Mélusine
C'est peut-être la "Lady in the radiator" qui a laissé tous ces objets ?
Heureusement qu'elle n'a pas laissé sa perruque j'aurais eu une attaque!
Une journée pour poser une clim! Ma pauvre!