Journal d’une retraite de yoga

Illustration: Gemma Correll

Cher journal,

Vendredi soir, Stephen, le mari de Claudia, est passé me chercher à Monpatelin vers 19h30. Nous avions une autre participante à récupérer à l’aéroport de Nice à 21h15, et nous avons vu le soleil se coucher dans la baie au milieu d’une profusion de nuages roses traversée par un arc-en-ciel. J’ai pensé que le week-end commençait bien. Puis vers 23h30, alors que 50 kilomètres nous séparaient encore de notre destination et que nous roulions dans une obscurité absolue sur une route en lacets, la pluie s’est mise à tomber et la jauge d’essence à biper de façon très insistante. Un léger doute m’a assaillie comme la conversation jusque là fort animée mourait brusquement dans la voiture. Les kilomètres se sont enchaînés sans l’ombre de la queue du début d’une station-service. Finalement, j’ai aperçu un Carrefour sur le côté et pensé qu’ils devaient bien avoir quelques pompes à essence 24h/24 qui traînaient dans le coin. Gagné. Après ça, bien entendu, nous avons croisé trois autres station-essence en moins de cinq minutes. Je pense qu’elles nous provoquaient. 
Une fois dans le village, la Catherine le GPS de Stephen s’obstinait à vouloir nous faire prendre à gauche tous les 500 mètres, une intention politiquement louable mais matériellement impraticable car il n’y avait que des chemins à peine assez larges pour un piéton. Lorsque nous sommes enfin arrivés à destination, il était une heure du matin, et malgré la nuit noire, j’ai manqué défaillir en découvrant la beauté de l’endroit où j’allais passer les trois prochains jours.  D’un côté, la baie de St-Tropez et ses lumières scintillantes. De l’autre, une immense terrasse avec de grandes tables en tek, une piscine entourée d’arbres et au-delà, un somptueux mas provençal dans lequel dix personnes doivent pouvoir cohabiter sans se croiser plus d’une fois par jour. A l’intérieur, du mobilier rustique mais confortable, un tapis de salon d’une superficie supérieure à celle de mon appartement, une chambre avec salle de bain en suite pour chaque participante, un goodies bag sur chaque lit, des vases remplis de fleurs fraîches, une vraie cheminée et une tonne de bibelots intéressants. J’ai demandé si la dame qui nous recevait ne voudrait pas, par hasard, adopter une fille de 42 ans déjà pourvue d’un job et d’un appartement. Apparemment, non. Je suis tristesse inconsolable. 
Claudia nous avait gardé les restes du dîner. Pendant que nous les engloutissions en vitesse, elle nous a annoncé que la méditation matinale du lendemain commençait à 7h. Je crois que j’ai un peu blêmi. Comme en plus, j’ai toujours du mal à dormir ailleurs que chez moi, je n’ai pas réussi à trouver le sommeil avant 3h du matin. Autant te dire que quand le réveil  a sonné vers 6h30, je n’étais pas d’une fraîcheur olympique. J’ai même brièvement envisagé de faire la sourde oreille. Mais je me suis quand même traînée jusqu’au salon en me disant qu’au pire, je finirais ma nuit assise en tailleur et que personne ne s’en apercevrait. Une pluie battante tombait dehors, je n’avais pas emporté de châle ni de couverture et entre l’humidité et le manque de sommeil, je me les caillais sévère. Sans compter que mon estomac était sur la réserve au moins autant que notre jauge d’essence la veille, et que certes il ne bipait pas, mais qu’il gargouillait tant et plus. Malheureusement pour lui, après la méditation, nous avons enchaîné sur une longue salutation au soleil (qui ne brillait pourtant que par son absence), et nous n’avons mangé que vers 9h. J’ai alors pu remédier à mon début d’hypoglycémie avec un délicieux petit-déjeuner bio, ouf! 
Vers 10h, nous avons suivi un cours d’anatomie donné par Giorgia. Exercice de départ: « Si je vous dis « os », quels sont les mots qui vous viennent à l’esprit? ». Réponse de mes camarades: « Support, charpente, solidité, force. » Moi? « Cancer, ostéoporose, fracture. » Vis ma vie d’hypocondriaque. A midi, nous avons déjeuné d’une soupe betterave-carotte et d’une salade quinoa-avocat- radis-haricots verts-mangetout-fèves. En discutant avec les autres, je me suis rendu compte que nous étions 7 adultes tous de nationalités différentes: française pour moi, anglaise et sri-lankaise pour Claudia, américaine pour Stephen, italienne pour Giorgia, grecque pour Poppy, portugaise pour Maria et belge pour Inès. Très international! Là, nous avons congé jusque vers 16h. Après ça, nous aurons droit à une séance de yoga restauratif, puis à un dîner léger et à une séance de visualisation axée sur les rêves. Et je crois qu’il ne sera pas très tard quand je m’écroulerai dans mon lit. 

3 réflexions sur “Journal d’une retraite de yoga”

  1. Ce doit être génial comme expérience ! Hâte de te lire pour connaître la suite des réjouissances … ! 🙂
    Et désolée pour la pluie, je déprime aussi à quelques pas de toi ^^

  2. Comme j'aimerais vivre à nouveau ce genre d'expérience ! Je t'envie et j'attends la suite de ton récit avec impatience ! 🙂

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