Le sarcasme, mes taches de léopard

Dimanche soir, avec un jour de décalage, Chouchou et moi célébrions la Chandeleur avec un dîner de crêpes, et le Jour de la Marmotte en regardant le film éponyme. Bill Murray y interprète un présentateur météo imbu de lui-même et passablement misanthrope, qui prend tout le monde de haut et répond aux remarques les plus innocentes de façon cinglante. Pendant les premières minutes du film, j’étais partagée entre « Hé, mais ce type est mon âme-soeur! » et « Misère, quel odieux connard! ». Bonjour, je m’appelle Armalite et j’ai de légères tendances schizophrènes.

Le sarcasme et le cynisme sont les deux moyens de protection que j’ai développés assez tôt contre le grand méchant monde. Avant ça, je pleurais toute seule dans mon coin; donc d’une certaine manière, c’était clairement un progrès. Ca m’a permis de m’affirmer et de tenir tête aux gens qui n’avaient pas mes intérêts à coeur. Et puis faire étalage de mon sens de la répartie avait quelque chose d’assez jouissif. Je n’étais pas la plus costaud, je n’étais pas la plus belle, mais je pouvais rabattre le caquet de n’importe qui avec l’équivalent verbal d’un Scud. Le problème, c’est que c’est devenu mon mode de fonctionnement par défaut, au point que je l’appliquais aussi à mes proches. Je pense en avoir blessé plus d’un avec les vannes que personnellement je trouvais si spirituelles. Mon ex (L’Homme-ce-chacal-jaune) détestait ça, et Chouchou m’a plusieurs fois fait la remarque qu’il ne supportait pas bien non plus.

Je me suis rendu compte que les deux ou trois personnes que j’admirais le plus au monde avaient une attitude à l’opposé de la mienne, chaleureuse et encourageante vis-à-vis des autres, et que je ne les classais pas dans la catégorie « dindes suprêmes » pour autant. Que leur gentillesse n’était pas la preuve d’un manque d’intelligence, mais au contraire d’une sagesse bien supérieure à la mienne. Partant de là, je me suis efforcée de changer, d’être moins sur la défensive et en mode de contre-attaque perpétuelle. Je ne détestais pas me faire craindre et respecter pour ma langue acérée. Mais j’ai décidé que je préfèrerais être appréciée et respectée pour mes qualités humaines. Depuis, je lessive mes taches de léopard à grands renforts de Javel.

Il reste quand même des jours où elles ressortent. 

10 réflexions sur “Le sarcasme, mes taches de léopard”

  1. Il faut que je te dise : te lire chaque jour améliore grandement mon quotidien. Merci pour ce billet sur les sarcarstiques, dont -hélas?- je suis aussi.

  2. (Ce film est génial 🙂 )
    Moi je suis encore dans ma période chialeuse^^. J'aimerais quand même bien avoir le sens de la répartie! Tu m'en files un peu??

  3. Le souci d'un "mode de fonctionnement par défaut", c'est qu'il s'installe sans parfois qu'on y prête trop d'attention et qu'on ne le change que difficilement d'un coup d'un seul : ) Le travail sur soi prend du temps, mais qu'est-ce qu'on peut être heureux (et même un peu fiers, si si !) du résultat !

    Mélusine

  4. J'ai plutôt le sens de la répartie (sauf en cas de clashs,hélas,je perds mes moyens,rien à faire,très chiant) et je manie bien l'ironie,mais pas le sarcasme car il est associé pour moi à une sorte de méchanceté (je sais ce n'est pas si simple mais rien ne l'est dans les comportements des gens) destinée à humilier ou rabaisser autrui pour se protéger soi-même.
    Disons que ça peut vite pourrir l'ambiance,si les personnes visées ne l'acceptent pas.

    Je tuerais pour un bon mot surtout au second degré,j'avoue mais je déteste blesser les personnes donc j'essaye de tourner ma langue 3 fois (7 fois? j'sais plus) car je me sens mal si j'ai envoyé une vanne vacharde,je le ressens très bien si les gens sont vexés,même s'ils tentent de faire bonne figure et ça me met mal à l'aise (surtout si ces gens sont sympas et n'ont rien demandé).

    Faut dire que je suis trrrès susceptible et que je perçois la critique même infime (que j'envie certaines amies qui ne s'aperçoivent de rien quand elles énervent les autres et se font envoyer balader!) et que je n'arrive pas à me dire "je me fous de ce ce con pense de moi",voilà un vrai travail que j'aurais à faire car c'est un problème aussi.

    Enfin,comme disait mon grand-père: "vaut mieux être l'emmerdeur que l'emmerdé".

  5. J'ai tendance moi aussi à être sur la défensive et à répondre à mes proches de manière agressive sans nécessité particulière…en prendre conscience fait du bien, que les autres te le rappellent encore plus, car ceux qui t'aiment agissent comme un signal d'alarme. J'ai ainsi pris conscience de l'image que je renvoyais quand j'avais ce caractère-là et elle n'était pas jolie, jolie…
    J'aime beaucoup cet article.

    PS : je reconnais bien le paquet de sucre de droite ! 😉

  6. Chacun développe son mode de défense face au monde…le tout c'est que ça ne blesse pas l'autre…

  7. N'empêche, avoir de le sens de la repartie est une bénédiction. Combien de fois suis-je restée sans voix devant le culot ou la méchanceté des gens, me maudissant de ne trouver quoi leur répliquer que des heures plus tard. Alors certes, c'est formidable d'être bon et généreux mais parvenir à ne pas se laisser marcher sur les pieds, c'est chouette aussi.

  8. Je crois que tu ne dois pas chercher à effacer complètement les taches du léopard. Sinon, tu deviendrais un autre léopard ;). Peut être apprendre à les faire revenir à la demande ?

    (Mais qu'il est dur de résister à la tentation d'un bon mot, ou d'une vanne bien sentie parfois)

    Ma règle, c'est "Pas les très proches ou les gens que j'aime beaucoup", ça m'éviter de blesser bêtement les gens en ouvrant mon grand bec. (Parce que je suis un peu susceptible, aussi, donc, je sais ce qu'on ressent ^^)

  9. A ta place, je ne sais pas si j'aurais pu déposer mes armes, même pour le bien de mes proches…

  10. En l'occurrence, le bien de mes proches est aussi le mien puisque je n'aime pas trop qu'ils me fassent la gueule ou soient fâchés contre moi!

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