Après ma discussion de mercredi avec Isa, une folle idée a germé dans mon esprit. Et si je me ménageais tout un mois de vacances le plus vite possible? Pas pour partir en voyage, mais pour faire le point. Retrouver mes marques après le décès de mon père. M’occuper de toutes ces choses que je remets sans cesse à plus tard: refaire le design du blog, m’initier à quelques fonctions basiques de Photoshop, revendre sur eBay tous les trucs de marque inutilisés qui encombrent mes placards, intégrer un peu d’activité physique à ma routine quotidienne… Surtout, prendre le temps de déterminer quelle direction je veux donner à ma vie à partir de maintenant.
J’ai des trads « urgentes » à rendre jusqu’à fin janvier, mais à partir de début février, tout est repoussable d’au moins 4 semaines. Donc, niveau boulot, ça me paraît gérable. Niveau sous, ça craint davantage, notamment parce qu’il est possible que je doive me faire opérer et rester en incapacité de travail pendant plusieurs semaines dans le courant du 2ème semestre. Or, un indépendant malade est un indépendant fauché (mais qui doit quand même continuer à payer ses factures et à se nourrir un minimum). Cela dit, un éditeur me rachète début mars trois vieilles traductions, et le forfait de droits d’auteur compensera à peu près ce que j’aurais gagné en février. Je ne sais pas trop. J’imagine que ce serait jouable en faisant vraiment très attention à mes dépenses. Et si ça m’obligeait à adopter pour de bon un train de vie un peu plus frugal, ça serait même assez positif.
Pourtant, j’hésite. Ne pas bourrer mon emploi du temps professionnel jusqu’à la gueule me paraît quasiment anathème. Depuis 18 ans que je fais ce boulot, j’ai toujours sauté sur toutes les trads qu’on me proposait de crainte que la source se tarisse en cas de refus. Et puis l’édition va mal: ne serait-ce pas plutôt le moment de bosser autant que possible et de faire des économies au cas où? Mais peut-être aussi que j’angoisse pour rien. Vu le rythme que je soutiens d’habitude, personne ne verra que je prends 4 semaines de congés, surtout si je rattrape un peu en mars et en avril. Et je n’ai pas encore eu à souffrir de la crise, sans doute parce que je bosse sur des séries dont la publication continue au même rythme pour l’instant.
Ca ne veut malheureusement pas dire que ça ne changera pas dans un futur proche. Mais si ça doit changer, si je dois me reconvertir ou trouver une activité complémentaire, pas sûr qu’un mois de boulot en plus ou en moins fasse une grosse différence. Et puis c’est souvent de l’inactivité que jaillissent les meilleures idées, dans le silence intérieur que germent les projets les plus audacieux. Quand on a la tête dans le guidon comme moi depuis quelque temps, on ne voit pas les opportunités, on n’a pas les mains libres pour les saisir et pas le cerveau disponible pour en créer. Oui, je crois que j’ai réussi à me convaincre toute seule et que je vais le prendre, ce mois sabbatique…
J'aime beaucoup ce texte et surtout le dernier paragraphe, tellement vrai.
Pour la nouvelle année tu nous avais proposé de choisir un mot plutôt que de faire des tas de résolutions. J'avais choisi "décisions". Ces deux mois d'inactivité m'ont permis d'en prendre plus que ce que je pensais. Une idée merveilleuse a jailli aussi, j’espère qu'elle portera ses fruits.
Je te souhaite donc un merveilleux mois sabbatique, que plein d'idée et de décisions te viennent !
Pardon d'argumenter par le bout négatif une idée si positive (vas-y!!) (en gros) mais la chose qui m'est venue en te lisant, c'est que si une fin du monde éditoriale se produit comme dans tes pires cauchemars (et rien ne dit qu'elle sera si pire et si immédiate), est-ce vraiment un mois de février d'avance qui te sauvera?
Peut-être vaut-il mieux investir ce mois de février d'attentes positives et pour sûr payantes (prendre soin de toi) plutôt que d'attentes de sécurité toute relative 🙂
Sinon, j'aime ton texte aussi pcq il alimente ma réflexion du moment. J'ai de plus en plus l'impression que pour réaliser des projets personnels qui ne sont pas professionnels (et c'est là que ça se corse), il ne faut pas que de la confiance en soi avec laquelle on nous rabâche les oreilles comme étant la clé de tout, mais surtout, aussi, de la confiance en l'avenir…
Des bises et bon mois de février 😉
Cela semble une bonne idée. S'offrir du temps et le luxe de s'écouter penser un peu plus, de ralentir, d'observer et de plonger dans la nébuleuse "Je le ferai plus tard".
La photo que tu as utilisée pour illustrer ton article me parle beaucoup, autant que ton "Surtout, prendre le temps de déterminer quelle direction je veux donner à ma vie à partir de maintenant.", parce que ce genre de considération me revient à l'esprit ces derniers temps *Va poursuivre ses réflexions*
Je te souhaite d'avance que ce mois sabbatique t'apporte beaucoup 🙂
Mélusine
C'est ce que je fais. J'apprends plein de choses, et je fais plein de choses toujours remises à plus tard.
J'étudie à fond pas pour un boulot ingrat, hasardeux, et mal payé, mais qui me plait un peu plus tous les jours.
Prends le ton mois, et ne le remplis pas ;). Pose toi, souffle, ecoute toi et ce que tu veux toi. Et profite le, à fond !
Moi j'envisage de reprendre un job un ou deux ans, et d’économiser tout ce que je pourrai sur mon salaire pour pouvoir me permettre de m'arrêter de nouveau plusieurs mois. (Sauf si je trouve le pompon ultime, haha, un poste salarié de correctrice. Je rêve.)
Du coup, tous les arguments que tu développes ici me rassurent et me confortent dans ma décision. Merci <3
Waouh, sacrée décision… Étant moi-même freelance depuis quelques années, je connais cette peur de dire "Non" à un client de peur qu'il en profite pour m'oublier. Pas de vacances, pas vraiment de week-end, toujours le boulot à avancer dans un coin de la tête… Alors l'idée d'arrêter un mois entier, waouh !! Déjà quand j'ai quelques jours de vide en attente de matériel, je tourne comme un lion en cage au bout de trois jours, avec en arrière-pensée la peur "Et si tout s'arrêtait vraiment ??"…
Mais en contrepartie, si on ressent fortement le besoin de se donner du temps, si on décide clairement que pendant un mois, on stoppe ça, ça doit être assez libérateur. Belle décision qui peut permettre de faire vraiment le point…
Peu de gens ont la clairvoyance de se rendre compte de ce type de besoin avant l'implosion… tout mon respect à toi (et Isa, donc, si j'ai bien compris) et tous mes encouragements : oui oui oui !
Hello toi, prendre du temps pour toi pour voir où tu en es et décider dans quelle direction aller me semble une excellente idée. Prévoir des activités qui te font du bien également. Si un mois sans revenu te fait peur, pourquoi ne pas viser un peu moins long? Fais juste attention à ne pas te retrouver désoeuvrée, ce qui te rendrait encore plus triste. Biz
Du haut de mes 25 ans, je te dis "Fonce !" 🙂
Tu as le courage de penser à ce mois sabbatique, profites-en.
Et comme tu dis, ton absence temporaire ne se remarquera pas forcément.