
Pendant longtemps, j’ai détesté les fleurs coupées. Je prévenais toujours les hommes de ma vie que ça n’était pas la peine de m’en offrir, parce que je ne voyais pas l’intérêt de les regarder crever dans un vase. A cette époque, je nourrissais inconsciemment l’illusion que moi-même et mes proches allions vivre pour toujours, ou au minimum, jusqu’à un âge très avancé, et que nous nous éteindrions paisiblement dans notre sommeil sans laisser trop de regrets à notre entourage. La mort était un concept étranger que je tenais à distance autant que possible, jusque dans les plus petits détails de mon quotidien.
Aujourd’hui, alors que cette bulle d’insouciance a volé en éclats depuis bientôt cinq ans et que j’ai très souvent l’impression d’être cernée par la maladie et par la mort, je fais partie de ces gens qui vont eux-mêmes chez le fleuriste pour s’offrir un bouquet – comme ça, sans raison particulière, juste parce qu’ils méritent bien cette touche de gaieté dans leur intérieur. C’est vrai, les pivoines et les renoncules que j’aime tant pour leur côté « petit chou coloré » vont se flétrir et se faner – comme nous tous au fond. Mais en attendant, elles sont belles et gorgées de vie, et les regarder me donne du plaisir. Ces fleurs coupées sont devenues un symbole, un rappel qu’il faut profiter des choses fragiles et impermanentes pendant qu’il est encore temps.
Je te rejoins sur ce point, avec en prime une passion particulière pour les vanités (avec une préférence pour celle avec de gros bouquets de fleurs au centre de la toile) malgré leur côté glauque…
Pareil chez moi. Il y a en ce moment, un bouquet de Lys sur la table de la salle à manger. J'en achète régulièrement, ça me met de bonne humeur.
Hé bien pour ma part, je ne m'achète plus de fleurs coupées, depuis que je travaille pour une organisation dédiée à l'entretien de cimetières de guerre. Voir des fleurs en terre au pied des tombes me réconforte davantage que d'en contempler dans un vase. Mais je comprends.
"J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'autome est morte, souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre,
Odeur du temps, brin de bruyère
Mais souviens-toi que je t'attends,
Mais souviens-toi que je t'attends."
G. Apollinaire.
Bisous
JC
Ce sont des Vanités parfumées 🙂 J'aime bien en faire à la maison où sur mes habits : un pendentif tête de mort, une montre-gousset accrochée à une broche, et une robe fleurie. J'aime beaucoup les fleurs, même quand elles fanent, je les garde plusieurs jours, pour apprivoiser la mort, justement. Et je ne les jette que quand elles me sortent par les yeux, comme ça, pas de regrets de les voir mortes !
ou*
désolée !