Au début d’une histoire d’amour, c’est souvent qu’on passe des nuits blanches à refaire le monde avec l’autre. On a trop de choses à se raconter pour envisager de dormir. Généralement, au bout de six mois, on a épuisé son stock d’anecdotes et de théories, qui dès lors se renouvelle à un rythme juste suffisant pour alimenter les conversations diurnes. Ca vaut d’ailleurs mieux, parce que personne ne peut rester bien longtemps un membre productif de la société avec vingt minutes de sommeil par jour.
Choucou et moi fêterons bientôt les six ans de notre rencontre, et d’ordinaire, quand nous ne ronflons pas en stéréo passé minuit, c’est que l’une de nous est plongée dans un bouquin passionnant qu’elle a du mal à refermer, tandis que l’autre n’en finit pas d’explorer les dernières actualités politiques ou pornographiques sur son iPad. Mais hier soir, impossible de trouver le sommeil. Etait-ce le thé au jasmin bu un peu trop libéralement vers 21h30? Etait-ce l’excitation, pour Chouchou, des dernières grosses avancées réalisées à son travail? Peu importe, dans le fond. A une heure du matin, alors que la lumière était éteinte depuis un bon moment déjà, nous avons dû nous rendre à l’évidence: aucun de nous deux n’arrivait à s’endormir.
Chouchou a commencé par me raconter en détail ce qui se passait à son boulot et pourquoi il était tellement content de lui. Après ça, j’ai du mal à reconstituer les méandres suivis par la conversation. Je me souviens que nous avons parlé de Scarlett qui nous manque à tous les deux, et des testicules en or que le propriétaire de Maru est en train de se faire grâce à l’indéfectible stupidité de son chat. A un moment, pris d’un petit creux, nous avons même envisagé de nous relever pour nous faire des gyozas. Ca m’a rappelé cette nuit passée dans une roulotte au milieu du Lubéron en mars 2007. Nous étions ensemble depuis moins de six mois, justement; c’était mon anniversaire et après une séance de câlins vigoureuse nous nous sommes retrouvés, je ne sais plus comment, à hurler des génériques de dessin animé en direction du plafond aux alentours de 2h du matin. Nous chantons atrocement faux l’un comme l’autre; c’est pourtant l’un de mes plus jolis souvenirs.
Hier soir, nous avons fini par nous assoupir un peu après 3h du matin. Et si nous n’avions pas profité de notre insomnie pour refaire le monde, c’est peut-être parce que celui que nous nous sommes bâtis durant ces six années nous convient parfaitement bien.
C'est un texte magnifique… hop ! Les larmes au yeux… Moi aussi je veux… J'ai eu… Je n'ai plus…
Des bisous! C'est fou ce que ça donne envie de venir vous voir pour rire un coup, participer à la réfection du monde, manger des gyozas et boire des bières! 🙂
C'est beau l'amour !
Ouais. Et c'est même pas nunuche en plus.
C'est marrant, on n'a jamais insomnié ensemble: on est de trop bons dormeurs. Par contre, il est vrai que pendant longtemps, on a rarement fait une nuit sans que l'un ou l'autre réveille au moins une fois l'autre dans la nuit quand une envie démangeait. Puis la vie est devenue un peu trop chargée de travail et de fatigue. Quelle tristesse.