3 exercices révélateurs (post nombriliste)

Plutôt que de raconter et commenter tout l’atelier de ce week-end, j’ai choisi de partager avec vous 3 des exercices qui m’ont paru les plus révélateurs. Il va sans dire que je les résume fortement pour en rendre la lecture plus digeste. Je sais que certains d’entre vous vont lever les yeux au ciel et penser « psychoblabla ». Croyez-moi, je suis une personne extrêmement pragmatique. Je passe mon temps à résister à ce travail, au point que c’est devenu un gag au sein de ce groupe d’étudiants tous beaucoup plus éveillés que moi en matière de spiritualité. Pour comprendre vraiment, il faut en faire l’expérience. Ce qui suit ne vise à convaincre personne, juste à satisfaire la curiosité des gens que le principe de la visualisation pourrait intéresser. 

1. Vous êtes sur une plage. Approchez-vous du bord de l’eau. Ouvrez votre sac à main et jetez tout ce dont vous n’avez pas besoin pour survivre. Si vous gardez quelque chose, posez-le sur un rocher à côté de vous. Puis retournez votre sac et lavez-le dans l’océan avant de le remettre à l’endroit et sur votre épaule. Que ressentez-vous? 
Au début, je trouve que c’est une idée fantastique de me débarrasser de toutes ces choses qui me pèsent depuis si longtemps. J’ai l’impression d’avoir toujours eu envie de faire ça sans jamais oser. Je me mets à jeter très très vite tout le contenu de mon sac, en jubilant. Si je pouvais, je jetterais ma maison avec pour être enfin libre. Après une longue hésitation, je décide presque à contrecoeur de garder ma carte d’identité. Pour le reste, ça m’agace de devoir bousiller un joli sac, et je ne vois pas bien à quoi il me servira maintenant!
2. Que vous permet de faire votre incarnation (votre corps physique)? Imaginez-vous devant la caverne d’Ali Baba. Vous dites « Sésame ouvre-toi », et vous entrez. Quel trésor trouvez-vous à l’intérieur? Comment vous sentez-vous?
Je me vois à Rome, en train de boire du bon vin et de rouler en Vespa avec le vent dans les cheveux. Je suis sur Terre pour profiter des plaisirs hédonistes de la vie. (90% de mes camarades se sentent investis de la mission d’aider les autres, je suis clairement une égoïste monstrueuse.) Dans la caverne, je ne trouve rien sinon des images, qui se succèdent rapidement, de tous les endroits dans le monde où j’aimerais aller: le château de Neuschwanstein, les lochs écossais, les plages de Bali, les îles grecques, les fjords norvégiens pendant une aurore boréale… Je ressens très fort le fait de n’être qu’une voyageuse en transit dans ce monde, une spectatrice qui ne s’implique jamais dans rien et qui ne laissera volontairement aucune trace de son passage. 
3. Projetez-vous à quatre moments-clés du début de votre vie: la gestation, la naissance, l’établissement du rapport avec la mère, la socialisation avec le reste du monde. Quelles émotions associez-vous à chacune de ses étapes? 
Je vois la matrice maternelle comme une minuscule maison de hobbit, un univers de poche avec juste un grand lit confortable et des murs couverts de livres où je suis nourrie par un tuyau. Et puis on m’expulse violemment, on m’arrache à ce nid douillet que je ne voulais surtout pas quitter. (Je suis née après terme, et il me semble qu’on a dû me sortir avec des forceps.) Du coup, dès le début, j’en veux à ma mère et je n’arrive pas à créer de lien d’affection avec elle. Idem pour le reste du monde, auquel je ne souhaite pas me mêler. Je voudrais juste qu’on me fiche la paix et qu’on me laisse tranquille dans mon coin. 

Si les deux premiers exercices se passent de commentaires, le troisième remet en cause toute la vision que j’ai de mon enfance. Je n’ai pas de « vrais » souvenirs d’avant, disons, le CM2. Je sais que j’ai été tenue à l’écart et pas mal brutalisée par mes camarades de classe. Je suis toujours partie du principe que c’était parce que j’avais deux ans d’avance et que j’étais la chouchoute des instits; que du coup, ces vilains jaloux me le faisaient payer de toutes les manières possibles et imaginables, si bien que je n’avais pas d’autre choix que de me réfugier dans la lecture pour occuper mes récréations; qu’enfin, les enfants étaient des monstres cruels et qu’il n’était donc pas question que j’en mette un au monde. Et là, d’un coup, je me demande si ce n’est pas moi qui ai rejeté les autres la première, moi qui me suis volontairement mise à part parce que je ne les jugeais pas assez intéressants pour tolérer leur intrusion dans mon univers personnel. Ce qui signifierait que je n’ai jamais vraiment été une victime (ou du moins, que j’ai provoqué ce qui m’est arrivé de par mon comportement) et que ma solitude n’a jamais été subie mais au contraire choisie. Ca n’a sans doute l’air de rien vu de l’extérieur, mais ça remet en cause le paradigme même sur lequel j’ai fondé tout mon développement. Je suis assez curieuse de voir quel genre de remous ça va provoquer dans ma vision du monde au cours des mois à venir. 

10 réflexions sur “3 exercices révélateurs (post nombriliste)”

  1. Je trouve tes récits très très intéressant. Je ne connais pas du tout la visualisation et je suis perplexe devant tes expériences. Tout d'abord parce que je ne m'imagines pas réussir à me concentrer suffisamment pour me représenter dans les diverses situations et surtout, je ne saurais pas comment les interpréter. Et tu guidées pendant que tu fais les exercices ?

    J'aime beaucoup l'idée de pouvoir "lâcher" comme ça certains sentiments qui restent coincés et d'en faire quelque chose de positif. Si l'occasion se présentait à moi, je pense que je tenterais le coup.

  2. Pour ce qui est de l'enfance, j'ai vécu le même genre de choses. Mais je ne crois pas qu'on soit entièrement responsable de l'isolement. Comme toi, je trouve les enfants cruels, comme toi je les ai certainement trouvés très inintéressants, c'est en tout cas ce que me répétaient mes parents, parfois avec beaucoup de maladresse. Mais, même si il y a eu inconsciemment rejet des autres de ma part, il y a aussi le fait que je n'étais pas comme eux, que je n'avais pas les mêmes centres d'intérêts et qu'ils n'aimaient pas ça. J'en ai beaucoup souffert pendant de nombreuses années (cela a débordé sur l'adolescence où on me prenait pour cliniquement folle). Cependant je reste persuadée que s'il y a eu désintérêt de ma part, les réactions et actions des enfants n'ont fait qu'exacerber les choses et les envenimer. Je ne crois pas vraiment que cette solitude était entièrement choisie.

  3. Oh bon sang, la question 3… T_T *Viendra y réfléchir plus tard*

    Mélusine

  4. the Geek Whisperer

    Ca me fait penser à mes réflexions sur le concept de victime. C'est souvent ambivalent une victime, c'est une position qu'on choisit et donne un certain contrôle, un certain pouvoir !

    Ca me donne envie de tenter ces stages en tout cas !

  5. La Princesse

    "qu'enfin, les enfants étaient des monstres cruels et qu'il n'était donc pas question que j'en mette un au monde"

    Et pan dans le mille !

  6. Sara et The Geek Whisperer: je ne dis pas non plus que c'était totalement ma faute, mais il se peut qu'en fin de compte, la réaction des autres n'ait pas été totalement arbitraire ou non-provoquée, disons. Les autres enfants m'ennuyaient profondément, je les trouvais stupides et je devais certainement le leur faire sentir. C'est un peu normal que ça ne les ait pas mis dans de bonnes dispositions à mon égard. Après, j'ai parfois été subi des violences et des humiliations qui allaient assez loin… sans que les adultes voient rien, et c'est une autre raison pour laquelle je n'ai pas voulu devenir mère. Je me rendais compte qu'avec la meilleure volonté du monde, je ne serais pas plus capable qu'eux de protéger un enfant – ou de l'empêcher de devenir une sale petite brute, c'est selon.

  7. Miss Sunalee: c'était difficile, comem toujours dans ces stages. Au milieu de la matinée, j'ai failli me lever et partir; à la place de ça, j'ai accepté de sangloter discrètement dans mon coin en sachant que tout le monde me voyait faire – tu sais combien j'ai horreur de pleurer, donc tu peux imaginer combien j'ai dû prendre sur moi. Mais je sais que cette torture que je m'inflige avec ces stages m'apporte toujours beaucoup à terme.

    Lady Pops: oui, bien sûr qu'on est guidés. Quand tout le monde a fini l'exercice, Catherine demande à chacun ce qu'il a vu, et s'il s'agissait de quelque chose de perturbant, elle lui refait sur-le-champ un exercice personnalisé pour "nettoyer" ça. Elle ne lâche personne tant qu'il reste une vision non-résolue. Et oui, ces exercices sont très durs. 80% du temps, je me sens idiote en les faisant, et une fois sur deux, je bloque et ne "vois" rien du tout. Par contre, quand je vois quelque chose, c'est en général très, très révélateur. Mais je passe le plus clair de mon temps hyper frustrée, à me sentir nulle de ne pas arriver à faire les exercices (surtout que je suis la seule du groupe à avoir ce problème!).

  8. Autant quand tu en as parlé la première fois j'étais très perplexe (C'est mon côté affreusement terre à terre qui parle.), autant aujourd'hui, après quelques cahots et "ma version personnelle de Georges-Arthur", je me dis que je testerai peut-être un jour. Tout en craignant de "ne rien voir" ^^°
    Merci de nous faire partager cela 🙂

    Mélusine

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