Hier, en faisant du vide dans mon étagère à carnets qui débordait de partout, j’ai été stupéfaite de voir le nombre de projets datés de 2008 et laissés en suspens. 2008, c’est l’année où j’ai arrêté le scrap. Après ça, il y a eu quelques maigres tentatives pour me recentrer sur le dessin. Et puis à partir de l’été 2010 (l’époque où la maladie de mon père s’est déclarée), plus rien. Enfin, si: j’ai redoublé d’activité sur ce blog. J’ai écrit davantage, mais je n’ai plus rien fait d’autre. Le crochet ne compte pas vraiment à mes yeux, parce que ce n’est pas une activité créative de la manière dont je le pratique, en me contentant de suivre des patrons imaginés par d’autres.
En réfléchissant bien, je me suis rendu compte que ce ne sont pas seulement mes activités pseudo-artistiques qui sont à l’arrêt depuis presque deux ans. Je n’ai plus aucun projet au-delà d’une période de six mois, et encore, c’est parce que les voyages doivent être organisés un certain temps à l’avance pour ne pas revenir trop cher. Et quand le plus « gros » d’entre eux – le road-trip californien qu’on devait faire avec Chouchou ce printemps-ci – est tombé à l’eau à cause de son boulot, j’ai fait la fille contrariée, mais en fait, une partie de moi était soulagée. Trop peur que quelque chose foire avant le départ; je préférais ne rien prévoir. Ou quelque chose de plus modeste, comme une semaine en Bretagne, facile et peu coûteuse à annuler en cas de pépin.
Je n’arrive plus à me projeter dans l’avenir à long terme – ni même à moyen terme, en fait. Je pourrais m’abriter derrière la maladie de mon père et dire que je veux rester disponible au cas où ma famille aurait besoin de moi. Il y a un peu de ça, c’est vrai, mais pas seulement. Je suis comme à l’arrêt, tellement persuadée que l’épée de Damoclès va me tomber sur la tête d’un jour à l’autre que faire des plans pour 2013 ou 2014, voire préparer un changement important pour dans cinq ou dix ans me semblerait relever de la pure provocation. Comme si je craignais d’attirer sur moi l’attention du mauvais sort en ayant l’outrecuidance de penser que je vais vivre aussi longtemps, ou juste avoir encore les moyens de réaliser mes rêves alors qu’une crise terrible fait rage autour de nous.
C'est quelque chose que je connais 🙁
J'aime quand tu mets des mots sur des sentiments qui me sont familiers.
Depuis quelques temps, les "life list" me font envie. Même si j'ai du mal à en constituer une, l'idée me plaît : pour moi, il s'agit de rêver pour pouvoir agir ensuite.
Je pense qu'il y a des périodes où l'on est plus ou moins disposée à se projeter dans 6 mois-1 àn, et d'autres périodes, non. Il faut juste que c'mes dernières ne durent pas trop longtemps… Parfois il faut juste recommencer avec des projets "sûrs" et réalisables, et la machine est relancée 😉
Clairement, c'est une période "sans" pour moi. J'espère que ça reviendra. Je ne sais pas trop comment faire pour hâter ce moment.
Je n ai jamais fait de projet à plus d'un an…un peu comme toi je me dis que tout peut changer entretemps. D'ici là, peut être aurais changer de boulot, de ville ou de pays ?
Mais je ne vois pas cela comme une mauvaise chose! Au contraire, j'aime profiter du moment présent, me décider au dernier moment pour telle sortie ou tel voyage, et ne surtout pas penser à plus long terme… Peut-être est-ce une preuve d'immaturité. Je préfère y voir un univers de possibles, indéfinis et excitants.
Le problème, c'est que les très grands projets doivent être bâtis au fil du temps, et que les changements importants ne s'improvisent pas (enfin on peut, j'ai essayé, et ça a souvent été une mauvaise idée!). Donc, en ne se projetant pas dans l'avenir, on a peu de chances d'accomplir quoi que ce soit de significatif. Même si, être heureux au quotidien, c'est déjà très chouette.
Et si c'était simplement une période de 'friche', un truc nécessaire, un temps de repos sain, utile…? Evidemment, avec notre société orientée productivité & vitesse, ça choque un peu…Bon, c'est l'explication qui me convient perso, je n'ai pas la moindre idée si ça tient ou non la route..j'aurai ma réponse sur le long-terme (quand je serai très vieille…)
Parfois, les projets ont besoin d'être mûrit…On oublie souvent qu'on ne peut faire qu'une chose à la fois à certains moment de la vie qui sont compliqués émotionnellement… Qu'elle sera chouette la période plus prospère en création! et peut être plus différente que ce que tu peux t'imaginer! Le vent nous portera comme on dit!
Peut être pour ta famille, justement, tu ne comportes comme cela inconsciemment ou non. En tout cas, c'est ce que j'ai ressenti en lisant ton article car le temps passe, les gens vieillissent, et du coup, tu appréhendes eut être.. 😉 En tout cas, j'espère que cela se débloquera, ca doit etre difficile et n'ai malheureusement pas de conseils, et c'est pas mes 3 petits concours sur mon blog qui vont te débloquer, ah ah ! 🙂 Bon courage..
J'ai remarqué que j'avais besoin de projets longs termes pour avancer. Oui, je prends toujours une assurance annulation quand je réserve un voyage, mais je jubile dès que j'ai acheté un billet etc… mais justement, ces projets me permettent de me projeter vers l'avenir. J'ai exactement la sensation inverse que celle que tu décris, je bouillonne, je défie le sort. Ha ha le sort, tu m'as fait un sale coup mais je m'en tape, je vivrai quand même et toc! Pour l'instant, je gagne 🙂
Vivre en couple n'est-il pas déjà un fameux projet qui n'est pas fait pour le vivre au jour le jour?
Des fois, il ne faut pas voir des "projets" comme les "projets" de tous. Certaines choses peuvent être présentes à long terme dans ta vie sans que tu ne le réalises.
Regarde… Moi… Je suis jeune, je me lance seule dans l'achat d'une maison alors que j'ai une fameuse poisse (mais une fameuse…). Je la brave et je me jette dans ce projet qui inclut énormément de responsabilités, de tracas, de stress, de sous, etc. Tout ça sur mon unique petit dos fort frêle…
Par contre… Vivre en couple… Ca me foutrait bien plus les chocottes que d'acheter.
Ce que je veux dire par là, c'est qu'on a chacun "nos projets" à notre mesure.