A cause du papillon autocollant « Coup de coeur » Filigranes, d’une quatrième de couverture alléchante et d’une traduction réalisée par Christine Leboeuf (la « voix française » de Paul Auster et de Siri Hustvedt), je me suis autorisée jeudi dernier un rare craquage sur un roman en grand format que je n’avais pas trouvé à moitié prix dans une bouquinerie. Mais « Homer et Langley » avait tout pour me plaire a priori:
Reclus dans leur maison de la Cinquième Avenue depuis la disparition de leurs parents en 1918, deux frères aussi cultivés qu’excentriques traversent le siècle en assumant une ardente vocation d’ermites, que viennent, à leur grand dam, mettre à mal deux guerres mondiales et de perturbantes irruptions, dans leur solitude, des multiples acteurs de la comédie humaine dont New York est le théâtre – avec ses immigrants, ses prostituées, ses gangsters et autres musiciens de jazz.
Pianiste aveugle passionné de musique classique, grand amateur de femmes, Homer est à peine plus raisonnable que son frère Langley, esprit rebelle et farfelu, friand d’objets en tout genre – pianos, grille-pain, phonographes, machines à écrire, masques à gaz – qu’il amasse par dizaines au gré de ses lubies, allant même un jour jusqu’à assembler une Ford T dans leur salle à manger… Soucieux de découvrir, en toue chose, son expression ultime, Langley, par ailleurs, classe et archive méthodiquement la presse quotidienne dans l’obsessionnel dessein de créer un journal au numéro unique, éternellement d’actualité, où se trouverait compilée la quintessence même de la vie.
Inspiré d’une histoire vraie – celle des frères Collyer, collectionneurs compulsifs retrouvés morts en 1947, ensevelis sous des piles de journaux et de livres -, ce roman drolatique, pétri d’humanité et porté par deux personnages dont la loufoquerie le dispute à l’humour, narre, à sa façon jubilatoire, l’épopée du matérialisme et de la solitude made in USA. »
Avouez que ça donne envie, non? Mais au final, je n’ai pas accroché du tout. Oh, je n’ai eu aucun mal à arriver au bout de ma lecture, car « Homer et Langley » est effectivement bien écrit et bien traduit. Mais je n’ai pas réussi à m’attacher à ces personnages beaucoup plus tristes que loufoques. La résistance farouche qu’ils opposent aux conventions et à l’autorité, l’astuce dont ils font preuve pour réussir à vivre en autarcie auraient pu avoir quelque chose de jubilatoire, mais insensiblement, elles prennent une tonalité lugubre proche de la folie. L’atmosphère du roman ne m’a pas paru drolatique: elle a juste failli me déclencher une attaque de claustrophobie. Les collectionneurs excentriques ont toute ma sympathie d’emblée; ces deux-là l’ont perdue aux alentours de la page 20 et ne l’ont jamais regagnée. Une déception.
Dommage en effet, j'étais déjà prête à le mettre dans mon prochain panier ! 🙂
Ce n'est que mon avis perso, apparemment il a plu à beaucoup de monde!